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Lutte contre la criminalité faunique: Polémique autour des arrestations des braconniers

Société
Par   Eklou, le 29 août 2017 à 06h34

Des faits de braconnage défraient ces temps-ci la chronique avec des arrestations tous azimuts de présumés trafiquants. Loin d’être une prime à la lutte contre la criminalité faunique, ces succès obtenus avec le concours des forces de sécurité et d’Organisations non gouvernementales sont sujets à polémique.

Des présumés trafiquants d’ivoire ont été appréhendés à Natitingou par la Police le 11 août dernier au moment de conclure une affaire de vente de quatorze pointes d’ivoire pesant au total 24 kg. Une situation bien courante dans l’Atacora, région giboyeuse en ressources fauniques abritant l’une des réserves de biosphère les plus connues au monde : le parc de la Pendjari. Ce coup de filet de la police vient s’ajouter à une longue liste de faits similaires.
Depuis peu des individus se font mettre le grappin dessus en négociant la vente d’objets prohibés, qui plus est, issus d’actes de braconnage. Ces succès obtenus par les forces de sécurité dans la lutte contre la criminalité quoique salués par des observateurs sont sujets à polémique.
Des voix pas des moindres s’élèvent pour dénoncer la façon dont sont conduites les opérations d’arrestation des présumés trafiquants. En effet, la plupart de ceux qui sont mis aux arrêts le sont à la suite d’une proposition à eux faite par des personnes qui, une fois en contact avec eux, disparaissent dans la nature et laissent place aux agents de sécurité. Les soit disant acheteurs entrent en relation avec eux et leur font cette offre indécente, mais alléchante. Une fois appâtés, ces derniers se présentent au lieu indiqué par les acheteurs avec leur butin. Et, c’est là que leur destin se joue. En lieu et place des acheteurs qu’ils sont censés rencontrer dans des hôtels, c’est la police qui les accueille et les embarque.
Ce mode opératoire suscite bien des interrogations à voir l’implication de certaines Organisations non gouvernementales engagées dans la lutte contre la criminalité faunique. S’il convient de décerner un satisfécit à toutes ces volontés pour cette veille permanente visant à sauvegarder les espèces animales, il est toutefois déploré le guet-apens qu’elles tendent en toute conscience aux présumés trafiquants. Fort de ce qu’il n’y a pas de corrompus sans corrupteurs, il y a lieu de se demander comment les activistes de ces organisations arrivent à tirer leur épingle de ce jeu malsain dont ils sont les instigateurs. Les indicateurs de la police qui se retrouvent être les soi-disant acheteurs de ces objets de valeur issus d’actes de braconnage s’en tirent à bon compte et se plaisent à exhiber tels des trophées de guerre les prises opérées par les forces de sécurité par leur entregent.
Que cache bien leur obsession à pousser des individus à commettre des forfaits en leur faisant d’aussi alléchantes propositions ? Pourquoi susciter cette envie aux populations d’aller braconner si l’on sait qu’elles ne sauraient résister à l’appel de l’argent ? Procéder comme tel n’attiserait-il pas les actes de braconnage ?
Sachant bien qu’en dépit des dispositions mises en place pour les protéger, certaines espèces animales continuent d’être la cible de trafiquants, faille-t-il encore en ajouter à leurs misères en appelant des individus à organiser des tueries dans les réserves de faune pour juste les voir croupir en prison ?
Autant de questions que se posent nombre de personnes confortées aujourd’hui dans leur posture par la volonté manifeste des autorités judiciaires à faire comparaître également les indicateurs et autres faux acheteurs utilisés dans le vil dessein de mettre aux arrêts des individus pour des raisons que ces Ong sont les seules à connaître?