La Nation Bénin...
Pour
l’exercice traditionnel, le chef de l’Etat était serein et sans langue de bois.
A l’hémicycle, vendredi 20 décembre dernier, Patrice Talon a délivré son
message sur l’état de la Nation, conformément aux dispositions de l’article 72
de la Constitution béninoise. Il y a réaffirmé son engagement à poursuivre les
chantiers de développement qui distinguent le Bénin et l’orientent sur la voie
de la prospérité.
Lire l’intégralité du message du chef de l’Etat
République du Bénin
Présidence de la République
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Message de monsieur Patrice Talon
Président de la République, Chef de l’Etat, Chef du gouvernement sur l’état de la nation
Porto-Novo, Palais des gouverneurs, le 20 décembre 2024
Monsieur le président de l’Assemblée nationale,
Mesdames et Messieurs les députés,
A
nouveau, je me fais le devoir et le plaisir de venir ici, dans le temple de la
contradiction politique (constructive), vous entretenir sur l’état de notre
nation.
Honorables
députés, alors que le monde s’enfonce globalement dans un cycle d’incertitude
et d’instabilité, que les foyers de tensions se multiplient ici et là,
déstabilisant l’économie mondiale, que la démocratie, l’ordre mondial, la
coopération internationale et le climat paraissent plus que jamais mal en
point, le Bénin continue sans tapage, d’avancer sur le chemin de son
développement et de la consolidation de son unité.
Nos
succès sont incontestables dans tous les domaines, même si leurs effets ne sont
pas toujours immédiatement perceptibles.
Le
seul domaine dans lequel nous sommes toujours à la peine, reste celui de la
lutte contre le terrorisme sur la frontière nord du territoire.
Malgré
nos efforts qui nous permettent de contenir le mal, voire de le faire reculer,
nos forces de défense et de sécurité positionnées sur nos lignes de frontière
nord continuent d’être éprouvées par des terroristes en totale liberté dans des
pays voisins.
Cependant,
je peux vous affirmer que les investissements qui sont en cours, tant en
matériels, en infrastructures, qu’en ressources humaines, nous permettront sous
peu, de tenir les terroristes loin de notre territoire.
Honorables députés,
La
cherté de la vie et le faible pouvoir d’achat du plus grand nombre d’entre
nous, demeurent eux aussi pour moi, un point d’insatisfaction et de peine.
Mais
en vérité, un pouvoir d’achat suffisant pour chacun de nous tous, n’est-il pas
l’objectif final de notre action commune ?
Est-il
réaliste que, venant de si loin, nous soyons déjà tous, satisfaits de tout ?
Nous
n’y sommes pas encore, mais ensemble nous construisons jour après jour le pays,
afin qu’il offre à chacun, à terme, les meilleures opportunités
d’épanouissement en fonction des efforts fournis. C’est ainsi que, dans chacun
des domaines fondamentaux permettant au pays de parvenir à cette étape, nos
progrès sont continus et incontestables.
Depuis
2016, notre pays progresse par notre travail à nous tous.
Les
observateurs avisés affirment qu’on n’a jamais vu autant de chantiers ouverts à
la fois au Bénin.
L’eau
potable n’arrête pas de gagner de plus en plus de localités et s’établit en
cette fin d’année à 80 % de taux de pénétration de la population contre 42 % en
2016.
Le
retard que nous avons pris en raison des nombreux échecs de forage dans les
régions difficiles est en train d’être rattrapé.
Il
en est de même dans le secteur de l’électricité où nous sommes victimes de
notre propre succès en ce que l'explosion du branchement des ménages et
l'arrivée d'un grand nombre d’industries gourmandes en énergie électrique,
dépassent largement nos prévisions et planifications.
Mais
nous serons au bout de nos peines dans les 24 mois à venir.
Dans
le secteur des infrastructures, la cité ministérielle, la cité administrative
d’Abomey-Calavi, les cités départementales, les multiples édifices
administratifs et d’institution, les innombrables marchés modernes ruraux et
urbains qui font de plus en plus notre fierté comme jamais, et j’en passe,
témoignent de nos prouesses sans pareilles.
