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Le grimper et la gymnastique sont les deux épreuves de l’éducation physique et sportive dans lesquelles composeront les candidats au Certificat d’études primaires (Cep) qui démarre le lundi 26 juin prochain. Le grimper ne semble pas inconnu des candidats mais sa pratique et les difficultés afférentes font peur.
Les candidats à l’examen du Certificat d’études primaires (Cep), session unique de juin 2017, pratiqueront le grimper et la gymnastique comme épreuves d’éducation physique et sportive. Lesdites épreuves ont été tirées au sort le 26 mai dernier. Le grimper, une discipline déjà exécutée en 2014 au Cep, est une épreuve à laquelle les enfants sont peu familiers à cause de la non-disponibilité du matériel sportif dans toutes les écoles du Bénin. Pourtant, ils seront tous confrontés à l’exercice. Le grimper consiste à monter le long d’une corde ou d’une perche en utilisant les mains et les pieds. Même si des dispositions sont en train d’être prises par les autorités du ministère des Enseignements maternel et primaire pour doter tous les centres d’examen de portiques et de cordes pour le bon déroulement de cette épreuve, la grande préoccupation reste de savoir si tous les candidats se sont essayés à cet exercice auparavant.
A en croire Séraphin Degbokin, directeur de l’école primaire publique de Vèdoko1/B, les candidats de son établissement ont eu le temps de s’exercer, même si ce n’était pas dans les conditions requises. « Nous avons deux portiques, mais les cordes sont insuffisantes et nous espérons que les dispositions prises par le ministre permettront de combler ce manque », espère-t-il. Le grimper chez les enfants est le même chez les adultes. L’exercice consiste à agir sur la corde dans l’objectif de toucher l’anneau en haut. Aux dires du directeur, beaucoup de choses sont à revoir pour s’assurer la pratique de cette discipline dans les meilleures conditions. « Actuellement, nous sommes confrontés à l’inondation, l’aire de grimper est inondée ; le sol aussi a besoin d’être aménagé sinon les risques de choc en cas de chute seront grands », ajoute t-il. « Nous nous réjouissons d’avoir ce peu parce que « les écoles qui ne sont pas équipées sollicitent parfois notre dispositif pour faire l’exercice, mais n’empêche que dans certaines écoles les enfants n’ont pas eu la possibilité de bien s’entraîner », reconnaît Séraphin Degbokin.
La candidate Florenda Aïdjoté, quoique « prête » pour l’épreuve de grimper, dit cependant avoir des craintes. Gardant encore des séquelles d’une chute à ses débuts, elle a peur et pense qu’avec la pluie les cordes seront plus glissantes.
Du côté de l’école primaire publique de Fidjrossè 2, Norbert Davo, directeur de l’Epp Fidjrossè Kpota B, affirme que «les débuts ont été difficiles pour les apprenants mais ils se sont adaptés. Les enfants ont été entraînés durant toute l’année à cet exercice donc la difficulté ne sera pas grande à leur niveau, estime-t-il. En plus, ils ont pris des dispositions et ont donné aux apprenants des astuces et conseils nécessaires afin qu’ils puissent bien passer cette épreuve de l’examen.
Des écoles dépourvues
Si les difficultés ne semblent pas être grandes dans ces écoles de Cotonou, la réalité est toute autre dans certaines écoles, surtout les écoles situées dans les zones rurales. A l’école primaire publique de Yapokparou, située à 30km de Parakou, pas de portique, ni de corde, nous a confié Abdou Amidou Gnacadja, le directeur. Selon lui : « Il y a quelques mois, nous étions obligés d’acheter les cordes simples vendues chez les «Baba» (vendeurs ambulants) qu’on a attachées à une branche solide d’un grand arbre dans l’école et c’est avec ce dispositif que les enfants se sont entraînés. Nous n’avons pas tenu compte de la hauteur normale du portique; il fallait faire avec les moyens de bord pour que les enfants ne soient pas pénalisés ». Il ajoute néanmoins que la technique de monter de corde a été enseignée et espère que les candidats s’en sortiront. A l’Epp Dabou, à 20 km de Parakou, il n’y a aucun dispositif pour le grimper. Mais avec un peu de chance, les apprenants ont pu toucher à la corde. Jean- Eudes Gbaguidi, directeur de cette école, explique: « En cours d’année scolaire, je me suis demandé comment feront les apprenants s’ils devraient pratiquer le grimper à l’examen. Je me suis alors rapproché d’un ami directeur d’école privée qui m’a prêté une corde qu’on a attachée à un géant arbre. Grâce à cela, les écoliers se sont exercés ». Nous n’avons rien contre le choix de cette discipline parce qu’elle fait partie de notre programme scolaire en Eps. Mais il faudra désormais doter toutes les écoles du Bénin de ce dispositif pour que tous les candidats aient les mêmes chances et possibilités dans la pratique. Même scenario à l’Epp Dakparou où Soumanou Yacoubou, le directeur, affirme qu’il sent le stress chez les apprenants parce que la pratique du grimper a été intensifiée depuis le tirage au sort de la discipline. « Mais nous essayons de les mettre en confiance et espérons que cette expérience permettra de corriger le tir », rassure-t-il. En attendant, tout le monde essayera de faire toucher la corde aux candidats au risque qu’on ne jette la responsabilité sur les directeurs d’école. Comme le souligne le directeur Séraphin Degbokin, le grimper n’a jamais été facile. Même les candidats au baccalauréat qui l’ont pratiqué des années durant ne s’y hasardent pas trop, fait-il remarquer. « Aidons donc nos enfants à en avoir la maîtrise », recommande-t-il.