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La photographie à l’ère du numérique: Un grand bouleversement dans le secteur

Société
Le numérique ne vient pas seulement mettre en difficulté les photographes, il leur facilite aussi la vie Le numérique ne vient pas seulement mettre en difficulté les photographes, il leur facilite aussi la vie

La photographie a connu une grande évolution à l’avènement du numérique avec de nouveaux appareils plus performants, intelligents et prestigieux. Un progrès remarquable de la technologie qui a modernisé le secteur. Parmi les chasseurs d’images d’antan, certains ont su quand même s’adapter à cette nouvelle vie. 

Par   Naurice ADAGBE (Stag.), le 01 sept. 2023 à 07h49 Durée 3 min.
#la phographie
Il y a de cela vingt, trente ans, la photographie était essentiellement analogique. Les professionnels du secteur prenaient alors des photos à l’aide des appareils argentiques qu’ils tiraient sur du papier. Mais aujourd’hui, les progrès technologiques notamment l’avènement du numérique ont bouleversé les habitudes de ces professionnels de la photographie. Le constat est tangible.
En effet, les anciens appareils argentiques qui fournissaient des images sur pellicule ont disparu au profit de nouveaux appareils numériques  performants et prestigieux. Cette transformation technologique qu’a connue la photographie, à l’instar des autres secteurs d’activités, a bouleversé le quotidien des photographes d’antan. 
La soixantaine, Abdou Ganiyou Lawani est photographe professionnel depuis plus de vingt ans. Les photos portrait exposées dans son studio témoignent à suffisance de sa longue expérience avec les appareils argentiques. A l’en croire, le métier de photographe ne nourrit plus son homme comme au bon vieux temps et en plus les appareils numériques coûtent cher.
« Les nouveaux appareils numériques coûtent excessivement cher. Le Nikon D500 par exemple est à 1 200 000 francs Cfa ; ce qui ne favorise pas l’achat de plusieurs appareils. Même si vous faites l’effort d’en acquérir, les clients viennent au compte-gouttes », déplore-t-il. Selon lui, ces deux situations ont poussé plusieurs de ses confrères à mettre la clé sous le paillasson. « Cela oblige des confrères à fermer leurs laboratoires et studios de photo », se désole Abdou Ganiyou Lawani. En plus de la difficulté liée au coût exorbitant des appareils numériques, ajoute-t-il, il y a la flopée de téléphones portables intelligents qui, aujourd’hui, concurrencent les professionnels du métier.
Très prestigieux, en effet, les smartphones sont capables de réaliser des photos de haute qualité. Les utilisateurs sont donc en mesure de réaliser eux-mêmes des photos qu’ils vont ensuite tirer dans les laboratoires à 250 francs la copie. Ce qui constitue un manque à gagner pour le photographe en termes de commandes et de prix. « C’est vrai, n’importe qui, avec son téléphone, peut faire des photos mais cela n’a jamais exclu la recherche de l’expertise, car le cadrage, le choix des angles, les plans sont indispensables dans la réalisation d’une photo de qualité », souligne Gratien Capo, photojournaliste à La Nation. Revenant sur la problématique de la clientèle, Brice Djato, photographe professionnel à Cotonou, confirme que les commandes ont baissé mais le photographe peut toujours trouver sa part.
Le numérique ne vient pas seulement mettre en difficulté les photographes. Il leur facilite aussi la vie. Grâce aux plateformes en ligne, plus besoin de disposer d’albums par dizaines chez soi, pour conserver ses photos. « Les gens préfèrent aujourd’hui, à la place des albums, stocker leurs photos dans les galeries numériques. Il suffit là de stocker sur flicker, de poster sur Facebook, WhatsApp et consorts pour les partager avec ses proches et amis », illustre Jules Amouzounvi, Photojournaliste à La Nation.

Adaptation

Certes, le numérique a mis plusieurs photographes des années 60, 70 et 80 en difficulté, mais certains ont pu quand même s’adapter aux nouvelles réalités. Brice Djato, par exemple, n’a pas réfléchi pendant longtemps avant de se mettre à jour. « Si je suis encore dans le métier, c’est parce que je me suis mis au pas du numérique et de l’évolution de la technologie dans mon domaine. C’est une exigence d’ailleurs, car les anciens appareils, analogiques, n’existent plus et ne servent plus à rien », affirme-t-il. « Il faut aller au rythme du monde et du numérique. Pour les mariages, baptêmes, anniversaires, par exemple, les clients préfèrent obtenir les images sur des supports comme une clé Usb. Donc, le métier nourrit toujours son homme et est plus facile à exercer. Le reste, c’est de garder son courage pour s’en sortir », estime Jules Amouzounvi. Un avis partagé par Gratien Capo qui pense que l’ère du numérique n’est pas un coup de massue sur la tête des anciens photographes. Au contraire, elle leur a donné une renaissance qui offre plus de facilités. « On peut vendre une photo aujourd’hui sans la tirer. Il y a la photo publicité aussi qui rapporte beaucoup», illustre le photojournaliste?