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Soulèvement contre des policiers à Adjohoun: Elus locaux, zémidjan et populations rappelés à l’ordre

Société
Le mot d’ordre est clair : plus jamais d’affrontement entre populations et forces de l’ordre à Adjohoun Le mot d’ordre est clair : plus jamais d’affrontement entre populations et forces de l’ordre à Adjohoun

La mine serrée et le ton sec, le préfet de l’Ouémé, Marie Akpotrossou, le maire d’Adjohoun par intérim, Aimé Oké et le directeur départemental de la Police républicaine de l’Ouémé, Dieudonné Djaho, ont condamné et rappelé à l’ordre, vendredi 5 avril dernier, les populations de la commune qui ont attaqué des policiers, deux jours plus tôt à Azowlissè, dans le cadre de l’opération de répression pour non port de casque. 

Par   Thibaud C. NAGNONHOU, le 08 avr. 2024 à 06h13 Durée 3 min.
#Soulèvement contre des policiers à Adjohoun

Le ton était sérieux, en cette matinée du vendredi 5 avril à la mairie d’Adjohoun. Le premier adjoint au maire d’Adjohoun, Aimé Oké, assurant l’intérim du maire François Zannouagbo en mission à l’étranger, et le préfet de l’Ouémé, Marie Akpotrossou, ont en effet convié à une séance les 66 chefs villages et quartiers de ville, les sages et notables de la ville, les conducteurs de taxi-moto communément appelés zémidjan, des acteurs de la société civile et autres populations. La rencontre a porté sur l’affrontement sanglant survenu, mercredi 3 avril dernier, entre les policiers et la population d’Azowlissè, dans le cadre de l’opération de répression pour non port de casque. Les échauffourées ont fait, faut-il le rappeler, quatre blessés dont deux graves dans le rang des populations. Les deux personnes grièvement blessées suivent actuellement des soins intensifs au Centre hospitalier universitaire départemental (Chud) Ouémé-Plateau à

Porto-Novo.

La séance de sensibilisation a été initiée pour mettre les populations d’Adjohoun face à leurs responsabilités. Le maire intérimaire et le préfet de l’Ouémé ne sont pas allés par quatre chemins pour condamner l’acte posé par les populations. « On se retrouve ici suite à des déboires dans le cadre de la répression pour non port de casque. Les gens sont allés jusqu’à attaquer le commissariat de police d’arrondissement d’Azowlissè. Vous voyez que j’ai raison de ne pas être contente ce matin avec vous, contrairement à mes habitudes », a dit Marie Akpotrossou, pour planter le décor. Pour l’autorité préfectorale, cette répression se mène sur l’ensemble du territoire national. Mieux, la police a fait assez de sensibilisations avant de la démarrer le 1er mars dernier. « Maintenant quel est le problème jusqu’à ce qu’on oublie qu’on a des élus communaux et un préfet au niveau du département à qui on pouvait s’adresser pour qu’une solution concertée soit trouvée ?», a demandé l’autorité préfectorale. Pour elle, on n’a pas besoin d’attaquer des édifices publics quand des voies de recours existent.

Plus jamais ça !

Tout comme la patronne de la préfecture de Porto-Novo, le maire intérimaire, Aimé Oké, affirme que tout le conseil communal d’Adjohoun condamne lesdites échauffourées. C’est d’ailleurs pourquoi, cette rencontre a été initiée. « Plus jamais un affrontement entre populations et forces de sécurité à Adjohoun ! », a indiqué Aimé Oké. Le maire intérimaire rassure que la paix est totalement revenue à Adjohoun. Les policiers peuvent y travailler en toute quiétude et poursuivre la répression pour non port de casque. « Il n’y aura plus de pareilles échauffourées dans notre commune. Notre population n’est pas si têtue pour récidiver », a indiqué le premier adjoint au maire pour rassurer le préfet, l’invitant ainsi à faire à nouveau confiance à sa population.

Le directeur départemental de la Police républicaine de l’Ouémé, Dieudonné Djaho, a saisi l’occasion pour revenir, en langue locale goun, sur le bien-fondé de la mesure du port de casque visant notamment à protéger les populations contre les accidents de la route. Il a annoncé à l’assistance le démarrage imminent de la seconde phase de l’opération et les infractions à réprimer.  Les chefs villages, notables et zémidjan saluent l’initiative de la séance. Ils promettent de partager le message dans leurs quartiers, villages et hameaux pour que de telles situations ne se reproduisent et que la cohabitation entre policiers et populations soit dorénavant pacifique.

Faut-il le rappeler, l’affrontement sanglant est survenu mercredi 3 avril dernier, lorsque la police poursuivait un conducteur de taxi-moto transportant deux passagers dont l’un était sans casque. Le motocycliste a tenté de fuir vers une maison. Mais il n’ira pas loin. Dans sa course, il a été arrêté par des éléments de la police qui se sont mis à ses trousses. La tension est montée d’un cran entre les forces de l’ordre, le motocycliste, ses passagers et la population avoisinante. Ces derniers ont voulu s’opposer à l’arrestation. Les populations se sont ruées sur le commissariat de police d’Azowlissé où sont gardées les personnes arrêtées. La police a riposté pour refouler les assaillants qui faisaient usage de jets de pierre et autres pour manifester leur colère¦