La Nation Bénin...
Une vingtaine de journalistes, dont six africains, sélectionnés par les autorités néerlandaises, dans le cadre du Programme, ‘’Journalistes-Paix-Sécurité-Justice’’, séjournent depuis le samedi 11 avril dernier à La Haye aux Pays-Bas. Ils prennent part à la Conférence mondiale sur le cyberespace (13-14 avril) et découvrent La Haye, capitale mondiale de la Justice internationale, à travers les diverses institutions consacrées à cette cause, qui y sont implantées. Ceci court du 15 au 17 avril prochain. Hier lundi 13 avril, Internet et son besoin de sécurisation, à l’heure où le terrorisme sévit de plus en plus, était au menu.
Le Centre national de la Cyber sécurité (NCSC), un département du ministère néerlandais de la Sécurité et de la Justice, organise une grande rencontre thématique appelée ONE Conférence, qui en est à sa treizième édition cette année. La présente édition est organisée en étroite collaboration avec la Conférence mondiale sur le Cyberespace. Les acteurs majeurs de l’Internet, plus de 800, (concepteurs, hackers, fournisseurs d’accès, régulateurs, hébergeurs…) sont réunis à La Haye. Le développement du terrorisme fait en effet apparaître la sécurité de l’Internet comme un challenge. Il faut donc mutualiser les moyens, confronter les réflexions pour bien appréhender les enjeux. L'objectif de la conférence ONE est de créer un forum qui rassemble de multiples parties prenantes, les industries, les gouvernements et les intérêts académiques, pour améliorer l'état de la cybersécurité tant au niveau national qu’international. En organisant la conférence internationale ONE et la Conférence mondiale sur le Cyberespace dans la même semaine et au même endroit, le Forum mondial de la Haye, les Pays-Bas essaient de créer un pont entre tous les acteurs impliqués dans la communauté mondiale des technologies de l’information et de la communication. Et entendent rester un des leaders mondiaux dans le domaine de la cybersécurité.
Sécuriser Internet, un challenge
Déjà, dans la matinée d’hier lundi, à l’occasion des échanges qu’il a eus avec les journalistes étrangers, Wouter Jurgens, responsable de la Politique internationale de l’Internet au ministère néerlandais des Affaires étrangères, a soutenu l’importance de cette conférence mondiale. Cette conférence permettra, selon lui, de montrer la pratique néerlandaise de la régulation de l’Internet, les outils mis en place à cet effet, et favorisera un partage de bonnes pratiques… Le tout, pour promouvoir la liberté et la sécurité sur Internet, aux fins de pouvoir y travailler et communiquer en toute sécurité. Mieux, cette conférence mondiale servira, a-t-il mentionné, à réfléchir aux moyens de mettre en place des lois appropriées. Il s’agira, concrètement, de répondre au défi de la promotion d’un Internet sécurisé, protégé. De renforcer les capacités des acteurs afin qu’à leur tour, ils puissent implémenter les enseignements reçus dans leurs différents pays, pour mieux faire face à la cybercriminalité ; tant la sécurité de l’Internet est en lien avec la promotion de la paix et la croissance économique ; l’économie numérique étant en grande expansion.
A la mi-journée, c’est Nora Stehouwer-van Iersel, ambassadeur pour les Organisations internationales au même ministère des Affaires étrangères, qui, recevant la délégation des journalistes étrangers, exprimera la fierté des Pays-Bas d’être devenus un hub international pour la sécurité, la paix et la justice, sous tous leurs aspects. Les Pays-Bas en général et La Haye en particulier ont bâti, soutient-elle, une solide réputation dans ces domaines. Ainsi, se réjouit-elle, 34 organisations internationales, 107 ambassades et diverses ONG ainsi que des institutions de savoir y sont basées… Puis, elle précisera que cela inclut non seulement les organisations judiciaires, comme la Cour internationale de Justice de La Haye et la Cour pénale internationale (CPI), mais qu’il y a aussi des institutions permanentes représentant le côté difficile de la paix et de la justice, à savoir la sécurité internationale. Tout ceci remonte à plus de cent ans, avec le Palais de la Paix, fait-elle savoir. En effet, informe-t-elle encore, la Conférence de la Paix de La Haye de 1899 et 1907 a conduit à un mécanisme de règlement des différends entre les Etats. C’est dans ce cadre que la Cour permanente d'Arbitrage a été fondée et le Palais de la Paix a été construit, ouvrant ses portes en 1913. A ceci, elle ajoute évidemment la Cour pénale internationale : la première cour permanente du monde, fondée pour poursuivre et juger les personnes soupçonnées de graves violations des droits de l'Homme. Au total, vante Nora Stehouwer-van Iersel, ensemble avec les autorités locales de La Haye, le pays travaille à créer un environnement où toute la communauté internationale se sent chez elle.
Les enjeux liés à la sécurité de l'Internet
Dans l’après-midi d’hier lundi et au cours du Forum mondial, divers panélistes ont entretenu les participants sur les enjeux liés à la sécurité d’Internet. Au nombre de ceux-ci, Hans de Vries, le responsable de la NCSC, et Wilma van Dijk, la coordinatrice nationale adjointe pour la sécurité et la lutte antiterroriste. Cette dernière dit comprendre que le souci de protéger les citoyens puisse entraîner, de la part des Etats, un contrôle d’Internet, mais que cela doit se faire sur la base de lois votées par le Parlement.
Il est, par ailleurs, apparu des échanges que le contenu de la liberté d’expression varie d’un pays à l’autre. Dès lors, pourrait-on envisager de promouvoir des textes de loi-type valables partout ? Des lois communautaires, internationales ? Oui, ont répondu certains, à condition qu’elles fassent suite à des discussions élargies entre acteurs (Etats, organisations internationales…) pour définir les garanties légales afin de préserver le caractère informatif de l’Internet ; d’autres jugeant que cela ne serait pas opérationnel.
Par Wilfried Léandre HOUNGBEDJI, envoyé spécial à la Haye