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Hermann Mèton à propos des droits des consommateurs: « Sensibiliser les consommateurs à l’usage local des services digitaux »

Société
Par   Maryse ASSOGBADJO, le 20 mars 2023 à 08h07
Célébrée le 15 mars de chaque année, la Journée mondiale des consommateurs est devenue réalité depuis 1983. L’évènement rappelle les principaux droits des consommateurs. Cette quarantième édition s’intéresse à la ‘’finance numérique’’. A l’occasion, Hermann Mèton, président de Bénin Conso et Droits de l'Homme (Bcdh), lève un coin de voile sur lesdits droits et les réalités locales.

La Nation : Chaque 15 mars est consacré aux droits des consommateurs. Quel sens revêt cette journée ?

Hermann Mèton : La journée du 15 mars est capitale pour les associations de consommateurs à travers les différents thèmes qu’elle aborde chaque année. Nous profitons de cette journée pour réfléchir sur nos actions, apprécier le sens de notre lutte au profit des consommateurs et voir dans quel secteur les consommateurs ont plus besoin de soutien et d'actions de notre part.

« Finance numérique équitable ». C'est le thème de la présente édition. Que comprendre par ce thème ?

La finance numérique équitable sous-entend un accès équitable aux transactions monétaires électroniques quels que soient le genre, la race, la religion, le degré d'alphabétisation, …. Nous devons reconnaître qu’un pas important a été franchi aujourd'hui dans le domaine digital au Bénin. Mais tant que la population, en majorité, est analphabète, le fossé sera grand. Aujourd'hui, la finance numérique a facilité la vie à une majorité de la population. Les services de mobile money sont à la portée de tous avec beaucoup de points marchands ou encore la possibilité pour nombre de Béninois de faire divers payements et opérations en ligne. La liste des e.services est longue. Je veux citer par exemple l’abonnement aux programmes de Tv en ligne, l’association de son compte bancaire à son compte mobile money, l’accès au micro-crédit par mobile money et sans tracasseries administratives, les remboursements de crédit en ligne, l’usage des Terminaux de paiements électroniques (Tpe) dans les supermarchés, les hôtels et certains lieux. Aujourd'hui, tout est portable dans son appareil téléphonique et cela offre moins de risque d'insécurité dans le déplacement de fortes sommes ou de documents sensibles. Il faut davantage sensibiliser les usagers dans les langues locales sur le mode opératoire de ces services digitaux. Il faut aussi renforcer les mesures de sécurité, car les analphabètes se font vite arnaquer soit parce qu'ils ont un mot de passe très facile, soit parce qu'ils ne s’y connaissent pas du tout.

Les associations de consommateurs évoquent souvent les droits des consommateurs. De quels droits s'agit-il ?

Parlant des droits des consommateurs, il s'agit du droit à l'information, à la sécurité, au choix, droit d'être entendu, droit à l'éducation, à la réparation des torts et du droit à un environnement sain. Relativement au droit à l’information, le consommateur doit être informé de tout ce qui a rapport aux services qui lui sont proposés. Le droit à la sécurité fait référence à la protection du consommateur dans tous les domaines. Le droit au choix suppose que le consommateur a le droit de choisir les produits qu'il veut en conformité avec les textes et lois sans aucune contrainte. Dans les offres et services proposés, il doit avoir plusieurs possibilités afin d'opérer son choix. Lorsque le consommateur a des préoccupations, on doit lui prêter une oreille attentive. Cette écoute relève du droit d’être entendu. Quant au droit à la consommation, il faut que le consommateur soit éduqué pour mieux cerner les choses et pouvoir se défendre. Le droit à la réparation des torts est nécessaire lorsque le consommateur est brimé, escroqué ou a subi un dommage. Dans ce cas, la personne ou structure responsable qui a causé le tort doit le réparer. Aussi, le consommateur a-t-il droit à un endroit propre, vivable, où tous les services auxquels il doit s'attendre sont présents. Exemple : l'eau, l'électricité, la communication, les routes, les hôpitaux, marchés….

Avez-vous le sentiment que les consommateurs béninois connaissent leurs droits et les revendiquent ?

Les consommateurs ne connaissent pas leurs droits. C'est pour cette raison qu'ils n'arrivent pas à les revendiquer et cela profite aux sociétés et autres acteurs. Les consommateurs ne s'intéressent qu’aux associations de consommateurs seulement lorsqu’ils sont en difficulté. C'est à travers des journées comme celle-ci et d'autres émissions que nous essayons de les sensibiliser.

Que font les associations de consommateurs, en l'occurrence la vôtre pour sauvegarder les droits des consommateurs ?

Les associations de consommateurs se battent pour la sauvegarde des droits des consommateurs. Lors des séminaires, ateliers et journées de réflexion avec les cadres et autorités à divers niveaux du secteur public comme privé, nous essayons d'attirer l’attention des consommateurs sur la violation de leurs droits. Souvent, les autorités trouvent que nous sommes durs dans nos déclarations. Il y a environ deux semaines, nous avons tenu une séance avec les responsables de l'Autorité de régulation de l’électricité (Are) et ceux de la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) sur certaines pratiques de la Sbee qui pénalisent et violent le droit du consommateur par rapport à sa consommation d'énergie.

A quelles pratiques faites-vous allusion ?

Les agents releveurs sont censés passer rigoureusement chaque mois relever les compteurs. Malheureusement, certains accusent du retard dans le cadre de cette opération. Résultat, les consommateurs consomment dans le mois suivant et le nombre de kw augmente et après la Sbee les balance dans une autre tranche plus chère. J'ai eu des échanges avec certaines boulangeries et des responsables de grands magasins, de supermarchés et hypermarchés de la place en leur rappelant certains articles de la loi, qui abordent la question de la protection du consommateur en République du Bénin.