La Nation Bénin...

Célébration du 14 février: Ils font les frais des « Cadeaux à tout prix » !

Société
La fameuse fête de l’amour ou la fête de la célébration de l’amour  prend ses quartiers La fameuse fête de l’amour ou la fête de la célébration de l’amour prend ses quartiers

Cotonou, comme bien d’autres grandes villes, s’éveille ce matin aux couleurs rouge vif. La fameuse fête de l’amour ou la fête de la célébration de l’amour prend ses quartiers et impose le « love color ». Une aubaine de renouvellement des émotions mais aussi une arnaque qui traverse le temps sans se rider. 


Par   Josué F. MEHOUENOU, le 14 févr. 2024 à 06h52 Durée 3 min.
#Célébration du 14 février
Lundi 12 février, 13 heures. Dans l’un des plus grands supermarchés de la ville de Cotonou, ça défile au comptoir. Des clients entre sourire et satisfaction repartent avec des emballages multi-formats. Des plus petits aux plus grands, quelques géants cartons au contenu inconnu soigneusement gardés. Derrière le comptoir pour les servir, des employés, visiblement surbookés qui s’appliquent malgré tout à offrir le meilleur service. Les cadeaux emballés reçoivent tous leur touche d’amour. Un cœur par ci, un nœud rouge par-là, un mot tendre çà et là, ou encore des enveloppes glissées tout en haut. Alors que la période festive du nouvel an s’envole loin dans les souvenirs, on pourrait se demander d’où vient cet engouement, disons plutôt cette foire aux cadeaux. Eh bien, le 14 février n’est pas loin. La fameuse date de célébration de l’amour s'approchant à grands pas, les amoureux et amoureuses s’emballent pour la fête. A l’intérieur du supermarché sus indiqué, la décoration a viré au rouge. Tout ce qui peut plonger dans l’émotion sentimentale est mis à contribution. Pour en rajouter à l’ambiance, quelques produits passent en promotion. Des coffrets spéciaux sont proposés aux clients. Des packages d’amoureux qui renferment l’arsenal indispensable pour réveiller la flamme de l’amour si elle somnolait, ou encore pour l’attiser et la rendre plus vive. 
Dans cette ambiance, il est loisible de noter la forte présence des hommes. Ils sont de tous les âges. La vingtaine, la trentaine, la quarantaine et même plus. L’autre dira que l’amour n’a pas d’âge. Ange Anthonio Hounsou, la cinquantaine parcourt les rayons les uns après les autres. On le sent concentré. Ce technicien en génie civil fait la ronde en quête du meilleur cadeau pour la Saint Valentin. « Vous vous étonnez pour mon âge », lâche-t-il. Il y a vingt-cinq ans au mois de février, il avait convolé en justes noces avec son épouse, dit-il. Les noces d’argent s’annonçant à grands pas, il entend « profiter du 14 février pour faire un tout en un ». Il compte « la remercier pour les 25 ans de vie commune » et lui «renouveler une fois de plus ses sentiments ». Lucas Hounyovi est venu se livrer au même exercice. A la différence que ce jeune fonctionnaire de l’administration publique n’a pas un anniversaire de mariage en vue. Il s’inscrit dans « la donne collective qui voudrait que le 14 février on fasse un geste d’amour à sa bienaimée». Absent de Cotonou dès le 13 février, il a voulu prendre ses dispositions et confier le fameux présent à une structure de livraison avant de partir pour sa mission. La saint Valentin n’est pas qu’une question d’homme. Anita Alidjinou brise quelque peu la règle. Convaincue qu’elle aura un cadeau de son homme comme chaque année, elle fait le tour des rayons de cet autre supermarché pour faire ses choix. Deux polos et du vin rouge. C’est la consistance du présent que recevra son homme ce jour au cours d’un diner à deux. «Chez nous c’est une habitude. Il en aura un pour moi, j’en aurai aussi un pour lui », précise la jeune dame de 37ans. 

Arnaque !

Habituée depuis plus de dix ans à offrir des cadeaux à son homme, Anita Alidjinou conseille la prudence. « C’est une fête de l’arnaque » fait-elle observer. « Trop de pacotilles circulent à l’occasion », enchaine-t-elle. Son conseil, c’est qu’il faut s’écarter des cadeaux qui ont un lien direct à l’amour ou qui portent la couleur rouge. « Je ne comprends pas pourquoi tout le monde se précipite sur le rouge… Le rouge, on peut s’en passer », note-t-elle. Il faut juste, conseille-t-elle, opter pour des présents qui peuvent faire plaisir à son partenaire ou peut-être de quoi il peut avoir besoin dans un temps présent ou proche. Non seulement les objets qu’elle évoque sont de moindre qualité, mais ils coutent aussi cher, déplore Marielle Aho rencontrée près d’un stand d’achat en plein cœur de la ville. Si elle a toujours l’embarras de choix après plus d’une heure de marché, ce n’est pas parce que les objets proposés lui en mettent plein la vue. Elle a plutôt des difficultés sur le rapport qualité-prix. « C’est, pas grand-chose à prix d’or », regrette-t-elle. Pas si loin d’elle, les commerçantes lui apportent du répondant. «L’amour, c’est tous les jours. Ce que nous proposons dans le cadre du 14 février, ce sont des articles pour célébrer un bref instant », rétorque Mansounath Sikirou, une des nombreuses vendeuses du site. Tous les articles proposés par elle à la clientèle tiennent compte du caractère éphémère de la fête du 14 février qui ne demande pas forcément des objets de grande valeur. Pour ce qui est des prix exorbitants, elle l’assimile à la morosité du moment. « Tout coûte cher et ce n’est pas à la saint Valentin qu’on aura tout moins cher », réplique-t-elle.   
Mais les précisions de la commerçante sont loin de convaincre la clientèle. «Comparativement aux fêtes de fin d’année, tout ce qui est vendu coûte encore plus cher », soupire une autre cliente. Pour se soustraire à cette difficulté et rester en phase avec son portefeuille, elle repart avec un bouquet de fleurs. « Ça ira », lâche-t-elle.