La Nation Bénin...
La problématique de la nutrition est au cœur du
processus de développement au sein de l’espace ouest-africain et sahélien.
C’est à la faveur d’un atelier régional sur l’élaboration d’un référentiel
régional pour l’intégration de la nutrition dans les documents sensibles. Il
s’inscrit dans le cadre du projet d’amélioration de la gouvernance, de la
résilience, de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et de l’agriculture
durable au Sahel et en Afrique de l’Ouest (Pagr-Sanad), financé par l’Union
européenne.
L’intégration de la question de la nutrition
dans les documents stratégiques sectoriels en Afrique de l’Ouest et au Sahel
est un défi. Et le trio Cedeao-Uemoa-Cilss (Comité permanent inter-Etats de
lutte contre la sécheresse au Sahel) accompagné par le Roppa est au-devant de
la scène pour le rendre concret. C’est la finalité d’un atelier régional qui
s’est penché sur la question du 6 au 10 novembre à Cotonou. Il encourage la
mise en place d’un guide méthodologique régional consensuel harmonisé, inclusif
pour améliorer l’intégration de la nutrition dans les documents stratégiques
des secteurs contributeurs. Il vise une meilleure gouvernance et coordination
des politiques régionales et nationales en matière de sécurité alimentaire et
nutritionnelle, de l’agriculture durable en Afrique de l’Ouest et au Sahel et
de résilience des populations vulnérables.
« Cette harmonisation devrait faciliter
l’élaboration et la mise en œuvre des politiques de stratégies et des
programmes des pays pour l’atteinte des Odd. Il s’agit d’assurer le
suivi-évaluation efficient à tous les niveaux, national, sous-régional, continental
et international en tenant compte des spécificités de la sous-région…pour
améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle en vue d’un développement
durable et partagé », soutient Hubert N’Djafa Ouaga, secrétaire général adjoint
par intérim du Cilss.
Les défis nutritionnels et alimentaires en
Afrique de l’Ouest et au Sahel restent entiers. Faisant référence à la Fao, les
organisateurs du présent atelier relèvent qu’en « Afrique de l’Ouest, le retard
de croissance, l’émaciation et le surpoids touchent respectivement plus de
vingt millions, près de cinq millions et près de deux millions d’enfants de
moins de 5ans ». Les pays sahéliens comptent plus de 40 % de cas de
malnutrition chronique de la région. A cela s’ajoute le triple fardeau de la
malnutrition : la dénutrition, les carences en micronutriments, la
surnutrition.
Il faut changer de cap
Il en ressort un faible niveau d’intégration de
la nutrition, l’insuffisance du budget alloué à la question et le manque de
connaissances des différentes approches régionales. Mieux, l’élan des
mouvements ouest-africains de la société civile et réseaux parlementaires n’ont
pas suffi à ramener à la hausse le financement : les allocations budgétaires
restent en deçà des 3 % recommandés au niveau continental.
Un changement de cap s’impose dans la logique
des Objectifs de développement durable, notamment l’Odd 2 qui parie sur
l’élimination de la malnutrition en 2030. La prise en compte de la nutrition
dans les documents stratégiques est l’une des étapes majeures pour tenir le
pari.
« Nous ambitionnons de hisser au plus haut
niveau la question de la nutrition dans les préoccupations de développement
dans la sous-région. Ce processus permet de donner aux dix-sept pays de
l’espace Cedeao, Uemoa et Cilss une boussole en matière d’intégration de la
nutrition dans les politiques et programmes de développement », indique Septime
Houssou-Goe, chargé de programme sécurité alimentaire et nutritionnelle de la
direction Agriculture et développement rural de la Cedeao.
Sans le guide, les efforts seront plutôt lents.
« Le guide sera un outil très utile pour les pays et l’ensemble des acteurs non
étatiques qui se baseront là-dessus pour définir des outils de redevabilité
pour le suivi de la prise en compte de la nutrition dans les politiques et
stratégies de développement », apprécie Imelda Agondanou, chargée de programmes
Roppa, Afrique de l’Ouest.
A l’endroit du Cilss, de la Cedeao et de
l’Uemoa, la rencontre de Cotonou recommande entre autres un meilleur suivi des
calendriers de révision des plans et politiques sectoriels, une meilleure
dissémination du guide, l’harmonisation des outils d’analyse du degré
d’intégration de la nutrition dans les politiques et stratégies.
Au-delà du canevas du guide et des
recommandations formulées, il est nécessaire pour les parties prenantes de
travailler à une plus grande inclusivité pour créer un large consensus autour
du guide et son utilisation efficace.
La sécurité alimentaire et nutritionnelle passe par l’appropriation du guide pour l’intégration de la nutrition