La Nation Bénin...

La place de la femme au sein de la société relève aussi du ressort des pouvoirs publics que des concernées elles-mêmes. Pour cela, elles ne doivent pas fléchir devant les embûches, si elles veulent aller de l’avant. C’est l’exhortation que lance la coordonnatrice de Wildaf-Bénin, Françoise Sossou Agbaholou. Elle invite surtout les filles à croire en elles-mêmes pour réaliser leur rêve.
La Nation : Au cours d’une récente conférence-débat sur le leadership féminin, organisée par l’institution que vous dirigez, vous avez soutenu que les filles et les femmes ne sont pas à leur vraie place au sein de la société béninoise, en vous fondant sur un certain nombre de disparités. Expliquez-nous votre position.
Françoise Sossou Agbaholou : Tout développement inclusif durable d’une nation ne peut être effectif sans la participation de toutes les couches de la population y compris les femmes et les jeunes filles qui constituent plus de la moitié de la population béninoise. Mais aujourd’hui, selon la 5e Enquête démographique et de santé (Eds) 2017-2018 réalisée par l’Insae, une adolescente sur cinq a déjà commencé sa vie reproductive, 15% ont déjà une naissance vivante et 5% sont enceintes de leur premier bébé. Le taux de fécondité est très élevé : 47% de filles à l’âge de 19 ans. 55% des femmes âgées de 15 à 49 ans n’ont aucun niveau d’instruction, contre 32% des hommes. 25% seulement de femmes ont un niveau secondaire contre 36% d’hommes. Concernant le niveau universitaire, les données de l’Unesco pour l’année 2016 indiquent que le taux brut de scolarisation dans l’enseignement supérieur est de 13,2% dont 7,86% de présence féminine contre 18,45% de présence masculine. Il reste donc beaucoup de défis à relever pour accroître la participation des femmes au développement.
Selon vous, les rencontres africaines ou internationales en faveur des filles et des femmes suffisent-elles pour améliorer leur situation ?
Ces rencontres ont pour objectif de rappeler à nos Etats les engagements qu’ils ont pris en faveur des femmes et des filles et de trouver des stratégies communes qui permettent de faire des plaidoyers à leur endroit afin qu’ils prennent des mesures pour la prise en compte effective des droits des femmes et des filles.
Vous misez sur l’entrepreneuriat féminin pour promouvoir le savoir-faire des jeunes filles et des femmes. Comment comptez-vous tenir le pari ?
Notre conférence sur le thème « la femme peut être un modèle » vise à susciter chez les jeunes filles béninoises une motivation profonde pour le développement de l’estime de soi, à les conduire dans un processus de conception d’une vision personnelle pour leur avenir, dont elles seront les principales actrices, et à les conduire à la poursuite de leur autonomisation et à l’occupation de leur place au sein de la société, de leur communauté, de la vie économique, politique et socio-culturelle de leur pays. Il s’agit enfin de faire un plaidoyer à l’endroit du gouvernement et des institutions de l’Etat afin de les engager dans la garantie d’une scolarisation accrue des filles, de leur maintien à l’école, de l’incitation à la poursuite de leur éducation, qu’elle soit formelle ou non formelle, dans toutes les filières de l’économie béninoise.
Nous souhaitons également la prise de mesures législatives, réglementaires, institutionnelles, y compris des mesures temporaires spéciales pour encourager et pour assurer un accès plus grand et plus facile des femmes aux sphères de décisions.
En initiant les rencontres africaines au profit des jeunes filles béninoises aujourd’hui, c’est pour montrer à ces dernières que quelque chose est caché en elles et qu’il suffit de s’en rendre compte, de l’extérioriser, de le mettre en valeur, d’y croire pour réussir. Des difficultés, il y en aura certainement mais il faut savoir se relever pour pouvoir continuer. En tant que réseau de promotion et de défense des droits de la femme et de la fille, notre rôle est de poursuivre avec les autres organisations, le plaidoyer à l’endroit des décideurs.
Quelle doit-être la part de responsabilité des pouvoirs publics et de vos cibles ?
Il suffit d’une simple volonté politique pour atteindre l’objectif visé. Dans tous les domaines de développement, une volonté politique s’avère indispensable pour une participation effective de la femme et des filles.Quant aux femmes et aux jeunes filles, il faut qu’elles croient en elles-mêmes, en ce qu’elles savent faire, qu’elles soient engagées et persévérantes, qu’elles soient conscientes que personne ne fera leur bonheur à leur place.
Vous parliez de femme modèle. Comment la reconnaît-on ?
Pour nous, « une femme modèle », c’est une femme qui a réussi à s’imposer dans son domaine d’intervention, qui a une vision, qui fait bien ce qu’elle a appris, qu’elle soit grande intellectuelle, artisane, vendeuse ou ménagère. Quel que soit le domaine d’activité dans lequel l’on exerce, on doit avoir une vision, et avec un peu de persévérance on y arrive. En d’autres termes, la femme modèle se fait reconnaître par son travail, sa conviction, son endurance dans ce qu’elle fait n