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Insécurité alimentaire en Afrique: Des approches innovantes pour endiguer le fléau

Société
La question de l’insécurité alimentaire est décortiquée à Sèmè One La question de l’insécurité alimentaire est décortiquée à Sèmè One

La problématique de la sécurité alimentaire en Afrique était au cœur d’un « café scientifique », organisé vendredi 28 juillet par Sèmè One en partenariat avec l’Université de Parakou. Au menu, le visage de l’insécurité alimentaire au Bénin et sur le continent et les solutions innovantes pour y faire face.

Par   Maryse ASSOGBADJO, le 31 juil. 2023 à 09h24 Durée 3 min.
#insécurité alimentaire
L’Afrique n’est pas à l’abri de la faim, du moins une bonne frange de la population est exposée à l’insécurité alimentaire. A la faveur d’un café scientifique, organisé par Sèmè One en tandem avec l’Université de Parakou, vendredi dernier, la question a été mise sur la table de discussion, où les principaux panélistes l’ont élucidée, décortiquée tout en proposant des approches originales. Il ressort des échanges axés sur le thème central, ‘’L’innovation pour la sécurité alimentaire en Afrique dans un contexte de mutations globales’’, que le vrai visage de l’insécurité alimentaire au Bénin et sur le continent est loin d’être reluisant.
« Les rapports du Programme alimentaire mondial font état de ce que l’insécurité alimentaire touchait 9 % de ménages au Bénin. Dans la foulée de la crise sanitaire mondiale, ce pourcentage a pratiquement triplé», relève Marlène Capo-Chichi, coordonnatrice du projet Sel. 
Les raisons de cette situation sont connues. Le premier panel intitulé « Insécurité alimentaire en Afrique : Etat des lieux et pistes de solutions », permet de comprendre qu’elles tiennent de l’accroissement de la population, la perte du pouvoir d’achat des ménages, du conflit russo-ukrainien, de la vulnérabilité des producteurs aux aléas climatiques, de la faible productivité du fait de l’utilisation des pratiques manuelles de production, du terrorisme et des conflits.
Selon Honoré Biaou, enseignant à l’Université de Parakou, l’Afrique doit travailler à lever ces barrières. « La sécurité alimentaire représente un enjeu fondamental que les Etats doivent garantir, parce qu’elle a des implications pour la force de travail. Notre économie ne peut évoluer si la moitié de la population a faim », explique-t-il. La sécurité alimentaire, dit-il, ne prend pas seulement en compte la nourriture. « Si vous avez à manger sans avoir l’énergie qui servira pour la cuisson, vous risquez de consommer votre aliment tout cru ».  
Le deuxième panel s’est intéressé aux « innovations pour la sécurité alimentaire dans un contexte de mutations globales».  Les solutions proposées ici portent sur des programmes de soutien aux familles exposées à l’insécurité alimentaire et la préservation de la biodiversité. « Il faut renforcer les projets qui interviennent sur la fortification d’aliments pour accompagner les carences alimentaires dans le rang des populations. Il en est de même des choix politiques, économiques, stratégiques que les décideurs prennent pour soulager les populations. Il s’agit par exemple des choix de production de variétés locales, de soutien à la préservation de la nature, de la valorisation des produits locaux, de conservation, de soutien aux entrepreneurs locaux, de l’agriculture familiale », développe-t-il. 

Approches originales

Steve Hoda est à la tête du Groupe Afri Cereal. Il détient également une longue liste d’approches originales que propose son entreprise au Bénin et dans la sous-région pour faire face à l’insécurité alimentaire. Il s’agit des systèmes d’irrigation, des capteurs intelligents (qui aident à appliquer la quantité d’eau nécessaire aux cultures), des drones (qui facilitent la cartographie des champs), des solutions numériques (qui permettent de conseiller les producteurs) et les technologies liées à la sélection génétique (qui permettent de produire des semences améliorées répondant aux pratiques locales). 
Le processus d’innovation suit plusieurs étapes : l’identification des opportunités de création de richesse, la mobilisation des acteurs pour la conception et l’expérimentation de l’innovation, et la mise à échelle de l’innovation. L’Université de Parakou est présente sur chaque front.
« Nous développons des applications qui assistent des agro-éleveurs dans la formulation de ration de leur bétail en vue de la bonne croissance des animaux, des efforts de mobilisation des technologies numériques en vue de faire avancer les productions agricoles, des efforts en faveur de la promotion de la patate douce à chair orange et du champion, se réjouit Ismaïl Moumouni, professeur à l’Université de Parakou. 
Toutefois, Honoré Biaou pense que le chemin en faveur de la sécurité alimentaire n’est pas encore entièrement balisé en Afrique. « On ne règle pas du jour au lendemain l’insécurité alimentaire. On ne la résout pas avec un coup de baguette magique ».
Pour lui, la grande responsabilité incombe aux gouvernants. « Les gouvernants doivent continuer à travailler sur plusieurs points. Entre autres, l’accroissement des capacités de production, l’amélioration de l’accessibilité des produits alimentaires de qualité, les sensibilisations pour améliorer les habitudes de consommation. Mission difficile peut-être, mais pas impossible.  
La signature d’accord entre Sèmè One et l’Université de Parakou à la fin du panel, est un bel exemple de collaboration en faveur de la sécurité alimentaire au Bénin.