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Croissance et inflation en Afrique: Les politiques préconisées face aux chocs

Société
Croissance et inflation en Afrique Croissance et inflation en Afrique

La Bad exhorte les pays à adopter une politique monétaire anti-inflationniste soutenue par une politique budgétaire prudente, qui accélérerait la désinflation à moindre coût pour l’économie et boosterait la croissance en Afrique.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 21 juin 2023 à 14h42 Durée 3 min.
#Croissance et inflation
Dans un contexte d’inflation élevée, de resserrement des conditions de financement et de risques élevés liés à la dette et au climat, des politiques susceptibles de stimuler la baisse des prix tout en accélérant et soutenant la dynamique de croissance s’imposent, selon la Banque africaine de développement (Bad). L’édition 2023 des Perspectives économiques en Afrique (Pea) sous-titrée « Mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique » (Bad, 2023) met l’accent sur la nécessité pour les pays d’adopter une politique monétaire anti-inflationniste claire et soutenue par une politique budgétaire prudente.
Les pays africains ont besoin d’une stratégie qui accélérerait la désinflation et réduirait ainsi le coût d’une politique monétaire agressive. La Bad est persuadée que la lutte contre l’inflation élevée permet­trait de relancer les perspectives d’une croissance plus rapide et plus soutenue. La croissance en Afrique devrait se stabiliser autour de 4 % sur la période 2023-2024, selon les projections.
Dans les pays où les taux d’inflation devraient rester nettement supérieurs à deux chiffres, il est préconisé le relèvement des taux directeurs et leur maintien à un niveau plus élevé à court terme. Dans les pays dont les perspectives d’in­flation sont relativement faibles et bien ancrées, et qui disposent de capacités inutilisées, il sera question d’associer la politique monétaire à la politique bud­gétaire pour s’assurer que le soutien à la crois­sance reste fermement sur la bonne voie.
Les mesures de politique monétaire seront complétées par des politiques macro-prudentielles pour faire face aux risques pesant sur la stabilité financière et maintenir la stabilité des prix. Il importe, selon la Bad, de trouver un mécanisme global de restructura­tion de la dette intérieure et qui implique les banques nationales et d’autres détenteurs de dettes natio­nales afin d’éviter que les risques budgétaires contaminent le secteur bancaire. L’objectif visé est de réduire la dette tout en minimisant les risques pour la stabilité financière.

Inclusion

Une stratégie coordonnée de traitement de la dette entre les créanciers publics et privés est recommandée face aux conditions financières mondiales tendues et à l’accumulation des paiements au titre du service de la dette pour plusieurs pays. Aussi, convient-il de réformer l’architecture mondiale de la finance et de la dette afin de réduire les coûts, les délais et les complications juridiques liés à la restructuration de la dette des pays en développement, suggère la Bad. Cela aiderait ces pays à accéder aux ressources internationales à des conditions abor­dables pour financer les investissements dans les infrastructures essentielles et le développe­ment du capital humain.
Les experts de la Banque africaine de développement estiment qu’il est nécessaire d’intensifier la mobilisation des recettes intérieures pour rétablir la viabilité budgétaire et financer une croissance inclusive et un développement durable. Aussi, exhortent-ils les économies à adopter des politiques industrielles stratégiques pour accélérer la diversification économique en Afrique, notamment dans des secteurs porteurs de croissance et créateurs d’emplois, afin de limiter les effets des vents contraires récurrents et des chocs mondiaux. Encore faudrait-il renforcer la gestion des finances publiques afin de faire face à l’augmentation de la dette et à l’étroitesse de la marge de manœuvre budgétaire.
Avec une population totale de 1,4 milliard d’habitants, soit 16,7 % de la population mondiale et un Pib d’environ 3 000 milliards de dollars Us, le marché continental a les potentialités d’être com­pétitif, à travers le développement du commerce intra-africain. L’accélération de la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) devrait stimuler le commerce régional pour renforcer la résistance de l’Afrique aux retombées du ralentissement de la croissance économique mondiale et ainsi réduire le déficit commercial persistant.