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Irrigation des terres agricoles: L’impact de la politique gouvernementale à l’horizon 2026

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L’adoption de pratiques d'irrigation durables n’est pas une option, mais un impératif L’adoption de pratiques d'irrigation durables n’est pas une option, mais un impératif

Une irrigation plus importante et mieux gérée, résiliente au changement climatique, aidera à arroser et nourrir la planète, renforcer les moyens de subsistance, développer l’économie et créer des emplois, réduire les émissions de gaz à effet de serre et améliorer la résilience face aux chocs climatiques. Des experts se sont penchés sur l’impact de cette politique gouvernementale à savoir : irriguer 50 000 ha au Bénin à l’horizon 2026.

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 27 juin 2024 à 04h18 Durée 3 min.
#Irrigation des terres agricoles

Au Bénin, l’agriculture est en grande partie extensive, avec une part importante de la production orientée vers la subsistance (Drg-Maep 2016). Les cultures sont en grande partie pluviales, et les rendements dépendent fortement des précipitations et sont donc incertains. L’une des solutions envisagées est l’expansion des systèmes d’irrigation, car les terres irriguées ont une productivité supérieure à celle des terres pluviales en raison : de rendements plus élevés et plus stables et de récoltes potentiellement multiples en fonction du type de culture. En 2019, seuls quelque 25 000 ha (Fao, 2023) soit 0,6 % de l’ensemble des terres cultivées au Bénin étaient équipés pour l’irrigation. Le pays prévoit d’augmenter la superficie agricole irriguée de 50 000 ha à l’horizon 2026 (Programme d’action du gouvernement 2021-2026). Ce qui reviendrait à tripler la superficie agricole irriguée et porter la part des terres irriguées à 1,7 %. Le potentiel d’irrigation total du pays a été estimé à 375 000 ha (Drg-Maep, 2016) et les coûts d’investissement totaux pour augmenter cette superficie agricole irriguée de 50 000 ha ont été estimés à 805 milliards de Fcfa. Dans une étude réalisée dans le cadre du projet “Renforcement des capacités et soutien avancé pour l’analyse des politiques à l'aide de modèles économiques au Bénin, au Kenya et en Namibie”, financé par la Giz, les experts ont analysé les implications économiques de cette expansion des terres agricoles irriguées.

« Nous avons constaté que l’expansion des terres agricoles irriguées a des effets multiplicateurs positifs sur l’ensemble de l’économie béninoise, qu’elle entraîne une croissance économique et qu’elle peut entraîner une répartition favorable aux pauvres et des effets sur le bien-être », peut-on lire dans le document de synthèse. A moyen terme, assurent les experts, tous les prix de la main-d’œuvre vont augmenter légèrement en raison de l'expansion de la production agricole à forte intensité de main-d’œuvre. Aussi, avec cette expansion des terres agricoles hautement productives, les rentes foncières (revenu que perçoit le propriétaire d’une terre) vont diminuer surtout pour les terres irriguées, mais aussi pour les terres non irriguées, en raison de la forte substituabilité supposée entre ces types de terres. A long terme, les effets sont similaires au moyen terme, mais amplifiés, en raison de l’augmentation beaucoup plus importante des terres irriguées. Ainsi, le Bénin s’inscrit dans cette dynamique mondiale relative à l’irrigation des terres agricoles pour une autosuffisance alimentaire et l’atteinte des objectifs du développement durable.

Des avantages certains

En effet, selon une enquête du Groupe de la Banque mondiale intitulée “Quand l'irrigation résiliente au climat transforme des vies: Changer la donne pour une planète vivable”, des millions d’agriculteurs dans le monde sont affectés par les précipitations irrégulières, les sécheresses et les inondations, et se tournent vers une irrigation résiliente au changement climatique, dont les techniques permettent de réduire le stress hydrique, d’augmenter les rendements et la productivité agricoles, de diversifier les cultures et de faire baisser les prix des produits alimentaires. Face au changement climatique, les techniques d’irrigation résilientes multiplient la productivité par plus de deux, par rapport à l'agriculture pluviale et permettent aux agriculteurs de produire davantage avec moins de terres et moins d’eau. Elles pourraient, surtout, nourrir 1,4 milliard de personnes supplémentaires. Pour la Banque mondiale, la population de la planète devrait exploser d'ici à 2050, entraînant une hausse spectaculaire de la demande de nourriture. L’adoption de pratiques d'irrigation durables n’est donc pas une option, mais un impératif. Au niveau mondial, 2,6 millions d'agriculteurs ont adopté des pratiques agricoles et d'irrigation améliorées avec le soutien de l’Ida, dont près de 600 000 dans des pays fragiles ou touchés par un conflit. Au cours des vingt dernières années, le Groupe de la Banque mondiale a investi 7 milliards de dollars dans des projets d’irrigation. Il fait progresser l'irrigation durable et résiliente au changement climatique avec des partenaires comme la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures, le Fonds pour l’environnement mondial et le Partenariat mondial pour la sécurité hydrique et l'assainissement (Gwsp). « Quand elle est bien gérée, l’irrigation aide les agriculteurs à produire des récoltes plus abondantes tout en préservant l’eau, en conservant les terres, en améliorant la résilience aux chocs climatiques et en atténuant les dérèglements du climat ».