La Nation Bénin...
La coopération internationale était au cœur de la conférence publique de l’Institut des artisans de Justice et de paix Chant d’oiseau (Iajp/Co), jeudi 18 juillet dernier, à Cotonou. Animée par le Rév. Père Raymond Bernard Goudjo, la rencontre avait pour objectif d’apprécier sa contribution au développement national. L’orateur dénonce les tares qui gangrènent ce levier de croissance et invite à la promotion d’un nouveau type de coopération inter-Etats.
«
La coopération internationale : un regard critique et éthique sur sa
contribution au développement » est le thème retenu pour les activités de
l’Institut des artisans de justice et de paix Chant d’oiseau (Iajp/Co) au titre
du 3e trimestre.
A l’ouverture des travaux, le thème développé par le Père Raymond Bernard Goudjo, actuel directeur de la Caritas Bénin, ancien directeur et fondateur de l’Iajp/Co, a fait la lumière sur ce qu’il appelle les diktats qui plombent le concept de la coopération. Le spécialiste de la morale sociale définit le concept de coopération à l’aune de la science et relève que « la coopération suppose l’art de bien gouverner ; car les fondements moraux requis pour le bien-vivre avec les personnes dans le respect de leurs biens ne sont pas négociables. » Selon lui, tout pouvoir d’imposition sur l’autre peut agir de façon biaisée, faisant croire à un partenariat gagnant-gagnant. « Mais très vite, le poids inégalitaire des relations se fait sentir », relève le communicateur. Il estime que le développement ne se limite pas à la simple croissance économique, mais qu’il doit plutôt «être authentique et intégral, c’est-à-dire promouvoir tout homme et tout l’homme. » Les germes de l’état actuel des relations entre les pays résident dans les différents modes de gestion, ainsi que l’organisation interne et la volonté des personnes chargées d’animer la vie des institutions concernées. Voilà pourquoi, il soutient qu’il faudra aller vers un changement de paradigmes.
Oeuvrer
ensemble
« Coopérer, c’est œuvrer avec ou œuvrer ensemble », note-t-il. Dans cette perspective, il souligne que la coopération est une dynamique d’équité réciproque perpétuelle de pensées, de réflexions, d’actions ou d’activités, pour un bien plus élevé. Mais, fait observer le conférencier, le bien peut malheureusement être corrompu par le mal. Aussi, invite-t-il l’assistance à ne pas s’étonner que le partenariat gagnant-gagnant soit un marché de dupes.
Pour
que les Etats africains évitent d’être des partenaires faibles, qui subissent
la coopération plutôt que d'être des partenaires, il leur faut établir une
relation interne libre, au sein de leur propre pays, qui favorise le
déploiement d’une coopération latérale et multilatérale ; car il sera alors
difficile de mettre des doigts entre l’écorce et le tronc, sans se faire
sérieusement pincer. Il encourage donc à asseoir un climat social apaisé et un
bon fonctionnement de toutes les entités de la République, fondé sur l’unité
nationale. Pour une coopération équitable et efficace, « il faut renverser le
principe prépondérant de la force sur la raison par celui de la reconnaissance
intégrale des droits de la conscience humaine, qu’il ne faudrait jamais séparer
de la vérité naturelle, sur la nature réelle et effective de la chose. »
Selon
le conférencier, la coopération contemporaine pèche malheureusement par une
méconnaissance, voire un refus d’acceptation de la dignité humaine intégrale.
Le Rév. Père Raymond Bernard Goudjo s’appuie sur les travaux du Pape Jean Paul
II pour conclure que « la coopération est principalement pour le bien de la
personne et des Etats, et non la personne et les Etats pour la coopération. »
Les
débats se poursuivront le mois prochain au siège de l’Iajp, avec des acteurs
politiques, invités à apporter leurs contributions à la réflexion sur le thème■