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Souveraineté du pouvoir politique en Afrique: Le diagnostic des politiques et universitaires

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La souveraineté africaine se présente comme une jarre trouée, interpellant  la responsabilité de chaque Africain La souveraineté africaine se présente comme une jarre trouée, interpellant la responsabilité de chaque Africain

Réunis pour la séance de clôture des « Jeudis » de l’Iajp/Co, des universitaires et responsables politiques ont posé, jeudi 7 août 2025, un diagnostic sans complaisance de l’état de la souveraineté politique en Afrique. Si l’idée d’une souveraineté africaine n’est pas niée, son exercice effectif reste, selon eux, largement entravé par des choix politiques timorés et des relations de dépendance.

Par   Isidore Gozo, le 14 août 2025 à 08h06 Durée 3 min.
#souveraineté

« Souveraineté du pouvoir politique en Afrique: entre unité africaine et impuissance des dirigeants africains ? » C’est autour de ce thème que les acteurs politiques et les universitaires ont réfléchi à Cotonou, en juillet dernier, sous la coupole de l’Institut des artisans de justice et de paix, Chant d’oiseau.

Au cours du panel le réquisitoire des intervenants à l’endroit des Etats africains, s’est voulu plus tranchant. « Ils sont indépendants, oui. Mais que faisons nous de notre souveraineté ? » Le ton venait ainsi d’être donné par le professeur Hygin Kakaï, rappelant par ailleurs que les Etats africains possèdent en abondance des ressources naturelles et du capital humain. Pour lui, le problème n’est pas l’absence de potentialités, mais plutôt « le rapport de convergence, de coopération et de subordination aux anciennes puissances coloniales» qui affaiblit les États africains et réduit leur marge de manœuvre.

Un diagnostic qu’épouse l’honorable Joël Godonou qui fustige une souveraineté «souvent de façade ». « À la question de savoir si les États africains sont souverains, ma réponse est non» a t il lancé, estimant que l’unité africaine reste « une promesse trahie» tant qu’elle n’est pas portée par une intégration politique opérationnelle. « Consolider les institutions nationales tout en accélérant l’intégration continentale afin que l’Afrique parle d’une seule voix, ne doit pas être une option », fait savoir l’honorable Lazare Maurice Sèhouéto, en pointant du doigt l’élite.  « Il a manqué à l’Afrique et au Bénin de véritables dirigeants », a-t-il déclaré, appelant à une profonde réforme des États pour rompre avec ce qu’il considère comme une autolimitation. 

Des pistes à explorer

L’image utilisée par l’abbé Hermann Agboffo, directeur adjoint de l’Iajp/Co, a résumé l’ensemble des interventions.

« La souveraineté africaine se présente comme une jarre trouée, interpellant la responsabilité de chaque Africain, de l’homme de la rue jusqu’au dirigeant », a-t-il indiqué. Cette métaphore souligne la conviction partagée par les intervenants que la souveraineté ne peut être retrouvée uniquement par des discours, mais par des actes politiques concrets et des choix nationaux et régionaux déterminés.

Les interventions ont insisté sur plusieurs leviers jugés indispensables : des dirigeants sincèrement engagés pour l’intérêt général, la réforme et le renforcement des institutions nationales, une intégration continentale effective et une réduction de la dépendance économique et stratégique vis-à-vis des anciennes puissances. Sans ces conditions, ont conclu les intervenants, la souveraineté restera « un masque », selon Joël Godonou, et l’unité africaine, une fiction. Au terme des échanges, l’espoir se fonde autour de ce qu’une Union africaine forte exige simultanément des États nationaux résilients et une intégration pragmatique et progressive. Les leviers sont un leadership responsable, des institutions solides, l’intégration économique, la souveraineté financière et la coopération sécuritaire.