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Coopération transfrontalière: Le Bénin et le Nigeria consolident les liens culturels

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La signature, ce lundi 18 août à Cotonou, de mémorandums d’entente entre le Bénin et le Nigeria dans les aires linguistiques Boo, Baatonu et Nago-Yoruba, marque une nouvelle étape de la coopération transfrontalière. Autorités locales, institutions nationales et partenaires techniques ont salué un cadre inédit de rapprochement entre communautés unies par l’histoire, la culture et la langue.

 

Par   Babylas ATINKPAHOUN, le 19 août 2025 à 07h18 Durée 3 min.
#Coopération

Le Bénin et le Nigeria ont franchi un pas supplémentaire dans la consolidation des liens historiques et culturels, ce lundi 18 août. Réunis autour des aires linguistiques Boo, Baatonu et Nago-Yoruba, les deux pays ont procédé à la signature de mémorandums d’entente visant à renforcer la coopération transfrontalière. L’événement, placé sous le signe de l’unité des peuples, s’inscrit dans la continuité de la rencontre tenue en avril et en mai derniers à Parakou. Pour Adébayor Simon Dinan, maire de la commune de Pobè et président de l’Association béninoise des communes frontalières (Abcf), il s’agit d’une suite logique aux actions déjà entamées. « A l’époque, huit maires du Bénin avaient pris part aux travaux. Aujourd’hui, nous sommes onze, avec l’entrée des communes de Sèmè-Kpodji, Avrankou et Adjarra dont les populations parlent aussi la langue yoruba. Elles partagent en outre une frontière avec Badagri 1 et Badagri 2 », a-t-il fait remarquer. Au-delà d’une simple formalité administrative, la rencontre a mis en lumière l’importance des langues et cultures comme passerelles entre les peuples. Youssoufou Adam, directeur général de l’Agence béninoise de gestion intégrée des espaces frontaliers (Abegief), a insisté sur la force d’une identité partagée. « Cette identité culturelle qui existe entre nous depuis des siècles est une suture qui ne peut jamais s’effacer. Elle sera matérialisée dans les faits, à travers des projets intégrateurs pour les communautés transfrontalières. Depuis toujours, le colonisateur a implanté des frontières. Mais nous, notre identité fait que nous serons toujours ensemble», a-t-il clarifié. Selon lui, la signature des mémorandums constitue un acte fort, destiné à aller au-delà des frontières et à effacer symboliquement les divisions artificielles héritées de l’histoire coloniale. « Ce jour sera un jour immémorial, car la signature de ces documents nous permettra d’aller de l’avant», a-t-il affirmé. Côté nigérian, Adamu Adadji, directeur général de la Commission nationale des frontières (Nbc), a rappelé que l’initiative dépasse la simple signature d’un texte légal. « Le mémorandum d’entente n’est pas seulement un instrument légal, mais aussi un moyen d’exprimer que nous sommes un. Nos frontières doivent devenir les portes de la paix, de la prospérité et du respect mutuel, et non les barrières de la division», a-t-il rappelé. Pour lui, cette démarche renforce la richesse de l’héritage socio-culturel commun, tout en ouvrant la voie à une meilleure coexistence et à l’amélioration des conditions de vie des communautés vivant de part et d’autre de la frontière.

Au cœur du processus

L’acte tenu à Cotonou a également mis en exergue le rôle central des collectivités locales dans l’opérationnalisation de cette coopération. Bakary Sanou, chef projet frontière à la Coopération allemande, a salué l’ancrage local de l’initiative. « La Convention de Niamey de 2012 sur la coopération transfrontalière, ratifiée par le Bénin et le Nigeria, a posé le cadre légal. Mais la véritable intégration se pratique au jour le jour dans les collectivités frontalières. C’est là qu’intervient la diplomatie locale préventive. Les langues et cultures sont des leviers essentiels pour transformer la frontière en passerelle d’intégration », a-t-il soutenu. Le représentant de la Giz a également rappelé que les espaces frontaliers sont des “bassins de vie”, où la frontière doit être une opportunité de développement, et non un obstacle. La coopération, selon lui, doit s’appuyer sur des projets concrets comme les forages, les infrastructures communautaires ou encore des activités économiques partagées que la coopération allemande ne manque pas d’ailleurs de soutenir.

La signature des mémorandums s’inscrit aussi dans la dynamique plus large de l’intégration prônée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). En faisant de la frontière un espace d’échanges plutôt que de séparation, le Bénin et le Nigeria traduisent en actes l’ambition d’une “Cedeao des peuples”. Pour les maires, élus locaux et représentants institutionnels présents, cette coopération linguistique et culturelle ouvre la voie à un dialogue durable et à des initiatives communes dans divers domaines tels que l’éducation, la promotion les langues locales, la valorisation du patrimoine culturel, mais aussi la mise en place de projets économiques partagés.