La Nation Bénin...
Faut-il reporter le scrutin initialement prévu pour le 28 prochain, face au retard apparent accusé par la distribution des cartes d’électeur ? Que faire ? Qu’en pensent les acteurs de premier plan que sont les candidats eux-mêmes ? A ces interrogations, certains d’entre eux ont apporté des éléments de réponse que nous vous donnons à lire !
Issa El hadj Azizou « Il faut respecter les textes »
Nous devrions faire en sorte que la distribution des cartes d’électeur se tienne au même moment pour tout le pays. Cela va crédibiliser un peu plus l’opération. J’ai été député au niveau du Parlement panafricain. Il y a un certain nombre de choses qu’on observe un peu partout sur le continent. Pour le Bénin on est à un niveau supérieur par rapport aux autres en ce qui concerne l’application des principes démocratiques. Je pense que le Cos-Lépi, la Céna et la Cour constitutionnelle devraient tout faire pour se passer d’un certain nombre de faits et ne pas retomber dans des travers. Au plan africain on est au haut niveau. Il faut maintenir le cap. Tout ce que nous voulons faire, nous pouvons le faire à condition d’y aller de manière consensuelle. Pour que tous les acteurs acceptent ce qu’on est en train de faire. Moi j’ai déjà pris part à des élections où le même jour les électeurs prennent leurs cartes et vont voter dans le bureau d’à côté. Ce qui n’est pas légal, il ne faut pas le faire. Un pays est régi par des textes et il faut respecter les textes. Le Bénin une fois encore va montrer à toute l’humanité qu’on est à la hauteur de ce que nous prenons comme engagement.
Omer Rustique Guézo « L’essentiel c’est qu’on respecte le délai réglementaire »
Il y a des institutions qui sont là pour cela. Ils doivent s’organiser pour que les élections tiennent. A l’heure d’aujourd’hui, cela m’étonnerait que techniquement tous les compatriotes aient leurs cartes. Le plus important pour nous, c’est le respect des délais réglementaires. Respecter ou ne pas respecter la question n’est pas là. Il y a une institution qui est chargée de la distribution des cartes d’électeur. Depuis que le président de la République a convoque le corps électoral, les dispositions devraient être prises pour que nous n’assistions pas à ce à quoi nous avons droit actuellement. De toutes les façons le pays n’est pas à son coup d’essai. Si les organes de distribution décident de commencer par la diaspora ou par une autre partie du territoire national, ils ont leur raison. L’essentiel est que tous nos compatriotes aient leurs cartes et qu’on respecte surtout le délai réglementaire. J’y tiens.
Marie Elise Gbèdo « Il y a un risque à voir les choses tourner mal »
J’apprécie très mal l’option faite par rapport à la distribution des cartes d’électeur. Nous avons l’impression que les cartes ne seront jamais effectivement distribuées. Déjà nous sommes en retard d’une semaine donc il y a un problème, et il faudrait qu’il change de méthode. Pourquoi ne pas distribuer partout en même temps sur le territoire national ? Il y a un risque à voir les choses tourner mal. Cela ne me rassure pas. Et jusqu’à présent n’ayant pas reçu ma carte d’électeur, il faut que nous voyions avec la Cour constitutionnelle s’il y a matière à reporter le délai.
Daniel Edah «Tout Béninois qui ne retire pas sa carte se rend complice»
Je trouve curieux ce choix du Cos-Lépi de procéder par zone tout en sachant que nous n’avons plus le temps. Il y a un grand souci à ce niveau-là. On dirait que tout est en train d’être mis en œuvre pour que nous ayons des élections bâclées ou des élections à problème. C’est pour la première fois que cela se passe ainsi et je suis étonné puisque ce ne sont pas les mêmes personnes qui sont chargées de distribuer les cartes sur toute l’étendue du territoire national. Pourquoi alors la distribution ne doit-elle pas être simultanée ? Maintenant si on choisit d’imprimer les cartes à retardement pour pouvoir énerver nos compatriotes et les amener à ne pas se déplacer, je voudrais leur dire que le moment est venu pour nous de tenir bon. Même s’il faut rester debout une journée pour prendre nos cartes, nous ferons le sacrifice qu’il faut et nous les retirerons. Parce que ne pas le faire, c’est permettre à certains de faire le KO programmé. Tout Béninois qui ne retire pas sa carte se rend complice de ce qui se prépare. Je souhaite que la Céna et le Cos-Lépi se prononcent de manière responsable sur le report et nous allons aviser.
Simon Pierre Adovèlandé «Ce qui se passe relève de la suspicion»
La lecture que je fais de la distribution des cartes d’électeur telle qu’annoncée par le Cos-Lépi, c’est qu’il y a une sorte d’impréparation, de précipitation et de mauvaise distribution des cartes. Il faut rester conforme à la loi. Et en procédant tel que c’est fait actuellement, j’ai bien peur qu’en privilégiant des zones pour démarrer c’est une mauvaise pratique. Il faut un démarrage sur toute l’étendue du territoire national pour donner les mêmes chances à tous les électeurs. Pour moi, ce qui se passe relève de la suspicion et peut être le nid pour des contestations après. Si nous ne sommes pas prêts, il vaut mieux reporter. Cela ne sert à rien de se précipiter pour avoir des problèmes après?
Propos recueillis par Josué F. MEHOUENOU