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Défis de la transition écologique au Bénin: Agriculture, énergie et industrie sous pression

Société
En milieu rural, l’électrification reste partielle, ce qui limite l’installation de solutions hybrides  ou autonomes En milieu rural, l’électrification reste partielle, ce qui limite l’installation de solutions hybrides ou autonomes

Le Bénin a pris un virage clair vers l’économie verte. La transition écologique ne pourra cependant pas se faire sur la base de la bonne volonté seule.

Par   Marveen Promise AÏNADOU (Coll.ext), le 26 août 2025 à 09h53 Durée 3 min.
#transition écologique

La transition écologique ne se limite plus à des discours institutionnels : elle s’ancre dans les stratégies nationales, les engagements internationaux et les réalités économiques. Mais entre intentions politiques et mise en œuvre concrète, il y a un écart. Dans les secteurs agricole, énergétique et industriel, les obstacles sont bien réels, parfois silencieux, mais décisifs.

Selon le gouvernement du Bénin, suite au Recensement national de l'agriculture, ce secteur est le premier pourvoyeur d’emplois du pays avec environ 70 % de la population active. Hélas, il continue de miser sur les engrais chimiques et les pesticides pour maintenir les rendements.

Ce choix n’est pas sans conséquences. L’épuisement des sols, l’appauvrissement de la biodiversité et la hausse des coûts de production deviennent préoccupants. Le problème, c’est que les alternatives existent mais peinent à être accessibles  selon la Giz et le Programme des Nations Unies pour le Développement.

La formation reste le principal verrou. Dans de nombreuses communes rurales, les agriculteurs n’ont jamais été formés aux techniques de compostage, de culture associée ou de lutte biologique. Le coût d’accès aux semences biologiques ou aux intrants naturels reste aussi un frein.

Pourtant, certaines initiatives locales redonnent espoir. Le Pacofide (Projet d'appui à la compétitivité des filières agricoles et la diversification des exportations) accompagne aujourd’hui plus de 500 producteurs chaque année, avec des résultats tangibles.

Le solaire progresse, mais reste un luxe pour beaucoup

Dans le secteur de l’énergie, la transition est visible, mais encore marginale. Selon la Chambre du Commerce et de l'Industrie du Bénin, la consommation totale d'énergie électrique, s'élève à 1,50 milliards kilowatt/heure (kWh) par an, issue des sources fossiles. De même, selon Ecowas Energy, les sources les plus utilisées sont la Biomasse à hauteur de 87 %, le gaz de butane etc. Et pourtant, le potentiel solaire du pays est immense.

Ce paradoxe s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, le coût. Un panneau solaire monocristallin fiable pour un foyer ou une Pme selon les fournisseurs locaux et les plateformes spécialisées, coûte entre 65 000 et 110 000 F Cfa. Ensuite, l’accès. En milieu rural, l’électrification reste partielle, ce qui limite l’installation de solutions hybrides ou autonomes. L’infrastructure n’a pas encore suivi le rythme de la demande.

L’industrie confrontée à la vétusté des outils

Le tissu industriel béninois est en pleine croissance, porté notamment par la Zone économique spéciale de Glo-Djigbé. Pourtant, cette expansion cache une réalité : peu d’industries intègrent aujourd’hui une logique environnementale dans leurs activités. La Zone industrielle de Glo-Djigbé s’inscrit dans une dynamique "Zéro déchet", même si les résultats sont encore partiels.

Beaucoup utilisent encore des machines énergivores, faute de moyens pour moderniser. La gestion des déchets est également un point noir. Selon le ministère de l’Industrie, moins de 10 % des Pme disposent d’un système structuré de traitement ou de recyclage. Le reste des déchets, souvent plastiques ou chimiques, est abandonné sans suivi.

L’absence d’un cadre réglementaire rigide aggrave la situation. Les textes existent, mais les contrôles sont rares et les sanctions symboliques. Certaines Pme, aidées par des structures comme la Sgds accompagnée par le gouvernement par le biais du ministère du Cadre de vie, sensibilisent les entreprises à trier les déchets. Un budget de 10 milliards de francs Cfa est prévu pour la mise en place de la première partie du projet de modernisation de la gestion des déchets solides par le gouvernement.

Ce qu’il faut activer pour avancer

La transition écologique ne pourra pas se faire sur la base de la bonne volonté seule. Elle doit s’appuyer sur quatre piliers : une meilleure formation des producteurs, artisans et industriels, adaptée à chaque métier; une communication plus efficace sur les aides disponibles, comme les subventions Fnec (Fond national pour l'environnement et le cClimat); des solutions locales: équipements solaires moins chers, fertilisants organiques produits localement, machines recyclables accessibles; un cadre réglementaire plus strict, avec suivi, contrôle, et incitations fiscales pour les Pme vertueuses.

Une transition coûteuse, mais essentielle

Ce changement de modèle n’est pas qu’un enjeu environnemental. Il est aussi économique. Car chaque année, le Bénin perd environ 37 millions de dollars  soit près de 24 270 409 000,00 F Cfa à cause des importations de carburant, de pesticides, ou de machines inadaptées selon Energie media et African Développement Bank Group.

En investissant dans des pratiques durables, les Pme peuvent réduire leurs coûts, séduire de nouveaux marchés, et surtout assurer leur résilience dans un monde qui change .

Ecowas Energy Rapport SE4ALL – État des lieux énergie Bénin (2019-2022) Giz

Pnud Rapport Pnud sur l’adaptation climatique (2023) Pacofide Ministère de l’Agriculture, page du projet Cci Bénin Observatoire du Commerce et de l’Industrie 2022

Banque africaine de développement      Rapport pays 2023 Bénin

Sgds Société de gestion des déchets et de salubrité  actualités gouvernementales