La Nation Bénin...
Le 30 novembre prochain se tiendra à Cotonou la 5e édition du séminaire sur la justice commerciale, organisé par le Conseil des Investisseurs Privés au Bénin (Cipb). Que serait un pays sans investisseurs ? Au Bénin, l’environnement économique est rythmé par les activités de diverses entreprises nationales comme internationales. Plusieurs d’entre elles sont regroupées au sein du Conseil des Investisseurs Privés au Bénin. Les membres du Cipb représentent plus de 20 000 emplois, avec des contributions fiscales de plus de 150 milliards F Cfa et des investissements de plus de 400 milliards F Cfa. Ces chiffres non négligeables forcent à s’intéresser à cette association qui a aujourd’hui 21 années d’existence. Son président Roland Riboux s’est confié à votre journal.
Roland RIBOUX, vous avez quitté la direction de Fludor Bénin depuis maintenant deux ans; mais vous restez toujours Président du CIPB ; quelle est l’utilité du Conseil des Investisseurs Privés au Bénin ?
Le Conseil des Investisseurs Privés au Bénin
est une association fondée en 2002 par un groupe d’entrepreneurs ayant investi
de façon significative au Bénin, tous conscients de la nécessité de s’impliquer
davantage dans l’amélioration du climat des affaires du pays où ils sont
installés.
En 2002, les structures devant normalement
représenter le Secteur Privé n’étaient pas véritablement fonctionnelles et il
n’y avait donc pas d’institution capable de dialoguer effectivement avec
l’Etat.
Nous avons choisi la formule du ‘’cercle de
réflexion’’ pour porter la voix du Secteur Privé vers l’Etat.
En décembre 2002, nous étions six membres.
Aujourd’hui, nous comptons 56 sociétés, parmi les plus grandes au Bénin.
Quelles sont les activités menées par le Conseil des Investisseurs Privés au Bénin ?
En tant que cercle de réflexion, nous
participons activement à l’animation de deux groupes de travail qui réunissent
toutes les composantes du Secteur Privé, l’un sur la Fiscalité, l’autre sur la
Justice.
Le groupe de travail sur la Fiscalité rédige
chaque année une ‘’plateforme’’ qui est présentée à l’Assemblée Nationale à
l’occasion de la discussion sur la loi de finances. Durant l’année, il
participe aux séances du Cadre de Concertation Secteur Public/Secteur Privé
organisées périodiquement avec la direction générale des Impôts et la direction
générale des Douanes.
Le groupe de travail sur la Justice rédige une
plateforme de propositions d’amélioration de la Justice Commerciale et du
Travail, et tient aussi des sessions mensuelles tournées davantage vers la
formation des membres. Il rédige un magazine trimestriel, «Justitia», qui est
édité par le Cipb et largement diffusé dans le milieu judiciaire.
Nous lançons également des plaidoyers, comme
celui qui est en cours sur les mesures à prendre pour permettre le
développement industriel et, dans ce domaine, sur l’opportunité que
représenterait une mini-centrale nucléaire pour une énergie électrique à un
prix compétitif.
Enfin, nous allons bientôt publier une étude
confiée au professeur Dodji Amouzouvi et son équipe, intitulée «La Motivation
et l’Engagement des personnels dans l’Administration Publique et les
Entreprises Privées au Bénin», qui explore certains comportements
dysfonctionnels de nos compatriotes et propose des pistes de solutions.
Pourquoi des séminaires sur la Justice et la Fiscalité essentiellement ?
Ces séminaires sont le continuum de la
coopération avec le Tribunal de Commerce de Cotonou et la direction générale
des Impôts.
Le Tribunal de Commerce de Cotonou est
fonctionnel depuis le 28 décembre 2017. Son président, M. William Kodjoh
Kpakpassou, a souhaité améliorer sa visibilité. De ce séminaire, l’on tire
chaque année des enseignements et des propositions d’amélioration à l’endroit
de l’écosystème de la Justice Commerciale.
Le directeur général des Impôts, M. Nicolas
Yenoussi, a trouvé le modèle intéressant et nous avons déjà co-organisé deux
éditions du séminaire sur la Fiscalité.
Le premier s’est tenu à Grand Popo en janvier
2022 et le second à Cotonou en Avril 2023.
Quels changements ou améliorations ont apporté ces séminaires ?
En matière fiscale, les représentants du
Secteur Privé peuvent soulever certaines incohérences, pendant que la Dgi
pointe du doigt les fraudeurs fiscaux.
En matière de Justice Commerciale, les membres
du Cipb sont sensibilisés sur des notions qu’ils laissent souvent à leur
service juridique et auxquelles ils ne sont confrontés que lorsque la procédure
est déjà entamée.
Il est probable que le dernier séminaire sur la
Fiscalité ait eu pour résultat la prise en compte d’une bonne partie des
demandes du Secteur Privé dans la dernière loi de finances.
Vivre au Bénin est-il donc aujourd’hui plus facile pour les investisseurs privés ?
Oui. Le secteur privé apprécie d’avoir enfin un
Programme d’action du gouvernement qui donne une orientation à l’action
gouvernementale.
Le Cipb apprécie également la volonté de
renforcer le dialogue public-privé sous l’éclairage de ministère de l’Economie
et des Finances. Le nouveau code des investissements tient compte du changement
du modèle économique du Bénin, tourné par le Gouvernement vers
l’industrialisation du pays.
Aujourd’hui, le Cipb boucle 21 années d’existence ; quelles sont les difficultés sur le parcours ?
La principale est le recrutement de nouveaux
membres. En effet, les membres financent les travaux d’un cercle de réflexion
et ses plaidoyers dont bénéficieront TOUS les opérateurs économiques. Il faut
donc avoir une vision à long terme pour accepter cette contribution à l’intérêt
général.
Quelles sont maintenant les perspectives ?
*Disposer d’un potentiel humain à la hauteur
des défis de ce siècle de tous les dangers. Dans la droite ligne de l’ouvrage
sur ‘’la motivation et l’engagement des personnels’’, nous soutiendrons un
système éducatif rénové donnant toute sa place à la formation professionnelle ;
du côté de l’encadrement, nous promouvrons les notions de leadership vertueux
et de gestion rigoureuse.
*Nous ferons la promotion d’un dialogue
public-privé bien plus approfondi, idéalement décentralisé au niveau des
branches ou des secteurs pour que les préoccupations de chaque industrie soient
prises en compte en temps réel.
*Le secteur informel est actuellement à la fois
marginalisé et omniprésent. Bien qu’objet de tracasseries, il empêche le
secteur formel de déployer son potentiel du fait des comportements qui
échappent à tout contrôle. Sans aller jusqu’à une formalisation en bonne et due
forme, ce secteur doit être encadré ; nous ferons des propositions dans ce
sens.
*Enfin, pour assurer à notre pays la
disponibilité d’une énergie électrique compétitive, le Cipb préconisera
l’installation de mini-centrales nucléaires comme d’autres pays d’Afrique
Subsaharienne sont en train de le faire.