Etat de droit, leadership, égalité des genres: Les femmes juges du Bénin célèbrent 20 ans de parcours

Le chapitre béninois de l’Association internationale des femmes juges (Aifj-B) fête ses vingt ans d’engagement dans l’enracinement de l’Etat de droit et la promotion d’une justice de qualité au Bénin. Le colloque organisé dans ce cadre donne un aperçu global du chemin parcouru et des défis. Les participantes venues du Bénin, de la sous-région et du monde, prônent une justice au service de la veuve et l’orphelin, du faible et du fort ; le leadership et le renforcement de l’égalité des genres….

« L’association internationale des femmes juges du Bénin représente non seulement une force motrice pour la promotion de la justice et de l’équité, mais aussi un exemple éclatant de leadership féminin. Vous démontrez chaque jour que la justice n’a pas de genre et que les femmes jouent un rôle crucial dans la consolidation de l’Etat de droit », apprécie Ellis Brinille, représentante de l’ambassadeur des Etats-Unis près le Bénin.

Ces noces de porcelaine sont aussi à l’actif des pionnières qui ont cru en la capacité de la gent féminine à contribuer à l’ascension du système judiciaire. Le moment est venu de saluer leur mérite. « Aujourd’hui, nous célébrons non seulement les réalisations accomplies durant vingt années et portant l’effectif des femmes magistrates, membres de l’Aifj-B, de 12 à 57 ; mais nous célébrons aussi la force de notre communauté et l’impact significatif que toutes ces femmes ont eu sur le système judiciaire et sur leur environnement», explique Edibayo Dassoundo Aïbatin, présidente du comité d’organisation.

Cet anniversaire met en lumière le parcours unique de chaque femme juge au service de la justice béninoise.  « Célébrer cet anniversaire, c’est rendre hommage à de brillantes femmes qui sont aujourd’hui des figures emblématiques.  C’est reconnaitre un parcours d’engagement et de mérite. Chaque femme juge est unique, avec des expériences, des perspectives et des compétences propres. Cette singularité est une richesse pour la justice, car elle apporte de la diversité et des approches innovantes », affirme Yvon Détchénou, Garde des sceaux, ministre de la Justice et de la Législation.

Il cache à peine sa fierté de compter des femmes ‘’brillantes’’ dans le système judiciaire béninois. Ce sont elles qui donnent au système un visage plus humain.  « La différence de genre permet d’aborder le système judiciaire avec une empathie et une compréhension unique. Elle vous pousse à chercher la justice avec une nuance et une humanité souvent négligée.  Les femmes juges sont en mesure d’apporter une perspective, une sensibilité et une approche qui enrichissent profondément le système judiciaire. Vos expériences, votre intuition et votre manière de percevoir les enjeux sont des atouts inestimables qui méritent d’être mis en lumière », souligne-t-il. 

Que d’acquis !

Que d’acquis enregistrés au profit du chapitre béninois de l’Aifj depuis deux décennies ! « L’Aifj-B a régulièrement investi dans la formation de ses membres. Elle a œuvré à l’élaboration de manuels de formation et autres instruments didactiques traitant de l’égalité devant la loi et des droits humains. Elle a réalisé plusieurs études sur la situation des femmes, en lien avec le droit et la justice, autant qu’elle a pris une part active au plaidoyer et au lobbying pour la ratification des instruments internationaux et régionaux visant à éliminer toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes. Elle a mis en œuvre des programmes et politiques visant un accroissement des femmes juges et de leurs nominations à des postes de responsabilité au niveau national, régional et international», fait savoir Edibayo Dassoundo Aïbatin.   

Ces acquis cachent quelques défis notamment ceux du faible effectif numérique des femmes juges et leur promotion dans le milieu judiciaire.

Toutes choses qui amènent Victor Adossou, président de la Cour suprême, à faire constater que les enjeux de la justice béninoise du 21e siècle sont pressants et nombreux. Il pointe la modernisation de la justice, sa consolidation, son indépendance et son efficacité, tout en invitant l’Aifj-B à y jouer son rôle. 

Mariam Chabi Talata Zimé Yérima, vice-présidente de la République, pense que la clé du rayonnement de la justice béninoise est dans la main des femmes juges. Elle engage la réflexion : «Magistrates d’aujourd’hui ! Votre rôle est crucial, car vous avez le témoin en main. A vous, il revient la charge d’innover dans la quête de solutions susceptibles de permettre l’atteinte de vos objectifs. Comment faire pour résoudre les questions du genre au Bénin, mieux défendre les mineurs et garantir aux magistrates une carrière, un parcours professionnel sans entrave ? » Telle est la quête permanente des femmes juges du Bénin.