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Défense et géopolitique/ L’armée française se retire du Sénégal : fin d’une présence militaire vieille de 64 ans

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L’armée française se retire du Sénégal L’armée française se retire du Sénégal

Jeudi 17 juillet 2025, la France a officiellement mis fin à sa présence militaire permanente au Sénégal, mettant ainsi un terme à plus de six décennies de coopération militaire continue. Une cérémonie de restitution symbolique s’est tenue à Dakar, marquant un tournant géostratégique majeur pour la région ouest-africaine.

Par   Lhys DEGLA, le 17 juil. 2025 à 15h09 Durée 3 min.
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La France quitte le Sénégal après 64 ans de présence militaire

 

Une page se tourne dans l’histoire des relations franco-sénégalaises. L’armée française a officiellement quitté le Sénégal ce jeudi 17 juillet 2025, lors d’une cérémonie de restitution organisée au camp Geille, situé à Ouakam, dans la capitale Dakar. Ce départ met fin à la dernière présence militaire permanente de la France en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.


En présence du général sénégalais Mbaye Cissé et du général français Pascal Ianni, la remise symbolique des clefs du site militaire a scellé cette transition historique. Depuis 1960, date de l’indépendance du Sénégal, la France disposait d’une présence militaire continue sur le territoire sénégalais.

Retrait progressif de l’armée française en Afrique de l’Ouest

 

Ce retrait s’inscrit dans une dynamique amorcée depuis plusieurs années. Entre 2022 et 2024, la France avait déjà fermé ou transformé ses bases militaires au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Tchad, en Côte d’Ivoire et au Gabon. Au Gabon notamment, la base militaire a été transformée en camp partagé axé sur la formation des forces locales.

Les Éléments Français au Sénégal (EFS), composés de quelque 350 militaires, étaient les derniers soldats français stationnés de manière permanente dans la région. Leur mission principale consistait à renforcer les capacités opérationnelles de l’armée sénégalaise dans le cadre d’un partenariat militaire.

Une décision politique guidée par la souveraineté nationale

 

L’arrivée au pouvoir du président Bassirou Diomaye Faye, en avril 2024, a accéléré le processus. Fervent défenseur d’une souveraineté nationale pleine et entière, le chef de l’État sénégalais avait annoncé dès novembre 2024 la fin de toute présence militaire étrangère, y compris française.

« Le Sénégal est un pays indépendant, c’est un pays souverain. Et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires. », avait alors déclaré M. Faye, tout en insistant sur sa volonté de maintenir un partenariat rénové et équilibré avec la France.

Le camp Geille, symbole d’un héritage militaire partagé

 

Le camp Geille, centre névralgique de la coopération militaire franco-sénégalaise, abritait le poste de commandement de l’état-major interarmées et l’unité de coopération régionale. Sa restitution marque la fin d’un cycle historique entamé dès 1960 avec des accords de défense bilatéraux.

Entre 1960 et 1974, la France a participé à la construction et à la formation de l’armée sénégalaise. En 1974, les Forces Françaises du Cap-Vert (FFCV) avaient pris le relais, avant de céder la place aux EFS en 2011. Depuis 2012, la défense du territoire sénégalais reposait exclusivement sur les forces nationales, les militaires français étant cantonnés à des missions de conseil et de formation.

Une sortie concertée dans un climat continental tendu

 

Contrairement à d’autres retraits forcés au Sahel, celui du Sénégal s’est déroulé dans un climat apaisé et concerté. Une situation qui tranche avec les tensions rencontrées au Mali, au Niger ou au Burkina Faso, où les autorités issues de coups d’État ont exigé le départ immédiat des troupes françaises, dans un contexte de rejet croissant de la présence étrangère.

L’armée française conserve aujourd’hui une base stratégique à Djibouti, qui abrite 1.500 militaires. Paris envisage d’y concentrer ses opérations de projection en Afrique, dans le cadre d’un nouveau paradigme de coopération militaire avec le continent.

Le Sénégal, un partenaire historique qui redéfinit les termes du partenariat

 

Malgré ce retrait, les liens entre la France et le Sénégal ne sont pas rompus. Ils entrent simplement dans une nouvelle phase fondée sur le respect mutuel et la souveraineté nationale. La France ne sera plus un acteur militaire permanent, mais restera un partenaire stratégique dans les domaines de la formation, du renseignement et de la coopération sécuritaire régionale.

Cette décision ouvre la voie à une redéfinition des relations franco-africaines, à l’heure où plusieurs pays africains réclament un partenariat d’égal à égal, sans tutelle militaire ni ingérence.