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Communication antiterroriste: Renforcer la collaboration entre médias et armées

Société

Le colloque international sur la gestion de l'information et de la communication des armées dans le cadre de la lutte antiterroriste en Afrique a pris fin ce mardi 18 avril à Cotonou. Venus d’horizons divers, les participants, experts civils et militaires, ont balisé le terrain pour une collaboration efficace entre médias et services de communication des armées.

Par   Anselme Pascal AGUEHOUNDE, le 19 avr. 2023 à 07h36 Durée 3 min.

Renforcer les rapports entre les forces de sécurité et de défense et les médias ; renforcer le lien armée - nation ; sensibiliser la population locale aux défis sécuritaires ; développer une communication à l'égard des leaders d'opinion ; former les équipes de communication des armées aux outils modernes de communication ; mettre en place un service numérique au sein des services de communication de toutes les armées ; former les cadres des armées aux techniques de communication; former des journalistes spécialisés sur les questions de terrorisme et d'extrémisme violent ; recruter des experts en sécurité informatique pour protéger les plateformes des armées... Ce sont-là, quelques recommandations qu'évoque le colonel Cyriaque Nassara, président du comité d'organisation du colloque international sur la gestion de l'information et de la communication des armées dans le cadre de la lutte anti-terroriste.
Après une conférence inaugurale, cinq communications, un partage d'expériences entre les armées des pays participants, des panels de discussions et débats..., le colloque international sur la gestion de l'information et de la communication des armées dans le cadre de la lutte anti-terroriste en Afrique, a été clôturé par le général de brigade Fructueux Gbaguidi, chef d'état-major général des Forces armées béninoises.
Dans le rapport adopté, il ressort que la multiplicité des groupes terroristes ces dernières années et la dynamique des médias non conventionnels ont rendu le terrorisme prégnant sur les territoires africains. En effet, les médias non conventionnels (réseaux sociaux) participent davantage à l'apologie des actes terroristes. L'évolution de la situation impose aux forces de sécurité et de défense de sortir de leur mutisme pour s'adapter aux évolutions médiatiques et technologiques...
La problématique est de savoir la manière pour l'armée d'opérer cette mutation avec une presse toujours en quête de scoop sans pour autant travestir la sacralité du devoir de discrétion qu'impose le milieu des forces de défense et de sécurité... Le présent colloque s'est donc penché sur cette problématique. Il aura permis aux armées des différents pays participants de partager leurs expériences en matière de communication ; de retenir les éléments de langage nécessaires à la réussite d'une communication efficace ; d'identifier comment la presse et les services de communication des armées doivent travailler pour une collaboration réussie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme... « Ce colloque jette les bases d'une saine, rigoureuse et inclusive collaboration entre les forces de défense et de sécurité et les médias », relève le rapport adopté. Pour le général de brigade Fructueux Gbaguidi, chef d'état-major général des Forces armées béninoises, ce colloque ne résout peut-être pas de façon définitive la problématique mais a le mérite de jeter les bases de la construction d'un véritable pont entre les médias et les services de communication des armées. « Je retiens que toutes les parties prenantes ont les mêmes préoccupations à quelque chose près. Je dirais même : nous avons besoin de cette interaction qui nous élève », va affirmer le chef d'état-major avec l'espoir que la relation médias-armées s'améliore.

Que retenir des communications

De la conférence inaugurale du Dr Oswald Padonou, l'on retient que la communication des armées doit avoir pour objectif de rendre l'institution attractive tout en préservant les fondamentaux qui caractérisent les armées. La première communication présentée par Serge Daniel Gbogbohoundada sur le thème : « La communication publique des armées : enjeux de transparence, de redevabilité et de mobilisation de l'opinion » a mis en exergue l'opportunité pour l'armée de s'adapter aux nouveaux moyens de communication afin de se servir des mêmes canaux que les groupes terroristes pour détruire leurs informations manipulatrices. La deuxième communication donnée par François Awoudo, intitulée « Les médias, les armées et l'intérêt public : Comment concilier les attentes des uns et des autres » met l’accent sur l'équilibre nécessaire dans l'établissement du pont armées - médias en dépit des caractéristiques visiblement divergentes de ces deux corps. « Autant les militaires ont des devoirs de réserves sur certaines matières, autant les journalistes ne peuvent pas tout dire... Les armées et les médias doivent collaborer pour permettre un accès à la bonne information tout en préservant les intérêts des armées. Car une armée en retard dans les nouvelles technologies de communication est une armée en retard dans la lutte contre le terrorisme », précise le rapport. La troisième communication donnée par Wilfried Léandre Houngbédji est intitulée : « Traitement équitable de l'information dans un contexte de crise terroriste ».
Elle s'est penchée sur le traitement de l'information par les médias et leur impact sur les populations. La diffusion d'une information faisant l'apologie des actes terroristes n'aura pas le même effet sur la sérénité des populations que la diffusion d'une information qui arbore la riposte réussie des forces de défense et de sécurité. Informer, c’est donc choisir de façon responsable. La quatrième communication donnée par Dr Winceslas Mahoussi est intitulée : « La gestion de l'information et de la communication à l'épreuve de la désinformation dans la lutte contre le terrorisme ». La désinformation peut entrainer des psychoses. C’est un procédé qui permet aux terroristes de manipuler les populations. Le communicateur propose par conséquent le renforcement de la culture informationnelle des responsables et des populations. Les armées doivent maîtriser l'information tout en étant conscientes des manipulations possibles mais ne pas verser dans la désinformation. La dernière communication était relative à la cohérence et à l'adaptation des éléments de langage.
Ce colloque international aura permis aux armées des pays participants d'exposer leurs modèles de communication. A en croire le colonel Cyriaque Nassara, les panels de discussions et les débats ont été enrichissants. Les échanges ont abouti à des recommandations visant une meilleure collaboration entre les médias et les services de communication des armées.