La Nation Bénin...
Les
nouveaux responsables du Conseil ouest et centre africain pour la recherche et
le développement agricoles affichent une forte ambition pour un nouvel essor
des technologies agricoles. L’enjeu est d’accroître les partenariats et les
investissements en vue de sortir l’espace Coraf de la malnutrition, de
l’insécurité alimentaire et de la pauvreté.
L’augmentation
des allocations des Etats membres et des investissements privés dans la
recherche et la diffusion des innovations agricoles sera le cheval de bataille
du conseil d’administration, du secrétariat exécutif et des partenaires au
développement du Coraf. Les nouveaux responsables des organes dirigeants du
Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement
agricoles (Coraf) ont affirmé, mercredi 17 avril dernier à l’issue de la
quatorzième session ordinaire de l’assemblée générale (Ag-14) à Cotonou, la
volonté de changer de paradigme pour le développement et la vulgarisation des
technologies agricoles.
Dr
Kalifa Traoré prendra les rênes du conseil d’administration à la suite d’Angela
Maria Moreno dont le leadership est salué. Le nouveau président compte
travailler à améliorer le partenariat entre le secteur public et le secteur
privé, à faire une typologie des gaps au niveau des pays membres et développer
des stratégies pour les combler. « La tâche est lourde », admet-il, promettant
de créer une synergie entre les pays afin que les technologies atteignent le
plus grand nombre de paysans avec plus d’impacts au niveau des exploitations
agricoles. « Nous ferons tout pour qu’à travers les activités, les stratégies
ou politiques à développer, nous puissions répondre aux exigences et aux
attentes de nos populations et que rayonne notre organisation commune », s’engage-t-il.
Le
directeur exécutif entrant du Coraf dit, lui aussi, mesurer à sa juste valeur
l’importance de la responsabilité, au regard des défis et de l’histoire du
Coraf marquée non seulement par des moments de turbulence mais surtout par une
bonne dynamique au cours des huit dernières années. Dès sa prise de service
prévue en août prochain, indique-t-il, Dr Moumini Savadogo entend insuffler un
nouvel élan à l’organisation, à travers un leadership et un management qui
impliquent tous les acteurs dans la conception et la mise en œuvre des projets
du Coraf.
Enjeux
Leader dans la promotion agricole en Afrique de l’Ouest et du Centre, l’enjeu est de pouvoir travailler à la durabilité du Coraf, de rendre proactif le système de gestion des risques, d’optimisation des opportunités et de développement de partenariats et de synergie aux différentes échelles, conçoit le directeur exécutif. Il est question d’apporter des influences significatives sur les politiques dans leur formulation et leur mise en œuvre, les mécanismes de financement et d’investissement et les pratiques agricoles dans l’atteinte de la sécurité alimentaire mais aussi de la résilience, de la prospérité et de l’équité sociale dans la région, précise Dr Savadogo.
Il
appelle tous à conjuguer les efforts et les plaidoyers pour que les engagements
pris soient effectivement honorés, surtout en matière d’investissements, afin
de booster la mise à échelle des technologies et innovations sur l’ensemble des
chaînes de valeur agricoles prioritaires.
Certes,
des progrès importants ont été réalisés dans le domaine agricole, mais beaucoup
reste à faire pour assurer la transformation structurelle de l’agriculture
africaine et répondre aux défis de sécurité alimentaire, de création d’emplois
et d’émergence des Etats. « Les crises successives ont démontré la
vulnérabilité des systèmes agricoles et la dépendance par rapport à
l’extérieur», fait remarquer Dr Ndoye, représentant de la Banque mondiale, chef
de file des partenaires techniques et financiers du Coraf. «Les défis liés à
l’insécurité et à l’instabilité dans les Etats et les effets néfastes du
changement climatique rendent plus que préoccupante la résilience des économies
africaines basées sur l’agriculture », ajoute-t-elle.
Pour
Rosine H. Sori-Coulibaly, présidente de l’Ag-14, la démographie galopante dans
la région et le sous-financement de l’agriculture interpellent les décideurs. «
Cela appelle à faire les choses autrement pour inverser la tendance de
l’insécurité alimentaire», exhorte-t-elle.
Les
dirigeants des Etats africains devront accorder la priorité au secteur de
l’agriculture comme convenu dans la Déclaration de Malabo, en y allouant 10 %
de leur budget national, et aider les petits exploitants agricoles. Mais, il
est évident que le secteur privé aura un rôle important à jouer tout comme la
société civile et la jeunesse, estime Patrice Lagnon Sèwadé, président du
Réseau national des Ong actives dans l’agriculture durable au Bénin (Renova) et
coordonnateur national du Réseau de développement d’agriculture durable
(Redad), élu membre du conseil d’administration en tant que représentant du
secteur privé. Il s’est engagé à œuvrer pour des investissements privés plus
importants dans le domaine agricole.
Car,
il importe de passer à une économie de la recherche agricole, souligne Dr
Honoré Tabuna, représentant des Communautés économiques régionales, promettant
d’accompagner l’ouverture du Coraf aux décideurs, au secteur privé et aux
autres acteurs des chaînes de valeur agricoles.
Composition du conseil d’administration du Coraf
La quatorzième session ordinaire de l’assemblée générale du Coraf a acté la nomination de Dr Moumini Savadogo en qualité de directeur exécutif du Conseil et procédé à l’élection en qualité de membres du Conseil d’administration pour la période 2024-2027, les personnes ci-après :
-
Dr Auguste Emmanuel Issali, directeur de l’Institut national de recherche
agronomique (Inra) du Congo (Brazzaville), représentant de la zone forestière
-
Dr Kalifa Traoré, directeur général de l’Institut d’économie rurale (Ier) du
Mali, représentant de la zone sahélienne
-
Dr Adolphe Adjanohoun, directeur général de l’Institut national de recherche
agricole du Bénin (Inrab) en tant que représentant de la zone côtière
-
Ibrahima Coulibaly, président du Réseau des organisations paysannes et des
producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest (Roppa) en tant que représentant
des organisations paysannes
-
Dr Alfred Dixon en tant que représentant de l’Institut international
d’agriculture tropicale (Iita)
-
Patrice Lagnon Sèwadé du Réseau de développement d’agriculture durable (Redad),
en tant que représentant du secteur privé
-
Dr Aifa Fatimata Ndoye Niane, sénior économiste de l’agriculture à la Banque
mondiale, en tant que chef de file des partenaires techniques et financiers du
Coraf.
Kalifa Traoré et Auguste Emmanuel Issali sont élus en qualité respectivement de président et de vice-président du conseil d’administration du Coraf, dont la quinzième session ordinaire de l’assemblée générale se tiendra en 2026 à Praia au Cabo Verde.