La Nation Bénin...
La Chine entretient avec le Bénin une belle coopération qui
n’a pas encore livré tous ses fruits. Les deux parties accentuent la
collaboration, surtout économique, mais de nombreux chantiers encore inexplorés
demeurent et peuvent changer le visage des rapports sino-béninois.
Zhu Yifan est l’un des investisseurs chinois installés au
Bénin, ces dernières années. Il emploie dans le pays, une centaine de personnes
dans une industrie de fabrication des couches pour bébés. Cinq millions de
dollars américains investis pour une production de quinze millions de couches
par mois dans un pays qu’il juge « politiquement stable et en bon ordre social
». Ce qui justifie la délocalisation de son entreprise depuis Guangzhou. De
nombreux autres investisseurs se sont installés dans le pays et d’autres
projettent de les rejoindre. Bel exemple des rapports d’ouverture
qu’entretiennent les deux pays depuis une cinquantaine d’années. En effet, le
29 décembre 1972, la Chine et le Bénin ont rétabli leurs relations
diplomatiques pour une coopération dynamique et un dialogue franc. Cinq
décennies après, le regard du Béninois lambda sur cette coopération est assez
impressionnant.
« Nous avons eu plus de soixante ans de rapports avec des
pays qui nous ont ruinés et arriérés. Mais avec la Chine, on peut toucher du
doigt des réalisations », estime Charles Akambi, 68 ans, agent de santé à la
retraite. Ses deux enfants n’auraient pas eu la chance d’une « très bonne
formation » si les Chinois n’avaient pas offert au Bénin le lycée technique
d’Akassato. Formés l’un en hôtellerie-restauration et l’autre en génie civil
bâtiment, ils ont trouvé des emplois stables à la fin de leur formation. «
C’est de ce genre de réalisation que nous avons besoin pour le développement du
pays », soutient leur père. Le lycée technique d'amitié sino-béninoise
d’Akassato est le plus important établissement scolaire technique qui forme
dans neuf spécialités dont l'informatique, l’électrotechnique, l’électronique,
le génie civil bâtiment, la mécanique auto, l’hôtellerie-restauration.
L’appréciation sur les investissements chinois touche
également les infrastructures. Nicodème Nobimè a eu la chance de travailler sur
le chantier de construction de l’échangeur de Godomey. Ce qu’il en retient,
au-delà de l’infrastructure qui facilite et fluidifie le trafic entre les
communes de Cotonou et d’Abomey-Calavi, c’est la collaboration. « Les Chinois
t’apprennent beaucoup de choses. On ne peut pas rester avec eux et repartir
vide», confie-t-il. « Aujourd’hui j’ai tellement de connaissances sur leurs
techniques de réalisation de béton ; pourtant je n’ai jamais mis pied en Chine
», poursuit-il.
Explorer les chemins de fer
Le Bénin est pour le moment absent de la longue liste des pays qui profitent de l’expertise chinoise en matière de chemin de fer. A l’heure où la Chine déploie ses plus belles technologies pour dresser çà et là des rails et réseaux ferroviaires performants, le Bénin n’en profite pas encore. Au Nigeria, par exemple, une ligne de chemin de fer réalisée par la China railway construction corporation (Crcc) relie sur 156 kilomètres Lagos à Ibadan. En Éthiopie, c’est la China railway group limited (Crec) qui connecte la capitale Addis-Abeba à son voisin, Djibouti avec des rails sur 752 kilomètres. Ces deux entreprises, connues comme les meilleures au plan mondial peuvent changer la donne au Bénin.
« Avec la dégradation de nos routes réalisées à coût de
milliards par le transport des marchandises par les gros porteurs, la
construction de chemins de fer me semble une opportunité», apprécie Maxime
Tidjo, spécialiste en transport et logistique. Selon lui, la Chine peut être
«le bon pion » capable d’aider le Bénin. « L’expertise chinoise est reconnue à
travers le monde. Si tous les pays la sollicitent, je ne vois pas pourquoi le
Bénin ne va pas taper à sa porte », suggère-t-il. Avis que partage Kabirou Nourou,
convoyeur de marchandises. Selon lui, les dégâts avec les camions, sans oublier
le non-respect des délais avec les clients du fait des tracasseries routières
constituent de nombreux éléments qui ne leur facilitent pas la tâche. « Avec le
transport par voie ferroviaire, nous aurons plus de facilités », pense-t-il.
«J’ai entendu dire que les Chinois sont très forts dans le domaine. Ils peuvent
nous secourir avec la construction d’un chemin de fer entre le Nord et le Sud
», suggère-t-il.
Plus qu’un simple partenaire
En visite d’Etat en Chine du 31 août au 3 septembre dernier, le président béninois Patrice Talon a salué à l’occasion « l’engagement et les efforts sans cesse croissants de la Chine et de ses autorités en faveur des pays en développement ». Il a reconnu le modèle chinois de coopération comme un engagement pour le bien-être partagé. « Le Bénin en tout cas s’en inspire », assure-t-il. Le rapport sur les relations économiques et commerciales sino-africaines 2023 mentionne clairement des domaines prioritaires qui peuvent induire plus de résultats. Ses rédacteurs ont retenu à cet effet, la biomédecine, l'agriculture moderne, les ressources environnementales, l'énergie, la santé publique, le contrôle des maladies infectieuses épidémiques...