La Nation Bénin...
Coupable de vol à main armée, crime prévu et puni par l’article 381 du Code pénal, le nommé Abdou Karim Mouhamadou, Nigérien, cultivateur, 31 ans, a été condamné mercredi 8 juillet dernier à cinq ans de réclusion criminelle. L’audience de son jugement présidée par Aboudou Ramanou Ali s’inscrit dans le cadre de l’examen de la 7è affaire inscrite au rôle de la première session de la Cour d’assises de la Cour d’appel de Parakou au titre de l’année 2015.
A deux, ils s’en prennent à un taxi-moto dont ils ont sollicité les services un jour du marché de Tsamiga (Ségbana), pour lui arracher sa motocyclette sous la menace d’un coupe-coupe. Bien mal leur en a pris : les braqueurs sont rattrapés dans une course-poursuite par les populations alertées, puis conduits à la gendarmerie. Inculpés pour le chef d’accusation de vol à main armée, crime prévu et puni par l’article 381 du Code pénal paragraphe 1, les sieurs Abdou Karim Mouhamadou et Amidou Aboudou, tous deux Nigériens, sont traduits devant la justice. Le cas d’Amidou Aboudou, mineur au moment des faits, a été disjoint ; le garçon a été jugé par le tribunal pour enfant statuant en matière correctionnelle et relaxé purement et simplement l’année dernière.
C’est ainsi qu’Abdou Karim Mouhamadou s’est retrouvé seul hier dans le box des accusés. Ses intérêts sont défendus par Me Jean de Dieu Houssou face au ministère public représenté par Delphin Chibozo. La Cour qui a examiné le dossier est composée du président par Aboudou Ramanou Ali, des assesseurs Aleyya Gouda Baco et Mathieu Assogba Kakpo et des jurés Justin Franck Kanchémey, Azaratou Guerra Bagri, Poulo Amadou Sambo et Clarisse Madopa Dogo. Me Ambroise Alassane a tenu le secrétariat de l’audience pour le greffe.
A la barre, l’accusé n’a pas nié les faits. «C’est moi qui ai eu l’idée d’arracher une moto et l’a partagée avec mon ami que je connaissais depuis le Niger. Mon ami a dit que si nous pouvons réussir, ce serait bien. Nous ne faisons pas partie d’un groupe », confie l’accusé. Il dit avoir sur lui un coupe-coupe ce 19 avril 2012 où les faits se sont déroulés, mais n’en a pas fait usage. Devant le magistrat instructeur, lui et son jeune compagnon avaient nié être armés de coupe-coupe. Hier, il a reconnu formellement ladite machette mise sous scellé.
En plus du coupe-coupe, il dit avoir sur lui un litre d’essence qu’il allait mettre dans la moto au cas où l’opération réussirait et qu’en chemin le carburant finissait. «Je suis cultivateur. Je souffre. Je n’ai rien. Je suis marié à deux femmes et père de quatre enfants. C’est pour ça l’idée m’est venue», avance-t-il pour justifier son forfait. C’est la première fois que j’ai fait ça et ça n’a pas réussi. S’il plaît à Dieu, ce serait la dernière fois», promet le braqueur qui implore la clémence de la Cour.
Cinq ans de réclusion criminelle
Dans ses réquisitions, l’avocat général démontre que les éléments matériel, légal et intentionnel relatifs à l’infraction de vol à main armée sont constitués. Car, non seulement, les deux individus reconnaissent avoir frauduleusement soustrait la motocyclette du sieur Sanoussi Noma qu’ils ont sollicité pour les amener de Tsamiga à Ségbana, mais aussi avec la circonstance que l’un deux, Abdou Karim Mouhamadou en l’occurrence, portait sur lui une arme : un coupe-coupe et en a fait même usage. Le ministère public fait observer que l’enquête de moralité réalisée auprès de ses codétenus n’est pas favorable à l’accusé. En effet, le prévenu est décrit comme agressif, impulsif, bagarreur en prison. Il signale que le bulletin n°1 de son casier judiciaire ne porte mention d’aucune condamnation antérieure. Le rapport d’expertise psychiatrique et médico-psychologique réalisé par le médecin psychiatre Francis Tchégnonsi Tognon montre qu’il possédait toutes ses facultés au moment des faits. Etant lucide au moment de l’action, le mis en cause est accessible à la sanction pénale, en déduit Delphin Chibozo qui requiert sept ans de travaux forcés contre lui.
Son avocat, Me Jean de Dieu Houssou, soutient dans sa plaidoirie qu’Abdou Karim Mouhamadou n’a pas fait usage du coupe-coupe parce que rien ne le prouve dans le dossier et la victime n’a eu aucune blessure. Pour cela, il suggère la disqualification des faits de vol à main armée et une requalification en vol simple pour une correction exemplaire à son client. Il demande à la Cour de lui accorder le pardon par ces temps de carême musulman, afin de ne pas créer d’autres délinquants à travers les quatre enfants abandonnés à la charge de leur mère par l’accusé en détention depuis le 20 avril 2012. La réplique du ministère public ne s’est pas fait attendre. Delphin Chibozo insiste qu’il y a eu bel et bien usage de l’arme puisqu’elle a servi à faire peur à la victime qui s’est enfuie pour abandonner la moto aux ravisseurs.
Après en avoir délibéré conformément à la loi, la Cour déclare le sieur Abdou Karim Mouhamadou coupable de crime de vol qualifié, le condamne à cinq ans de réclusion criminelle et aux frais envers l’Etat, ordonne la confiscation et la destruction du coupe-coupe sous scellé. Elle avise qu’il dispose de trois jours francs pour pourvoir en cassation. Abdou Karim Mouhamadou est donc retourné en prison pour y passer encore un an neuf mois et quelques jours.