Le
secteur de la santé n’est pas en reste et le meilleur s’annonce déjà.
Le Centre Hospitalier International d’Abomey-Calavi, l’hôpital de zone de Savè ou celui de Tchaourou sont autant d’exemples qui nous donnent l’avant-goût de ce qui est en cours.
Dans
le secteur productif, notre dynamisme reste soutenu et enviable.
L’industrie,
l’agriculture, le commerce, les services et l’artisanat progressent de manière
remarquable.
La
mécanisation agricole est en train de connaître un succès et une pénétration
dépassant toutes les prévisions.
Il
en est de même pour l’industrialisation du pays dont la vitesse surprend tout
le monde avec ses exigences de matières premières agricoles suscitant quelques
controverses et justifiant ainsi que le progrès nécessite souvent des
sacrifices.
Quant
au bon fonctionnement de notre administration publique, le constat reste
éloquent même si beaucoup d’efforts restent à faire. Elle se dépolitise
complètement pour être plus efficace, et le seul critère pour y accéder est
définitivement le mérite.
Nos
services publics se dématérialisent et sont de plus en plus accessibles aux
usagers faisant reculer les tracasseries et la corruption.
L’école
béninoise a oublié les années scolaires irrégulières émaillées de grèves
sauvages.
Le
microcrédit s’est définitivement débarrassé de l’allégeance politique et du
rançonnement et le nombre de bénéficiaires ne cesse de croître.
Le
secteur judiciaire s’améliore de plus en plus, même si l’effectif de magistrats
nécessaire reste largement insatisfait faute de postulants qualifiés.
Mais
l’Etat met les bouchées doubles pour combler le déficit et assurer la
formation.
Quant
à la bonne gouvernance, notre pays continue de se distinguer et vient d’être
classé 2e en Afrique et 1er de l’espace francophone d’Afrique en matière de
transparence budgétaire. Enfin, il n’échappe à aucun regard que le Bénin
s’impose de plus en plus comme un pays de rayonnement artistique, culturel et
touristique.
Tout
ceci est possible parce que nous mobilisons davantage de ressources financières
au plan interne et en assurons une gestion rigoureuse pour financer les projets
structurants afin d’améliorer nos infrastructures, développer nos secteurs
productifs, créer des emplois et améliorer le bien-être de nos populations.
Tout cela permet au Bénin d’être plus crédible sur la scène internationale et de rassurer les partenaires qui lui font confiance.
Monsieur
le président de l’Assemblée nationale,
Mesdames
et messieurs les députés,
Vous l’aurez remarqué, je ne suis pas venu vous abreuver de chiffres évocateurs ou d’une liste impressionnante de nos réalisations.
Vous
êtes acteurs et coauteurs, au même titre que l’ensemble de nos concitoyens, de
toutes ces réalisations ; vous qui nous donnez les moyens législatifs et qui
contrôlez notre action pour nous pousser à performer davantage. Au demeurant,
vous avez été témoins de la tournée de reddition de comptes que le gouvernement
a entreprise cette année dans nos 77 communes.
Cette
démarche qui célèbre la démocratie participative a ainsi offert l’occasion
d’échanges directs avec les populations dans tout le pays.
Partout,
elles ont exprimé leur satisfaction pour les réalisations visibles et ont
surtout demandé que la dynamique qui les porte se poursuive et s’amplifie.
Et
au cas où nous-mêmes, Béninoises et Béninois, acteurs au quotidien de ces
avancées, ne les remarquons pas parce que nous avons encore des attentes
insatisfaites ou parce que nous restons parfois enfermés dans le déni de nos
propres succès, il y a des regards extérieurs qui nous observent, nous
félicitent, nous envient et nous rassurent que nous sommes sur le bon chemin.
A
titre illustratif, le Bénin vient d’être classé par les organismes spécialisés,
parmi les 25 destinations touristiques les plus prisées au monde pour l’année
2025.
Cette
performance inédite n’est autre que le résultat de notre action résolue pour le
développement touristique et il est clair qu’elle va s’améliorer encore avec
l’achèvement de nombreux chantiers en cours dans le pays.
