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Noélie Yarigo, médaillée de bronze aux Mondiaux d’athlétisme en salle: « Je suis qualifiée pour les Jeux olympiques, vous n’avez pas à vous inquiéter »

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Noélie Yarigo, médaillée de bronze pense déjà aux Jeux  olympiques Paris 2024 Noélie Yarigo, médaillée de bronze pense déjà aux Jeux olympiques Paris 2024

Modèle d’endurance et de courage, l’athlète Noélie Yarigo a permis au Bénin de décrocher la médaille de bronze aux derniers Mondiaux d’athlétisme en salle. Dans cet entretien, elle parle de cette prouesse, de ses motivations, de son entraineur et des préparatifs des Jeux olympiques Paris 2024 où elle est attendue pour défendre les couleurs nationales. 

Par   Christian HOUNONGBE, le 22 mars 2024 à 08h24 Durée 4 min.
#Noélie Yarigo, médaillée de bronze aux Mondiaux d’athlétisme en salle

La Nation : Comment vous sentez-vous de retour au Bénin après avoir décroché la médaille de bronze aux Mondiaux d’athlétisme à Glasgow ?

Noélie Yarigo : Je rentre avec la fierté d’avoir réalisé quelque chose de grand pour mon pays, le Bénin. Je suis contente d’avoir décroché enfin cette médaille au bout de 8 années de travail.

D’où avez-vous tiré cette énergie qui vous a propulsée au-devant de la scène alors même que beaucoup vous voyaient forclose ?

Vous avez raison. Beaucoup de personnes ne croyaient plus en moi. Les gens disaient : « Tu es vieille, tu ne peux plus courir », chaque fois que je m’arrêtais à l’étape de la demi-finale. Ce n’était pas facile. J’aurais pu me décourager mais j'ai dû travailler très dur pour atteindre ce niveau. Je me suis donnée à l’entrainement. Je remercie mon coach qui a beaucoup fait pour moi.

Quel était votre objectif avant ces Mondiaux de Glasgow ? 

Mon objectif était de passer le maximum de tours pour atteindre la finale parce que je savais qu’arriver en finale, je ferai tout pour décrocher cette médaille. En m’engageant pour cette compétition, je savais que j'étais en forme. Mais, au 800 m, on ne peut pas prédire ce qui peut arriver. En tout cas, j’avais ce qu’il faut dans les jambes et je suis allée chercher cette médaille.

Finalement, une médaille aux Mondiaux en salle. Pensez-vous que c'est plus facile de réaliser des performances en salle ?

En salle, c'est très difficile de réaliser des performances. D’abord, la piste est de 200 m et c’est compliqué de gérer l'effort, car il y a des virages dans lesquels il est difficile de ralentir par rapport à une piste de 400 m où l’on sait quand ralentir. 

Ne croyez-vous pas que les propos de ceux qui ne vous voyaient plus venir vous ont boostée finalement ?

Je puis vous dire que ces genres de propos m’ont rendue plus forte. Je m’étais dit que j’allais travailler dur pour prouver que l’âge n’était qu’un concept et que rien ne peut arrêter une femme motivée.

On vous connaissait avec Claude Guillaume comme coach, comment s’est passé le changement d’entraineur ? 

Mon ancien coach est allé au Kenya et cela me coûtait cher de me déplacer vers lui pour aller m’entrainer là-bas. Car, mon budget ne me permettait pas d’aller souvent au Kenya.  Et comme l’épouse de Valentin était un athlète de haut niveau qui fait du 15000 m, je l’ai sollicité en disant que ça sera une bonne combinaison. J’avais besoin de partenaire d’entrainement. Et, comme j’avais déjà rencontré le coach lors de plusieurs meetings, j’ai tenté ma chance et ça a marché avec lui. J’ai pris le risque et l’adaptation a été possible.

 

Parlant de votre nouveau coach Valentin Anghel, en quoi a-t-il a été utile pour vous ?

Mon nouveau coach est tout pour moi. Il est à la fois un père et un psychologue pour moi. La première fois quand je l’ai rencontré et j’ai demandé à intégrer son équipe, je lui ai posé la question de savoir si je peux encore courir. Il m’a regardée et a souri avant de sortir un catalogue d’athlètes qui ont réussi malgré l’âge avancé. Il m’a montré beaucoup d’exemples de filles plus âgées que moi qui avaient réalisé des performances intéressantes. Il m’a rassurée et motivée à aller de l’avant. Il a été toujours là quand ça n’allait pas. Il a boosté mon mental et m’a permis de comprendre que je peux faire face à toutes sortes de challenges.

Pourquoi êtes-vous absente aux Jeux africains qui se déroulent actuellement au Ghana?

Je me suis toujours libérée pour défendre les couleurs de mon pays. Mais, j’avais décidé avec mon coach de me concentrer sur les Mondiaux de Glasgow; vous savez qu’après une telle randonnée, il va falloir récupérer avant les Jeux olympiques. Ce n’est pas facile de récupérer après trois courses et je ne veux pas prendre le risque de m’aligner sur une nouvelle compétition après cette débauche d’énergie aux championnats du monde en salle.

Vous êtes qualifiée pour les Jeux olympiques. Comment entendez-vous défendre les couleurs nationales à cette compétition ?

Je suis qualifiée pour les Jeux olympiques. Je serai aux J.O et vous n’avez pas à vous inquiéter. J’ai un bon programme de préparation avec mon entraineur. Nous aurons deux mois de stage de préparation pour cette compétition. Après mon séjour à Cotonou, je pars directement à Sierra Nevada qui est à plus de 3 200 m d’altitude. C’est comme au Kenya. Car quand on est en altitude, l’entrainement est difficile et quand on descend, on gagne en oxygène. Je vais mettre toutes les chances de mon côté pour pouvoir être en forme lors de cette compétition. 

Pensez-vous que la relève est assurée et qu’après Noélie Yarigo, le Bénin peut continuer à rêver ?

Je pense qu’avec le temps, d’autres athlètes peuvent me remplacer. On ne forme pas un champion en deux ans, c’est un long processus. La fédération fait un bon travail en cette matière. Il faut du temps pour avoir un grand champion. Car, demain, je serai fière de voir mes jeunes sœurs m’emboîter le pas.

La France a voulu vous enrôler pour défendre ses couleurs mais vous avez choisi de conserver votre nationalité. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

C’est vrai que la France a voulu que je défende ses couleurs mais je reste patriote. J’ai pris sur moi la responsabilité de continuer à défendre ma patrie. Je reste la Guéparde de la Pendjari.

A 38 ans, Noélie Yarigo pense déjà à l’après-carrière ?

Je n’ai pas à me projeter sur l’après-carrière. Je n’ai pas encore 40 ans. Je ne veux pas qu’on me parle de l’après-carrière. Je ne veux pas m’arrêter. Je suis très motivée pour aller briser d’autres barrières. Je vis ma carrière au jour le jour pour l’instant. Je ne veux pas me disperser. Je vais me concentrer sur la préparation aux Jeux olympiques Paris 2024.

On sait que Noélie Yarigo est de l’Armée. Quel message avez-vous à l’endroit de vos frères d’arme ?

L'Armée a fait de moi une guerrière, la Guéparde que vous connaissez. Je pense que c’est de l’Armée que je tiens cette rage de vaincre : l’envie de ne jamais abandonner. L’Armée nous a appris à ne jamais abandonner.  Je remercie la hiérarchie de m’avoir toujours soutenue.