La Nation Bénin...
La Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (Mgf) a été célébrée lundi 6 février. Occasion pour faire prendre conscience des menaces de cette pratique sur la santé des femmes. « Bâtir un pont solide et interactif entre l’Afrique et le monde afin d’accélérer l’abandon des mutilations génitales féminines », c’est le thème qui a focalisé l’attention à cette édition.
Considérées comme une violation des droits des jeunes filles et des femmes, les mutilations génitales féminines (Mgf) ou excision sont le reflet d'une inégalité profondément enracinée entre les sexes et constituent une forme extrême de discrimination à l'égard des femmes. Elles recouvrent toutes les interventions incluant l'ablation partielle ou totale des organes génitaux externes de la femme ou toute autre lésion des organes génitaux féminins qui sont pratiquées pour des raisons non médicales, selon le Fonds des Nations Unies pour la population (Unfpa). La Confédération internationale des sages-femmes et la Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique les définit comme étant une pratique « traditionnelle et rituelle qui a des conséquences néfastes sur la santé de la jeune fille et de la femme en général, et sur son appareil reproducteur en particulier ».
Bien que de nombreux pays aient interdit cette pratique, l’ablation des organes génitaux persiste à certains endroits où elle représente un rituel ancien lié à des facteurs culturels, religieux et sociaux en vigueur au sein des familles et des communautés.
Le phénomène touche plusieurs millions de filles chaque année, selon les spécialistes de la santé. Pour l’Unicef, les mutilations génitales féminines violent les droits humains et ruinent la santé et le bien-être d’environ 3 millions de filles chaque année.
Or, commente le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, « Il ne peut y avoir de développement durable sans la réalisation pleine et entière des droits fondamentaux des femmes et des filles ».
Les Mgf/Excision restent tout aussi dangereuses pour la santé des victimes. Ces pratiques violent les droits à la santé, à la sécurité et à l'intégrité physique, le droit d'être à l'abri de la torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que le droit à la vie lorsqu'elles ont des conséquences mortelles. En l’absence de toute nécessité médicale, elles exposent les victimes à de graves conséquences sur leur vie et leur bien-être.
Autres effets désastreux
La pratique peut provoquer de graves hémorragies et des problèmes urinaires, et par la suite des kystes, des infections, la stérilité, des complications lors de l'accouchement, et accroître le risque de décès du nouveau-né. En plus des traumatismes psychologiques que cela entraîne, le phénomène est souvent réalisé à l’aide d’instruments rudimentaires et sans anesthésie. Il peut de ce fait, engendrer chez les femmes des complications telles que des douleurs, un état de choc, la stérilité, des difficultés pendant les règles et l'accouchement.
L’Organisation mondiale de la Santé (Oms) estime qu’il survient « entre un et deux décès périnatals supplémentaires pour 100 accouchements chez les enfants nés de femmes ayant subi ces pratiques ».
Pour le Fonds des Nations Unies pour la population, l’éradication des Mgf fait partie intégrante du combat contre les violences basées sur le genre. Ces pratiques violent également le droit à la protection face aux pratiques traditionnelles dangereuses et le droit des femmes à décider de leur propre reproduction. D’où l’engagement renouvelé de l’Unfpa et de l’Unicef, à travers le plus grand programme mondial visant à accélérer l’abandon des mutilations génitales féminines. Ce programme est concentré dans dix-sept pays africains et soutient différentes initiatives régionales et internationales visant à bannir la pratique.
La lutte contre l’excision constitue aujourd’hui un défi planétaire. L’objectif de développement durable n°5 appelle à mettre un terme aux mutilations génitales féminines d’ici à 2030. L’élimination de la pratique a fait également l’objet de nombreux appels de la part d’organisations intergouvernementales, notamment l’Union africaine, l’Union européenne et l’Organisation de la coopération islamique.
Pour encourager l’abandon des Mgf, il faudra aussi mettre en œuvre des initiatives coordonnées et systématiques mais aussi impliquer l’ensemble des communautés sur la question des droits fondamentaux des femmes et celle de l’égalité des sexes. Ces initiatives doivent renforcer le dialogue social et permettre aux communautés d’agir entre elles-mêmes collectivement en vue d’éliminer cette pratique. Aussi, permettront-elles de répondre aux besoins des femmes et des filles qui subissent les conséquences de cette pratique, notamment en matière de santé sexuelle et reproductive?