La Nation Bénin...
La libération des onze
derniers condamnés à mort par le chef de l’Etat Patrice Talon est le
couronnement de l’abolition de la peine de mort au Bénin et constitue un ouf de
soulagement pour les organisations de défense des droits de l’homme. A présent,
il n’y a plus d’ex-condamnés à mort dans les prisons béninoises, se réjouit
Amnesty international Bénin.
Les onze derniers
prisonniers condamnés à mort et dont les peines avaient été commuées en 2018,
sont désormais libres de leurs mouvements. Ils ont été graciés par le chef de
l’Etat Patrice Talon par décret en date du 6 décembre dernier, à l’instar de
345 autres prisonniers.
Pendant des années,
Amnesty international Bénin et d’autres organisations de défense des droits de
l’homme ont, aux côtés des familles des onze prisonniers, plaidé pour que les
peines de ces derniers soient commuées. Aujourd’hui, le groupe recouvre la liberté.
« Nous avons pris
connaissance de la grâce présidentielle accordée le 6 décembre 2023 par décret
aux 11 derniers ex-condamnés à mort dont les peines avaient été commuées en
2018 mais qui se trouvaient encore dans les prisons du Bénin après 24 à 27 ans
passés en détention. Avec l’adoption du décret 2023-626 du 6 décembre 2023, il
n’y a plus désormais d’ex-condamnés à mort dans les prisons béninoises », a
salué Dieudonné Dagbéto, directeur exécutif d’Amnesty international Bénin.
Le Bénin, rappelle-t-il,
avait ratifié en 2012 le second Protocole facultatif se rapportant au Pacte
international relatif aux droits civils et politiques visant l’abolition de la
peine de mort et avait définitivement tourné dos à la peine capitale avec l’inscription
de son abolition dans la Constitution en 2019.
Les onze ex-condamnés à
mort ont été libérés après 24 à 27 ans passés derrière les barreaux. Ils
avaient été reconnus coupables de faits, entre autres, de vol à main armée ;
association de malfaiteurs et vol à main armée ; viol aggravé ; association de
malfaiteurs, vol qualifié, port illégal de costumes militaires, coups et
blessures volontaires, détention d’armes perfectionnées, de munitions et
d’armes de traite.
Combat de plusieurs années
Amnesty international, de
tout temps, s'est battue contre la peine de mort. Cette problématique a fait
l’objet d’une campagne qui a duré plusieurs années et qui progressivement a
contribué à ce qu’il y ait aujourd’hui un nombre considérable d’Etats à tourner
définitivement le dos à la pratique. « Pour nous, il n’est pas concevable que
l’Etat ôte la vie à ses citoyens pour des infractions qu’ils auraient commises
», défend Dieudonné Dagbéto. A l’en croire, Amnesty international estime,
contrairement à ce que pense l’opinion publique, que la peine de mort ne règle
pas les situations qui sont souvent décriées ou dénoncées. Pour Dieudonné
Dagbéto, il faut beaucoup plus aller dans le fond pour voir tout ce qui, dans
l’environnement social et économique, contribue à ce qu’il y ait des personnes
qui s’écartent des règles ou des normes de la société, pour pouvoir corriger
cela plutôt que de les tuer.
« Nous avons donné des
exemples de beaucoup de pays où malgré l’application de la peine de mort, les
cas d’excès graves n’étaient pas réduits. On a également utilisé comme
argumentaire que dans la pratique de la peine de mort, cela avilissait l’être
humain, cela portait durement atteinte à la dignité humaine parce que l’homme
n’est pas un animal pour qu’on utilise soit des armes, soit la guillotine, soit
l’acide ou d’autres méthodes utilisées par le passé pour lui ôter la vie », a
rappelé Dieudonné Dagbéto.
L’un des derniers
arguments utilisés par l’organisation sur le sujet, est la question des erreurs
de jugement. Elle estime en effet qu’on peut exécuter quelqu’un et se rendre
compte après que cette personne était innocente. « Dans ce cas, c’est irréversible
parce qu’il n’y a aucune manière de ramener cette personne à la vie», a rappelé
le directeur exécutif de Amnesty international Bénin, ajoutant que de tout
temps l’organisation reste préoccupée et continue de travailler pour que tous
les pays où cette peine est encore d’actualité, puissent prendre exemple sur le
Bénin qui l’a abolie.
Au-delà du droit, Amnesty
international Bénin travaille également pour que la peine de mort ne s’applique
plus. Pour y arriver, elle sensibilise les populations béninoises afin qu’elles
tournent également dos à la vindicte populaire qui a parfois cours dans des
localités du pays.