C’est
le signe que nous avons eu raison de commencer à révéler notre riche patrimoine
touristique créateur d’emplois et de richesse.
Dans
la même veine, suivant le classement du Forum économique mondial, le Bénin est
aujourd’hui 5e en Afrique pour la qualité de son réseau routier.
S’il
est vrai qu’on ne mange pas la route, il est pourtant vrai que la route fait
manger.
Plus
que jamais, nous pouvons affirmer que le chemin du développement passe par le
développement de la route.
La
preuve est que partout, nos concitoyens en réclament davantage en précisant,
que c'est bien de la nouvelle qualité de routes qu'ils parlent.
Honorables
députés,
Cette qualité qui caractérise désormais notre action comme l’illustre notre réseau routier, est devenue la marque de la gouvernance publique du Bénin et celle de sa signature, de sorte que la notation de notre pays ne cesse de s’améliorer.
Récemment
d’ailleurs, notre notation est passée de B à 2B dans un environnement pourtant,
globalement difficile.
Ainsi,
notre pays se positionne parmi les meilleures signatures d’Afrique sub
saharienne et peut emprunter à des taux de plus en plus bas.
Un
autre exemple par lequel la communauté internationale cite notre pays comme
modèle, est notre programme de cantines scolaires grâce auquel nous donnons par
jour un repas chaud à plus de 1,3 million d’écoliers dans plus de 80 % de nos
écoles primaires publiques dont 95 % d’écoles en milieu rural.
De
fait, d’autres pays viennent de plus en plus s’inspirer de notre modèle.
Un
dernier indicateur et pas des moindres, Cotonou vient d’être classée première
ville la plus propre de l’Afrique de l’Ouest et sixième de toute l’Afrique.
Cela est certes flatteur, mais notre volonté est de faire toujours mieux car nous avons vocation à être les meilleurs en tout. Tout ceci devrait nous convaincre que notre Bénin se construit grâce à nos propres efforts, et c’est cela le secret de tout développement socio-économique durable : savoir compter sur soi avant le soutien des autres.
Mesdames et messieurs, représentant la nation,
Mais
à quoi devons-nous une telle dynamique qui nous vaut les prouesses remarquables
que le monde relève et apprécie ?
Dans
un contexte où nous n’avons encore mis en évidence aucun gisement minier,
l’ampleur et la qualité de nos réalisations tiennent de notre volonté de
changer de destin, de notre ardeur au travail, mais davantage de l’état
d’esprit qui nous caractérise désormais.
Cet
état d’esprit, c’est celui d’avoir pris conscience que seul notre travail peut
nous sortir de la pauvreté et nous offrir les conditions de vie auxquelles nous
aspirons tous.
Cet
état d’esprit, j’en ai la conviction, a inspiré nos Guépards dans leur campagne
de qualification pour la Coupe d’Afrique des Nations de Football édition 2025.
Il leur a permis de surmonter les difficultés même lorsque cela paraissait
impossible, pour revenir sur le devant de la scène continentale.
J’ose croire qu’ils y puiseront désormais les ressources pour s’y maintenir et viser encore plus haut.
Monsieur
le président,
Mesdames et messieurs les députés,
Viser
plus grand et plus haut, au-delà des individus et des petits groupes, doit être
aussi le leitmotiv de notre pays dans son ensemble.
C’est
cela qui va accroître nos performances, les densifier, les porter à échelle
afin qu’elles impactent de plus en plus et durablement la qualité de vie.
Pour
y parvenir, nous avons besoin, aujourd’hui et surtout à l’avenir, de ressources
humaines aptes, capables d’exploiter au mieux leurs capacités au service de la
nation.
Or,
il est un fait que le retard de croissance affecte particulièrement les enfants
au cours des 1000 premiers jours de leur vie, c’est-à-dire du 3e mois de
gestation jusqu'à l'âge de 2 ans, période durant laquelle le cerveau de
l'enfant se développe pour l’acquisition du potentiel cognitif nécessaire à la
construction du capital humain.
