La Nation Bénin...

Cotonou a abrité du 13 au 15 mars, la dixième conférence internationale du karité. Le renforcement du pouvoir économique des femmes productrices était au cœur des enjeux.
Les femmes productrices de karité ont quitté Cotonou hier avec plus d’espoir sur le développement de la filière en Afrique. La dixième conférence internationale du karité a mobilisé davantage de partenaires techniques et financiers autour de ce produit dont les chances de positionnement à l’international deviennent plus évidentes. La réunion de Cotonou s’est surtout focalisée sur la construction des réseaux économiques, sociaux et environnementaux requis pour le marché international. « C’est un moment clé, pendant lequel nous célébrons nos succès, discutons des défis et nous posons en champions de cette industrie qui nous tient encore à cœur », commente Moumouni Konaté, président de l’Alliance globale du karité (Agk), une association industrielle à but non lucratif qui comprend des groupements de femmes, des marques et des détaillants, des fournisseurs et des Ong provenant de trente-et-un pays. A travers une dizaine de panels, les centaines de participants, en majorité les femmes rurales, ont échangé sur les tendances actuelles du marché, les initiatives en termes des recherches et politiques autour du karité, les opportunités de financement des projets de développement durable, la résilience des parcs à karité, les innovations technologiques dans le traitement des noix de karité, les procédures et logistiques d’exportation vers l’Union européenne et les Etats-Unis. Les échanges de bonnes pratiques, les expériences des pays leaders tels que le Ghana, le Nigeria, le Burkina Faso ou encore le Mali ont permis aux femmes productrices de mieux cerner les enjeux de la filière karité et de s’assurer de sa capacité à transformer leur vie.
Près de 2 milliards d’arbres à karité poussent naturellement dans des parcs dans vingt-et -un pays africains s’étendant du Sénégal au Sud Soudan. La filière karité occupe plus de 16 millions de femmes qui collectent les fruits frais et les amandes pour produire le beurre de karité. Avec plus de 600 000 tonnes d’amandes recueillies chaque année, l’industrie du karité constitue une source essentielle d’emplois et de revenus pour des communautés souvent pauvres et défavorisées.
500 000 femmes vivent du karité
Au Bénin, on estime à plus de 500 000, le nombre de femmes rurales qui vivent directement du karité. Environ 13 108 tonnes d’amandes de karité sont commercialisées localement et génèrent dans l’économie béninoise une valeur ajoutée totale d’environ 3,4 milliards de francs Cfa. Les recettes annuelles que tire l’Etat de l’exportation des amandes de karité sont estimées aujourd’hui a 1,3 milliard F Cfa.
La conférence internationale sur le karité s’est tenue, quelques semaines seulement après l’organisation de la première session du dialogue public-privé entre l’Etat et les acteurs de la filière karité. A l’occasion, ces derniers avaient soumis des doléances liées à la destruction des parcs à karité qui induit une baisse sensible de la production, le manque d’eau dans les unités de transformation du karité et l’inaccessibilité aux crédits bancaires. « Les exportations des amandes de karité sont hypothéquées en raison de la faible disponibilité résultant de la destruction des parcs de karité. Le Bénin pourrait se retrouver dans une position encore plus marginale sur la liste des producteurs d’amandes et de beurre de karité dans la sous-région ouest-africaine si rien n’est fait », avait alerté les acteurs.
Le Bénin est actuellement le quatrième producteur ouest-africain d’amande de karité après le Mali, le Burkina Faso et le Nigeria, avec un volume de production d’environ 30 000 tonnes d’amandes sèches.