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Didactique et traduction à l’ère du numérique: Le Cebelae explore les nouveaux enjeux

Société
Didactique et traduction à l’ère du numérique Didactique et traduction à l’ère du numérique

L’Université d’Abomey-Calavi accueille, depuis ce lundi 22 avril, la 3e édition du colloque international du Centre béninois des langues étrangères (Cebelae). Au cœur des échanges, les mutations profondes induites par les outils numériques dans l’enseignement et la traduction des langues, dans un contexte d’ouverture académique et professionnelle sur le monde.

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 23 avr. 2025 à 11h14 Durée 3 min.
#Didactique et traduction à l’ère du numérique
C’est un rendez-vous devenu incontournable pour les chercheurs, enseignants, traducteurs et amoureux des langues. Le Centre béninois des langues étrangères 
(Cebelae) a lancé ce lundi 22 avril sur le campus de l’Université d’Abomey-Calavi, la troisième édition de son colloque international. Placé sous le thème 
« Didactique des langues étrangères et traduction à l'ère du numérique », l’événement rassemble pendant trois jours des experts venus du Bénin, du Nigeria, du Ghana et d’ailleurs pour interroger les transformations en cours dans l’univers de la didactique linguistique et de la traduction, face à la montée en puissance des technologies numériques. La cérémonie d’ouverture a été marquée par un hommage solennel rendu à trois anciens directeurs du centre dont Albert Bienvenu Akoha, Zéphirin Tossa et Sambiéni Coffi dont les contributions à la consolidation du Cebelae ont été saluées par l’ensemble de la communauté universitaire. Leurs passages à la tête de cette institution ont contribué à renforcer son rayonnement au plan national et régional à travers une gouvernance responsable et une vision stratégique de la promotion linguistique.
Prenant la parole pour ouvrir les travaux, Rissikatou Moustapha Babalola, directrice du Cebelae, a rappelé l’importance de ce colloque dans un contexte de mutation pédagogique accélérée. « Le numérique a transformé notre rapport aux langues et à la traduction. Les outils d'apprentissage en ligne, les applications de traduction automatique, les corpus numériques et les plateformes collaboratives ouvrent de nouvelles voies pour l’enseignement et la pratique des langues », a-t-elle déclaré. Elle invite néanmoins à la prudence, face aux bouleversements engendrés, notamment en matière de qualité des textes traduits, de préservation de la diversité linguistique et de formation de professionnels capables de maîtriser ces outils tout en gardant un esprit critique. Ce colloque se veut ainsi un creuset d’échange d’expériences et d’approches innovantes entre praticiens, chercheurs et institutions, dans le but de bâtir un avenir linguistique plus inclusif et mieux préparé aux défis de demain.

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Potentiel scientifique 

L’une des premières activités intellectuelles de la rencontre a été la conférence inaugurale animée par le professeur Mouftaou Adjeran, assisté des docteurs Raoul Ahouangansi et Pédro Egounleti. Intitulée «Didactique des langues et traduction automatique des langues des terrains africains», leur présentation a souligné le retard structurel des langues africaines dans les systèmes de traduction automatiques, en raison de l’insuffisance de corpus numériques disponibles dans ces langues et du manque d’investissement technolinguistique.
Présent à l’ouverture, Aliou Saïdou, vice-recteur chargé de la recherche universitaire, a exprimé l’enthousiasme du rectorat face à cette initiative. Selon lui, ce rendez-vous scientifique international est une opportunité majeure pour les chercheurs et spécialistes des langues de revisiter l’évolution des pratiques pédagogiques à l’ère numérique. Partageant une expérience personnelle, il a évoqué l’importance de la maîtrise des langues dans son parcours en sciences agronomiques, notamment avec l’imposition de soutenances bilingues et les échanges avec l’Université d’Ibadan. « Aujourd’hui, la langue constitue une compétence stratégique pour nos jeunes dans la recherche d’emploi », a-t-il rappelé. Pour le vice-recteur, ce programme ambitieux illustre l’évolution de la didactique vers des approches adaptatives, plus personnalisées, fondées sur les données et les interactions collaboratives. « Il est temps que nous réfléchissions à l’avenir des métiers de la langue, notamment celui de traducteur, à l’heure où les logiciels de traduction se perfectionnent de jour en jour », a alerté Aliou Saïdou.
Au-delà des débats scientifiques, ce colloque témoigne d’une volonté croissante des institutions universitaires béninoises de s’approprier les enjeux globaux liés aux langues et aux technologies. Le Cebelae s’y positionne comme un acteur de référence, en facilitant la recherche appliquée et les échanges internationaux. À travers cette initiative, il confirme son rôle de passerelle entre la recherche fondamentale, l’enseignement, la professionnalisation et l’innovation numérique■