La Nation Bénin...
Un litige domanial opposant les collectivités Dossavi-Yovo et Aïctchédji à Avlékété, commune de Ouidah, tourne au drame : l’assassinat d’Antoine Dossavi-Yovo. Les neuf présumés auteurs de ce crime ont été acquittés purement et simplement, vendredi 23 juin dernier, au terme de l’examen du neuvième dossier du rôle de la session supplémentaire 2017 de la cour d’assises de la cour d’appel de Cotonou.
Les accusés Guillaume, Philippe, Etienne dit Watalaï, André, Agbodjiédo, Isidore, Bernardin Dossavi-Yovo, Zihoué Bah et Beau-gars Aïtchédji sont acquittés au bénéfice du doute des faits de crime d’assassinat pour lesquels ils étaient dans les liens de la poursuite, vendredi 23 juin dernier. C’est la sentence retenue par la cour au terme d’une journée laborieuse qui les a vus tous défiler à la barre pour répondre aux questions de la cour, du représentant du ministère public et de la défense.
Lors de l’instruction à la barre, Guillaume Dossavi-Yovo déclare ne rien connaître de la mort d’Antoine. Il reconnaît toutefois qu’il y a un problème domanial qui a créé deux camps dans la famille Dossavi-Yovo.
En ce qui concerne Philippe Dossavi-Yovo, il confie être rentré vers 19 h 45 - 20 h et ne s’est pas approché du lieu de la bagarre. Il aurait fermé sa porte et se serait endormi ; car explique-t-il, Eugène et Antoine l’ont déjà blessé par le passé, lors d’une rixe.
Quant à Etienne Dossavi-Yovo, il déclare être intervenu avec André pour porter assistance et secours à Beau-gars blessé.
Agbondjèdo Dossavi-Yovo, la grand-mère, confie, quant à elle, qu’Innocent Dossavi-Yovo et Mama Cakpo Togan sont à la base du drame survenu. Beau gars Aïtchédji était blessé et gisait dans une mare de sang, poursuit dame Agbondjèdo, qui clame son innocence. Elle confirme que c’est elle qui a informé Philippe du drame.« J’ignore celui qui a tué Antoine », retient-elle.
Isidore Dossavi-Yovo déclare n’avoir rien fait et ajoute qu’il n’a pas aperçu Etienne sur les lieux.
Zinhoué Bah a épousé l’un des membres de la famille Dossavi-Yovo. Elle infirme son ingérence dans cette affaire.
Beau-gars Aïtchédji déclare n’avoir pas aperçu Bernardin Dossavi-Yovie sur les lieux du crime. A son réveil le lendemain au centre de santé, c’est Etienne qui l’a transporté à l’hôpital.
Bernardin Dossavi-Yovo, coiffeur a confié que c’est après le drame que son atelier a été cambriolé. Il nie son implication dans le drame.
Flou
Les témoignages qui devaient confondre les accusés ou les laver n’ont pu servir pour fonder la religion de la cour. Ils ne l’ont pas davantage éclairée.
Le premier témoin, Pierre Dossavi-Yovo, conducteur de véhicule, relate que le jour du drame, il a aperçu tous les accusés présents sur les lieux ; ils ont participé au crime, car chacun d’eux avait soit un coupe-coupe, soit un gourdin. Voyant arriver le véhicule de la Gendarmerie, ils ont fui, informe-t-il. Acculé de questions, il a varié et n’a pas pu reconnaitre l’accusé Etienne Dossavi-Yovo.
Quant à Barthélemy Dossavi-Yovo, lui aussi conducteur, il affirme que les accusés ont participé au drame. La preuve, tous étaient porteurs d’armes blanches. Il a pu reconnaitre lui, André parmi les accusés.
Bernard Dossavi-Yovo un autre témoin reconnait les accusés comme ayant tous participé au crime.
Adjovi Pierre Dossavi-Yovo, ancien militaire prétend qu’il serait difficile pour lui de témoigner pour un procès qui concerne sa famille. Il estime que ses parents lui en veulent. Son témoignage devant le juge d’instruction a été lu. Des dépositions qui n’ont nullement convaincu le représentant du ministère public.
Ce qui l’a fondé à requérir à charge et à décharge pour tous les accusés. Joseph Kploca rappelle que les accusés comparaissent pour l’assassinat d’Antoine Dossavi-Yovo. Il rappelle les faits et consent qu’il y a meurtre aggravé. Ce qui suppose la préméditation et le guet-apens. Mais cela ne suffit pas pour que le crime soit constitué, observe-t-il. « Il faut en plus l’imputabilité; à aucun moment je n’ai eu la preuve irréfutable de ce que les accusés ici présents ont utilisé des armes ou tout autre objet pour attenter à la vie du de cujus », soutient-il.C’est ce qui justifie, relève-t-il, sa conviction que l’on ne peut retenir les accusés dans les liens de la poursuite. Il requiert alors le doute pour Agbondjiédo Dossavi-Yovo et l’acquittement pur et simple pour tous les autres.
