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Rentrée solennelle 2018-2019: L’Ordre des avocats annonce ses défis

Société
Par   Anselme Pascal AGUEHOUNDE, le 19 nov. 2018 à 05h23
[caption id="attachment_31458" align="alignnone" width="1024"]Vue partielle des avocats présents [/caption]

L’Ordre des avocats du Bénin a effectué, vendredi 16 novembre dernier, sa rentrée solennelle pour l’année 2018-2019. Le bâtonnier Yvon Détchénou a invité ses confrères à plus de célérité et attiré l’attention du ministère de la Justice et de la Législative sur les projets phares et les besoins de l’Ordre.

Asseoir l’expertise juridique derrière la règle de droit, défendre non seulement le pain mais aussi la justice, c’est l’appel du bâtonnier Yvon Détchénou à l’égard de ses confrères pour cette nouvelle année judiciaire.
Faisant le bilan de l’année écoulée, il fait savoir que trois grandes évolutions ont marqué l’année judiciaire 2017-2018, trois résolutions de l’Uéoma qui influent positivement sur l’exercice de la profession. Il s’agit du règlement sur le droit de plaidoirie, du règlement sur l’acte d’avocat et du règlement sur la Capa (Une caisse pour la centralisation des fonds des clients entre les mains de l’Ordre pour garantir leur représentativité). Arborant les évolutions, il a également énuméré la reforme du règlement intérieur du Barreau béninois qui met en exergue sept nouvelles exigences relatives notamment à l’information, au compte-rendu..., ainsi que le développement de deux applications dont «ebarreau» pour faciliter le contact entre l’Ordre et les justiciables. Mais les projets et activités de l’Ordre sont grands et nécessitent l’appui du gouvernement et des partenaires. Il s’agit, entre autres, de la représentation des justiciables en situation de précarité, la construction de la maison de l’avocat... «Nous ne pouvons pas assumer seuls la charge de l’aide juridictionnelle. L’Ordre des avocats du Bénin doit être épaulé par le gouvernement, par les justiciables. Lorsqu’il faut se mobiliser, nous sommes disponibles, mais nous avons depuis deux ans épuisé toutes nos ressources», a indiqué le bâtonnier avant de rappeler l’exigence légale de la mise en place d’un fonds d’aide au fonctionnement de l’Ordre. Il ajoute : «Il est nécessaire que d’ici la fin de l’année nous puissions avoir l’autorisation et en plus l’accompagnement pour finir la construction de la maison de l’avocat».
L’autre doléance présentée par le bâtonnier est relative à la formation continue, la nécessité pour les avocats de bénéficier d’un financement pour le renforcement des capacités. Des nécessités auxquelles le ministre de la Justice et de la Législation n’est pas resté insensible. Il a promis de collaborer avec le Barreau pour la réalisation de ses grands projets et leur prise en compte dans l’élaboration des textes de droit. Il a assuré de l’engagement du ministère de la Justice à mettre à disposition tout le matériel technique et informatique nécessaire et à fournir à plein temps l’énergie électrique. Il a aussi rassuré de la mise en œuvre d’un plan de formation et de renforcement des acteurs de la justice. Rappelant les devoirs fondamentaux des gouvernants parmi lesquels le bien-être, la sécurité des personnes et des biens en particulier, celle des personnes vulnérables (femmes et enfants), le ministre soutient que la justice béninoise doit faire preuve d’efficacité et de fermeté.

Célérité dans la conduite de l’action en justice

En prélude à la rentrée officielle, les avocats ont participé à des journées scientifiques sur le thème «Le temps du procès», avec dix-huit sous-thématiques qui ont été débattues durant trois jours. Les grands axes développés lors de ces travaux ont été présentés à l’occasion de la rentrée solennelle du Barreau béninois. «Le temps est une réalité vivante de ce que nous avons été, de ce que nous sommes, de ce que nous serons. Le temps, c’est le cadre du droit. Le temps est un élément consubstantiel du droit», précise le rapporteur Me Achille N’gaza.
Les travaux ont permis de révéler deux facettes du temps. Le temps objectif, c’est le temps du procès, c’est-à-dire le temps de l’action et le temps du juge d’une part et d’autre part le temps subjectif qui est le temps façonné par les acteurs de la justice, les acteurs juridictionnels et les parties au procès. De ces travaux ressort la conclusion suivante : «La justice existe d’une part et d’autre part la justice a à faire avec les hommes et leurs caractères», fait savoir le rapporteur. Selon lui, il faudra alors des sanctions à l’encontre des parties non diligentes dans le processus pour qu’un procès cesse d’être le procès du temps pour être le procès à temps. «Tout retard est un délit de justice», a affirmé le ministre de la Justice Séverin Quenum. Il a invité les acteurs de la justice à la ponctualité et à la loyauté. Selon lui, les différents acteurs doivent travailler à maîtriser le temps du procès en faisant preuve de célérité.