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Intégration de la nutrition dans les documents stratégiques sectoriels: La rencontre de Cotonou lance la dynamique

Société
La sécurité alimentaire et nutritionnelle passe par l’appropriation du  guide pour l’intégration de la nutrition La sécurité alimentaire et nutritionnelle passe par l’appropriation du guide pour l’intégration de la nutrition

La problématique de la nutrition est au cœur du processus de développement au sein de l’espace ouest-africain et sahélien. C’est à la faveur d’un atelier régional sur l’élaboration d’un référentiel régional pour l’intégration de la nutrition dans les documents sensibles. Il s’inscrit dans le cadre du projet d’amélioration de la gouvernance, de la résilience, de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de l’agriculture durable au Sahel et en Afrique de l’Ouest (Pagr-Sanad), financé par l’Union européenne.

Par   Maryse ASSOGBADJO, le 14 nov. 2023 à 03h13 Durée 5 min.
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L’intégration de la question de la nutrition dans les documents stratégiques sectoriels en Afrique de l’Ouest et au Sahel est un défi. Et le trio Cedeao-Uemoa-Cilss (Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse au Sahel) accompagné par le Roppa est au-devant de la scène pour le rendre concret. C’est la finalité d’un atelier régional qui s’est penché sur la question du 6 au 10 novembre à Cotonou. Il encourage la mise en place d’un guide méthodologique régional consensuel harmonisé, inclusif pour améliorer l’intégration de la nutrition dans les documents stratégiques des secteurs contributeurs. Il vise une meilleure gouvernance et coordination des politiques régionales et nationales en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle, de l’agriculture durable en Afrique de l’Ouest et au Sahel et de résilience des populations vulnérables.

« Cette harmonisation devrait faciliter l’élaboration et la mise en œuvre des politiques de stratégies et des programmes des pays pour l’atteinte des Odd. Il s’agit d’assurer le suivi-évaluation efficient à tous les niveaux, national, sous-régional, continental et international en tenant compte des spécificités de la sous-région…pour améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle en vue d’un développement durable et partagé », soutient Hubert N’Djafa Ouaga, secrétaire général adjoint par intérim du Cilss.

Les défis nutritionnels et alimentaires en Afrique de l’Ouest et au Sahel restent entiers. Faisant référence à la Fao, les organisateurs du présent atelier relèvent qu’en « Afrique de l’Ouest, le retard de croissance, l’émaciation et le surpoids touchent respectivement plus de vingt millions, près de cinq millions et près de deux millions d’enfants de moins de 5ans ». Les pays sahéliens comptent plus de 40 % de cas de malnutrition chronique de la région. A cela s’ajoute le triple fardeau de la malnutrition : la dénutrition, les carences en micronutriments, la surnutrition. 

Il faut changer de cap

Il en ressort un faible niveau d’intégration de la nutrition, l’insuffisance du budget alloué à la question et le manque de connaissances des différentes approches régionales. Mieux, l’élan des mouvements ouest-africains de la société civile et réseaux parlementaires n’ont pas suffi à ramener à la hausse le financement : les allocations budgétaires restent en deçà des 3 % recommandés au niveau continental.

Un changement de cap s’impose dans la logique des Objectifs de développement durable, notamment l’Odd 2 qui parie sur l’élimination de la malnutrition en 2030. La prise en compte de la nutrition dans les documents stratégiques est l’une des étapes majeures pour tenir le pari.

« Nous ambitionnons de hisser au plus haut niveau la question de la nutrition dans les préoccupations de développement dans la sous-région. Ce processus permet de donner aux dix-sept pays de l’espace Cedeao, Uemoa et Cilss une boussole en matière d’intégration de la nutrition dans les politiques et programmes de développement », indique Septime Houssou-Goe, chargé de programme sécurité alimentaire et nutritionnelle de la direction Agriculture et développement rural de la Cedeao.

Sans le guide, les efforts seront plutôt lents. « Le guide sera un outil très utile pour les pays et l’ensemble des acteurs non étatiques qui se baseront là-dessus pour définir des outils de redevabilité pour le suivi de la prise en compte de la nutrition dans les politiques et stratégies de développement », apprécie Imelda Agondanou, chargée de programmes Roppa, Afrique de l’Ouest.

A l’endroit du Cilss, de la Cedeao et de l’Uemoa, la rencontre de Cotonou recommande entre autres un meilleur suivi des calendriers de révision des plans et politiques sectoriels, une meilleure dissémination du guide, l’harmonisation des outils d’analyse du degré d’intégration de la nutrition dans les politiques et stratégies.

Au-delà du canevas du guide et des recommandations formulées, il est nécessaire pour les parties prenantes de travailler à une plus grande inclusivité pour créer un large consensus autour du guide et son utilisation efficace.