La Nation Bénin...
La Cour d’assises de la Cour d’appel de Parakou a connu samedi 4 juillet dernier d’une affaire de coups mortels pour laquelle le prévenu Mama Oumarou était appelé à répondre à la barre. Au terme de l’audience qui s’est déroulée sous la houlette du président Ignace Edouard Gangny, il a été condamné à six mois d’emprisonnement alors qu’il avait déjà passé cinq ans en tôle.
«Bina Sambo fut le premier époux de dame Pétou Abdoulaye, 37 ans, ménagère avec qui il eut un enfant avant leur divorce. Elle s’est remariée à un autre homme dont elle s’est séparée par la suite pour rejoindre le domicile de ses parents. Par la suite, Pétou fit la connaissance de Mama Oumarou avec qui elle vit au domicile de ses parents. Bina Sambo, le premier époux qui n’a toujours pas digéré le départ de son ex-femme, ne cessait de proférer des menaces à l’encontre du nouveau couple. Dans la nuit du 13 au 14 juillet 2010, l’ex-mari s’est rendu au domicile du couple vers 1heure du matin. Il ouvrit la porte de la chambre qui n’était pas fermée à clé et se mit à rouer de coups Mama Oumarou. Ce dernier réussit à lui prendre le coupe-coupe qu’il portait et parvint à lui donner un coup à la tête. L’assaillant sort de la chambre mais en chemin, il tombe un peu plus loin dans un champ où il rendit l’âme ». Ce sont les faits qui ont conduit dans le box des accusés samedi dernier, le bouvier peulh d’origine nigériane Mama Oumarou, 35 ans, domicilié à Sinendé et mis sous mandat de dépôt depuis le 19 juillet 2010.
L’audience pour son jugement est présidée par Ignace Edouard Gangny ; ses assesseurs ont noms : Epiphane Yéyé et Adame Nouhoum Banzou. La Cour était également composée des jurés Sylvestre Sacca Lafia, Clarisse Mandopa Dogo, Justin Franck Kanchémey et Yaya Akodan. Le greffier de l’audience s’appelle Me Cosme Dègla.
Comme à l’enquête préliminaire ou devant le magistrat instructeur, l’accusé n’a pas nié les faits samedi dernier. Devant la Cour, il dit regretter son acte et souligne qu’il n’avait aucune intention de donner la mort à son agresseur. Ce qui est arrivé n’est qu’un malencontreux incident et sa foi musulmane ne lui permet pas de commettre un crime, se défend-t-il.
Soulignons que le bulletin n°1 de son casier judiciaire ne porte mention d’aucune condamnation antérieure. Il était lucide au moment des faits.
En qualité de sachant, dame Pétou Abdoulaye a déposé aussi à la barre. Elle était enceinte. Le père de la victime était aussi présent à l’audience. Il s’est même constitué partie civile et a réclamé 700.000 francs CFA à titre de dommages et intérêts.
Légitime défense, six mois d’emprisonnement
Pour Francis Bodjrènou qui occupait le fauteuil du ministère public, les éléments de coups mortels sont réunis, en ce sens que le prévenu a porté des coups à la victime et l’a d’ailleurs reconnu, que sa volonté de causer des blessures à la victime est manifeste et que le coup porté a entraîné la mort. Mais, relativise-t-il, il s’agit d’une riposte de l’accusé vu que personne d’autre ne pouvait arrêter l’agresseur dans son élan, lui qui a violé le domicile de Mama Oumarou pour s’attaquer à lui. Dans le cas d’espèce, il s’agit d’une légitime défense conformément à l’article 328 du Code pénal, conclut l’avocat général Francis Bodjrènou. En fait, tous les éléments de l’excuse de la provocation sont réunis, note-t-il, se basant sur les dispositions de l’article 321 du Code pénal. Fort de ce développement, il requiert deux ans d’emprisonnement contre Mama Oumarou.
Comme l’on pouvait s’y attendre, l’avocat-conseil de l’accusé s’est attelé à défendre la cause de légitime défense en faveur de son client qui, dit-il, ne s’est pas maîtrisé face à l’agresseur qui l’a roué de coups de bâton. Pour Me Victorien Fadé, son client ne méritait pas de passer cinq ans de vie carcérale pour ces faits. Il plaide son acquittement pur et simple.
Au délibéré, la Cour déclare Mama Oumarou coupable de coups mortels, le condamne à six mois d’emprisonnement ferme et aux frais envers l’Etat et ordonne la confiscation de la machette mise sous scellée. Ayant déjà passé cinq ans en prison, l’accusé recouvre ainsi sa liberté si d’autres charges ne sont pas retenues contre lui.
Par rapport aux 700.000 F CFA réclamés par le père du défunt et qui l’aideraient, à l’en croire, à aider à prendre en charge la veuve et les cinq orphelins à lui laissés, la Cour après en avoir délibéré a renvoyé la cause à une prochaine session faute de pièces justificatives des prétendues charges.