La défense embraie
Le terrain était dès lors balisé pour la défense. Le premier à plaider est Me Jonel do Rego. Il embouche la trompette de l’imputabilité. Il se pose un problème pour l’imputabilité du crime à tous les accusés, déclare-t-il.
Il se réjouit que le ministère public ait percé le mystère de ce dossier. Il rappelle la définition de l’assassinat et soutient qu’Agbondjiédo Dossavi-Yovo soit acquitté pour infraction non constituée et les 8 autres au bénéfice du doute. « Car les éléments du dossier et l’instruction à votre barre ne m’ont pas convaincu. Les témoins qui ont déposé n’ont pas été convaincants », justifie-t-il.
Les membres de la famille se sont réunis, relève la défense. Il n’y adonc pas de préméditation encore moins guet-apens, car beaucoup de contradictions se sont révélées lors des témoignages. L’un d’eux n’avait même pas pu reconnaître un des accusés. Il dit solliciter leur acquittement pur et simple.
A sa suite, Me Clarisse Hounzali aux intérêts d’Etienne Dossavi-Yovo plaide la non imputabilité à son client, car André l’avait mis hors de cause.Elle plaide l’acquittement pur et simple pour son client et pour les autres.
Me Rufin Tchiakpè pour Philippe Dossavi-Yovo déclare que l’instruction a retenu qu’il n’était pas sur les lieux ; c’est un pasteur, un chrétien fervent, un homme de paix ; quand lui-même avait été agressé, il avait porté plainte. C’est comme Job qui a payé pour sa foi. Il soutient son acquittement.
Me Azia Castel qui déclare être aux intérêts de Bernardin Dossavi-Yovo, confie que l’avocat général a déjà balisé la route; il plaide au principal l’acquittement pour Bernardin Dossavi-Yovo et au subsidiaire son acquittement au bénéfice du doute.
A quelques variantes près, les autres avocats de la défense que sont Mes Eugène Kougblénou, Michel d’Almeida, Magloire Yansounou, Paul Kato-Atita, Rafikou A. Alabi empruntent le même argumentaire. Ils ne souhaitent pas que la cour commette une erreur judiciaire en les condamnant.
Au prononcé du verdict, la cour les acquitte tous au bénéfice du doute pour défaut d’imputabilité du crime.
Dès lors, les ambitions des parties civiles, essentiellement les deux épouses de la victime, pour leur compte et celui des enfants n’ont pu prospérer¦
Résumé des faits
Un litige domanial oppose depuis des décennies, les membres des collectivités Dossavi-Yovo et Aïtchédji dans la localité d’Agbanzin Kpota (arrondissement d’Avlékété) et donne lieu à des affrontements fréquents entre elles. Le dimanche 12 décembre 2010, suite à une mésentente, Hélène Kindozan épouse Bernard Dossavi-Yovo aurait giflé la nommée Agbodjiédo Aïtchédji Dossavi-Yovo, une féticheuse. Celle-ci a fait appel à Marc Aïtchédji et Beau gars Aïtchédji , ses petits-fils pour la venger.Par le biais d’une mini-rencontre, Marc et Beau-gars Aïtchédji ont pu faire sortir Antoine Dossavi-Yovo, leur cible.Ce dernier s’est rendu à ladite rencontre, en dépit des mises en garde à lui faites par sa femme. Une bagarre a éclaté entre eux, au cours de laquelle Antoine Dossavi-Yovo a été grièvement blessé. Mais les membres de la collectivité Aïmontché, en l’occurrence, les nommés Guillaume, Philippe et Etienne Dossavi-Yovo dit "Watalaï", André, Bernardin, Agbodjiédo, Isidore, Zinhoué Bah et Beau gars Aïtchédji, armés de gourdins,de coupe-coupe et de haches ont opposé un refus catégorique à toute assistance au blessé. C’est grâce à l’intervention de l’équipe de patrouille de la gendarmerie de Ouidah, qu’Antoine Dossavi-Yovo a été transporté à l’hôpital de zone de ladite ville où il a rendu l’âme avant sa prise en charge.
Les extraits de casier judiciaire " bulletin n°1" des accusés ne porte trace d’aucune condamnation antérieure. Les rapports de l’expertise psychologique des divers accusés font état de ce qu’ils possèdent leur faculté mentale et intellectuelle non altérée. L’enquête de moralité leur est favorable.