Aussi,
le gouvernement a-t-il initié le projet de supplémentation nutritionnelle des
1000 premiers jours qui vise à préserver nos enfants des préjudices
irréversibles des carences nutritionnelles durant cette période et, ainsi, leur
permettre de grandir en bonne santé avec la préservation de tout leur potentiel
cognitif et intellectuel.
Grâce
à ce projet dont la phase pilote est déjà en cours et qui sera bientôt
généralisé dans tout le pays, nous fournirons gratuitement des suppléments
nutritionnels aux femmes enceintes, aux femmes allaitantes et aux enfants de 6
à 24 mois.
Mieux,
les frais de consultations prénatales dans les centres de santé publics seront
pris en charge par l’Etat pour faciliter l’accès aux suppléments nutritionnels
au plus grand nombre de femmes enceintes ciblées par le projet.
C’est l’une des raisons d’être de l’Agence nationale de l’Alimentation et de la Nutrition.
Mesdames et messieurs les députés,
Associées
à cela, la pertinence et la qualité de l’éducation et de la formation
constituent des prérequis indispensables dans le processus de développement
socio-économique.
C’est
pourquoi, et vous le savez déjà, le gouvernement a fait le choix d’une refonte
totale de notre système éducatif en vue de donner la primauté à l’enseignement
technique et la formation professionnelle.
Là-dessus,
parce que les travaux de construction proprement dits n’ont pas commencé, je
sais que certains doutent encore de la réalité du programme de mise en oeuvre
de 30 lycées techniques agricoles, de 8 écoles de métiers dans les secteurs de
l’énergie, du numérique, des bâtiments et travaux publics, de la menuiserie du
bois et de l’aluminium, de l’eau et de l’assainissement, de la maintenance des
véhicules et des équipements industriels, du tourisme, de l’hôtellerie et de la
restauration, de la mode et du textile.
Je
comprends les impatiences mais je voudrais faire observer que les études
techniques ont pris plus de temps que prévu, en raison des standards que nous
exigeons désormais au Bénin. Elles sont maintenant achevées et les travaux de
construction et d'équipement de ces écoles, de ces lycées techniques de
métiers, démarreront dans les tout prochains mois, sachant que les ressources
financières nécessaires sont déjà disponibles à plus de 440 milliards de francs
Cfa.
Ces
programmes permettront notamment à tous les apprenants, quels que soient leurs
profils, d’acquérir des compétences en temps réel selon leurs besoins et ceux
du marché du travail.
Il
est à rappeler que, dans la perspective de cette révolution qui s’annonce pour
notre secteur éducatif, le gouvernement finance depuis quelques années déjà, la
formation, sur place et à l’étranger, de plus de 700 nouveaux enseignants
devant servir dans le sous-secteur.
De
même, un programme de recyclage et de perfectionnement est en cours de
préparation à l’endroit des enseignants en situation de classe.
Enfin,
pour être complet sur ce sujet, je voudrais rappeler que le gouvernement a
entrepris de mettre en place pour la rentrée scolaire 2026, six lycées
scientifiques et deux écoles normales supérieures scientifiques de référence
internationale.
C’est
dire, mesdames et messieurs, que l’année 2024 qui s'achève a consolidé nos
acquis et poursuivi la dynamique au-delà de nos attentes.
Fort
de ce constat, je m'en voudrais de ne pas vous exprimer, honorables députés
toutes tendances politiques confondues, ma conviction largement partagée par la
plupart de nos concitoyens et qui se résume comme suit :
Le
Bénin notre pays a trouvé son chemin et cela est irréversible, peu importe
l'opinion et le souhait des nostalgiques en quête d'un retour à notre passé
honteux.
Finie,
finie l'usurpation du pouvoir politique par des vendeurs d'illusions
incompétents et mal- intentionnés.
Aucune
supplication, aucun râlement, aucune menace ne nous fera reculer.
Honorables députés, aucun compromis politique préjudiciable à notre développement ne sera concédé, pour plaire à qui que ce soit ou pour satisfaire un quelconque consensus politique. Le Bénin est au-dessus de tout; la démocratie et la compétition politique devront, désormais, être exclusivement et absolument au service de notre développement.
Vive le progrès !
Vive le Bénin !
Je vous remercie.
Patrice Talon, président de la République du Bénin