La Nation Bénin...
Les fidèles catholiques
ont entamé le jeûne chrétien, qui prépare à la fête de Pâques. Père Eric
Ahissou, curé de la paroisse Notre de la Visitation située à Gbèdagba dans la
ville de Cotonou, explique le sens du temps de carême, ses piliers, et invite à
un détachement des biens de ce monde et des plaisirs de la chair, pour une
communion véritable avec Dieu.
La Nation : Que retenir du
carême en quelques points ?
Père Eric Ahissou : Le mot
carême vient du latin quadragesima dies qui veut dire 40e jour avant Pâques.
Donc, le carême est une période de 40 jours qui prépare spirituellement le
peuple de Dieu à la fête de Pâques, qui constitue le cœur de la foi chrétienne.
En termes de référentiel biblique, ça renvoie d’abord aux 40 jours que le
Christ a passé en jeûnant dans le désert, et dans l’ancien testament, aux 40
années que le peuple d’Israël a pris pour cheminer de la maison de servitude à
la terre de liberté. Le Pape François a envoyé un message de carême dont le
titre est évocateur à savoir, à travers le désert du temps de carême, nous
sommes guidés vers la liberté. Le temps de carême nous pousse à marcher tout
doucement pour aller à la liberté véritable que le Seigneur veut pour tous ses
enfants. Il faut se libérer des pesanteurs, du péché, de tout ce qui nous
retient loin de Dieu. C’est l’essentiel de ce temps fort. Que chaque chrétien
fasse l’effort de se détacher de ce qui est attachant. Or, nous savons que ce
qui est attachant, ce sont les biens de ce monde, les plaisirs de la chair etc.
Quels sont les piliers du
carême ?
Pour arriver à ce
détachement il y a trois piliers à savoir, la prière, le jeûne et l’aumône. Ces
trois piliers ne sont pas à prendre de façon isolée. C’est un tout.
C’est-à-dire se détacher d’abord de soi-même, et pour se détacher de soi-même,
il faut s’attacher à Dieu par la prière, s’attacher au prochain par l’aumône,
et le véritable détachement est de jeûner soit même pour pouvoir y arriver. Il
faut que le Seigneur nous aide pendant ces jours-ci, à revenir à lui de tout
notre cœur. Vivre le temps de carême, c’est s’appuyer sur ces trois béquilles
en s’attachant d’abord à Dieu, au prochain, et en revenant au Seigneur de tout
notre cœur. C’est lui qui nous appelle, il va nous fortifier, il va nous guider
sur le chemin.
Qu’est-ce que le carême
n’est pas ?
Le carême n’est pas un
temps de deuil. Ce n’est pas un temps de privation pour privation. Ce n’est pas
un temps difficile, où il faut avoir une mine renfrognée. Le temps de carême
est redouté par certaines personnes, qui pensent que c’est un temps de privation
pour privation, un temps où il faut souffrir dans sa chair. Au contraire, c’est
un temps spirituel fort, un temps de joie, parce que notre véritable joie se
retrouve lorsque nous sommes en communion avec le seigneur. Le temps de carême
nous ramène à l’essentiel qu’est le seigneur. Et pour mieux vivre cela, il faut
que nous quittions ce qui nous distrait dans ce monde. C’est peut-être ça
l’effort. Mais, l’objectif, la finalité n’est pas de nous voir tristes.
L’essentiel est de revenir au Seigneur qui est la source de notre joie, et
d’être heureux de sa joie.
Comment s’organise le
temps de carême sur les paroisses ?
Nous essayons au plan
spirituel d’être plus réveillé. C’est-à-dire qu’il y a des moments de
récollection. Des temps où personnellement ou collectivement, l’on invite les
fidèles à prier. Chaque groupe, chaque mouvement a un temps pour voir comment
est-ce qu’il est en train de marcher, dans la mission qu’il a reçue au sein de
la communauté, et comment faire mieux pour revenir vraiment à l’essentiel qui
est Dieu. C’est un temps intense de prière. Il y a plus de prière,
d’exhortation, de recommandations vis-à-vis des fidèles, et tout cela compte.
Ce n’est pas comme les autres temps. Il y a une pression positive pour que le
chrétien puisse se raviser et revenir à l’essentiel.
Le chemin de croix est
l’un des éléments du moment de carême. Pourquoi cette activité ?
Le carême débouche sur
Pâques. Or, avant Pâques, il y a la passion. La mort de notre Seigneur Jésus
Christ. Donc, il y a la croix. On ne peut pas parler du temps de carême sans
voir en filigrane la croix. Ce n’est pas possible. Le chemin de croix est une
dévotion qui nous rappelle ce que le Christ a enduré pour notre salut. Il est
fortement recommandé-ce n’est pas une obligation-que pendant le carême, que le
chemin de croix soit vécu, surtout les vendredis, et les fidèles s’y adonnent à
cœur joie. L’objectif est que nous n’oublions jamais ce que le Christ Jésus a
vécu pour nous, en souffrant pour nous, que nous communions à sa souffrance, et
que cela nous aide vraiment à prendre conscience du prix qu’il a payé pour
notre salut, et par voie de conséquence à fuir le péché.
Quels sont les signes par
lesquels le Chrétien peut savoir à la fin, s’il a bien vécu ce temps de carême
?
Ce sont des signes de
conversion. C’est-à-dire qu’un chrétien qui a bien vécu le temps de carême, va
constater qu’il s’est détaché vraiment de certains penchants mauvais, de
certaines pesanteurs. Qu’il s’est peut-être détaché de la colère, de la
gourmandise, de la rancune, qu’il a fait un effort pour se réconcilier avec son
épouse, son époux, avec ses enfants, ses frères et sœurs, qu’il est allé
visiter les pauvres, les malades, qu’il a donné aux pauvres etc. Lorsqu’on a
fini le carême et que le vendredi saint, on fait le grand chemin de croix qui
est la clôture de cette période avant de passer à la veillée pascale, on doit
se sentir spirituellement plus léger. Le chrétien qui se sent plus léger, plus
détaché des choses de ce monde, et qui vit une plus grande communion avec Dieu
a réussi son carême.
Un message aux chrétiens
Je leur souhaite un bon
cheminement. Je nous exhorte à mettre à profit ce temps. Que ce ne soit pas un
carême de plus, mais un carême qui apporte un plus. Que ce soit un temps où
essentiellement, chacun dès aujourd’hui fasse son examen de conscience, fasse
le point, et puisse voir dans quel état spirituel il est, et commencer avec
l’aide de Dieu l’effort qu’il doit faire pour que tout doucement, les jours
passant, nous puissions nous sentir de plus en plus légers, et disponibles
totalement entre les mains de Dieu.