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La filière avicole connaît un essor depuis dix ans au Bénin, mais les chantiers pour son plein épanouissement restent immenses. Les défis ont noms: renforcement des capacités des acteurs, accès au financement adapté, autosuffisance en œufs de consommation et en viande à des prix étudiés.
« Accroître la production pour combler le déficit national d’environ 40 % et prendre une part de 10 à 20 % des réexportations vers les pays de la sous-région, particulièrement le Nigeria d’ici l’an 2022, avec comme challenge de passer de 15 000 à 30 000 tonnes d’œufs et de 18 000 à 50 000 tonnes de viande par an d’ici 2021 ». Tels sont les défis majeurs qu’entend relever l’Interprofession de l’aviculture du Bénin (Iab) pour le rayonnement de ce secteur d’activité. Cela passe par le renforcement des capacités en termes d’amélioration de la qualité des ressources humaines, le développement de services économiques à l'endroit des professionnels des différentes chaînes de valeur, le plaidoyer et la bataille pour une inversion de la courbe d’importation des viandes congelées en faveur de la production nationale, explique Arouna Ottola, président de l’Iab.
En effet, bon nombre de producteurs sont des analphabètes ou des déscolarisés qui ont jeté leur dévolu sur ce secteur à défaut du mieux, sans une formation solide à la base. Ils ont donc besoin de renforcer leurs capacités techniques, de gestion et en ressources de travail tout comme le personnel de l’Unap-Bénin qui devra développer des services performants aux membres, élaborer et mettre en place de modèles d’affaires entre autres, admet le secrétaire permanent de l’Union nationale des aviculteurs professionnels du Bénin (Unap-Bénin), Camille Azomahou.
La dynamique de la filière avicole a été lancée depuis 2007 suite aux deux grandes crises qui ont secoué le secteur en 2003 et 2006. Reste à intensifier la transformation et l’amélioration de la rentabilité et de la compétitivité qui constituent également, à en croire Arouna Ottola, le cheval de bataille des acteurs. Ces derniers sont réfléchis, à la faveur des premières Journées nationales avicoles du Bénin (Jnab 2018) tenues du 22 au 24 novembre dernier à Cotonou, à un modèle avicole pour l’autosuffisance en œufs de consommation et en viandes. Ce modèle, le docteur vétérinaire et fermier, Michel Babadjidé, le propose à travers son centre « la Maison du paysan » qui prône la synergie entre plusieurs espèces.« Il faut améliorer l’élevage en le portant à un niveau de rentabilité pour faire de ça une activité génératrice de bénéfices et non de revenus », préconise Dr Michel Babadjidé. « Dans la Maison du paysan, près de 50 poussins pour une poule, c’est possible… Les poules pondent au moins 20 œufs… Produire à partir de 10 poules locales 300 poulets vivants, c’est un savoir à promouvoir », vante-t-il. C’est un modèle pour aboutir à une aviculture industrielle tant rêvée par les acteurs.
Lever les contraintes
Un plan stratégique de développement quinquennal 2016-2020 de la production avicole nationale est mis en œuvre pour atteindre une aviculture compétitive au-delà des frontières nationales. Il préconise la promotion de l’entrepreneuriat avicole à travers des regroupements (coopératives, petites, moyennes et grandes entreprises), la mise en place d’un centre de services d’intérêts communs en vue de résoudre les problèmes de disponibilité en quantité et en qualité à prix raisonnables des matières premières et autres intrants, équipements et matériels avicoles et de distribution des produits avicoles. C’est en cela que l’Union des fournisseurs d’intrants et de services en aviculture du Bénin (Ufisab) a un grand rôle à jouer dans la mise à disposition des poussins d’un jour, des aliments pour poulet, pintade, dinde et autre bétail, d’intrants vétérinaires (médicaments contre les épizooties) et dans l’offre de services zootechniques et vétérinaires à des prix abordables.
La mobilisation de ressources pour la mise en œuvre effective de la stratégie de développement de la production nationale reste un vaste chantier. Bien de producteurs ont encore du mal à accéder à des financements adaptés à leur activité, le crédit étant à un taux relativement élevé et nécessitant des garanties au niveau des banques.
Dans le même temps, des produits aviaires étrangers - de qualité douteuse - sont déversés sur le marché béninois à des prix défiant toute concurrence avec ceux des producteurs nationaux. Les acteurs locaux ont donc la lourde responsabilité d’offrir une gamme achalandée et qualitative de produits de volaille accessibles à tous à travers une distribution intense et professionnelle.