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Echanges commerciaux: Bénin-Nigeria L’espoir renaît à la frontière Sèmè-Kraké

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Regain timide des activités en attendant le grand flux. A la frontière Sèmè-Kraké entre le Bénin et le Nigeria, les nouveaux rapports établis entre les présidents Patrice Talon et Bola Ahmed Tinubu en vue de la dynamisation des échanges commerciaux font voir des signaux positifs.

Par   Arnaud DOUMANHOUN, le 07 juil. 2023 à 07h53 Durée 3 min.
#Bénin-Nigeria
Les populations de part et d’autre de la frontière Sèmè-Kraké jubilent. Entre les administrations douanières des deux pays, rien de formel, mais quelques confidences des riverains confirment que les mouvements en cours ne sont pas anodins. Patrice Talon et Bola Ahmed Tinubu scellent un nouveau pacte de coopération en vue d’élargir les échanges commerciaux entre le Bénin et le Nigeria, et des faits attestent de la dynamique enclenchée. « Dans l’intervalle de deux semaines, trois à quatre postes douaniers ont été supprimés sur la route inter-Etats, c’est-à-dire de la frontière de Sèmè-Kraké à Badagri, ville située au sud-ouest du Nigeria », confie Cosme Agbodjèté, membre du conseil communal de la mairie de Sèmè-Podji, après une visite guidée sur le terrain. Dans l’espace Cedeao, le Nigeria figure parmi les cinq principaux clients du Bénin. Au titre des exportations au premier trimestre 2023, le pays de Tinubu est classé troisième juste derrière le Togo et la Côte d’Ivoire, et englobe 14,6% de la valeur des ventes des produits béninois au sein de la communauté. Aussi, le géant de l’Est est au premier rang des trois principaux pays fournisseurs du pays dans l’espace Cedeao, et se positionne deuxième, après le Togo, au cours du premier trimestre 2023, avec 28,9 % de la valeur totale des acquisitions de biens en provenance de la zone économique. 
Pourtant, ces chiffres sont loin de ce qui pourrait être la réalité, si les chefs d’Etat parvenaient au rétablissement complet des échanges. La volonté politique affichée, les acteurs gardent espoir. « Après la fermeture de la frontière il y a quatre ans, les activités n’ont véritablement pas repris en dépit de la réouverture de l'année dernière. En août 2022, nous avons enregistré 12 camions, contre environ 200 camions par le passé. C’est pourquoi nous sommes contents de ce nouveau rapport que nous souhaitons fructueux entre les deux chefs d’Etat… », a indiqué Francis Kpoahoun, chef d’agence d’une société de transit à Sèmè-Kraké. La baisse du trafic à ce Poste de contrôle juxtaposé (Pcj) de Kraké a entraîné la fermeture des institutions bancaires. 

Espoir

Autant d’éléments qui concourent à l'espoir nourri par les populations situées de part et d’autre de la frontière, depuis que les présidents Talon et Tinubu se sont engagés à insuffler un nouveau dynamisme à la coopération. «On espère parce que nos collègues nigérians nous disent déjà félicitations, les activités vont reprendre. C’est tout notre souhait afin que chacun se retrouve dans une situation meilleure », fait savoir Francis Kpoahoun dont l’agence a dû réduire son personnel pour faire face à la période de vaches maigres. Dans les rangs des cambistes, des conducteurs de taxi, des revendeurs et autres usagers opérant à la frontière, l’on se félicite de la dynamique en cours, en attendant la prise des actes officiels. « Depuis que notre président est allé échanger avec le nouveau président nigérian, les choses changent. Nous arrivons à faire passer peu à peu le riz. Avant c’était impossible. Nous souhaitons que ça se poursuive… » a confié Mariam Akodekou, présidente de l’Association des revendeurs de Sèmè-Kraké, qui importe de l’essence de contrebande ‘’Kpayo’’ et exporte du riz, des produits cosmétiques et autres. Alfred Toyétomè, chef de l’arrondissement de Tohouè, commune de Sèmè-Podji, explique aussi que l’ouverture de la frontière en 2022 n’avait pas eu d’impact significatif sur le trafic. « L’autre ouverture n’était pas substantielle. Aujourd’hui que les deux chefs d’Etat ont échangé, vivement que les citoyens reprennent leurs activités de part et d’autre de la frontière... », a-t-il souhaité. En attendant les actes officiels, les usagers, quant à eux anticipent. Florent Ahouandjinou, alias Gambi, conducteur de taxi, assure que la rigidité a baissé d’un cran, en ce qui concerne les échanges de produits tels que le riz et les produits de ferme. Mais Christophe Anianou, déclarant en douane et secrétaire général du Syndicat des transitaires de Sèmè-Kraké (Syntrams-Kraké), reste prudent. « En 2022, l’ouverture était jonchée d’interdits. Donc, il n’y a pas eu un grand changement. Certains produits passent aujourd’hui mais officiellement, nous n’avons pas encore reçu de notification sur les valeurs. Il faut se rapprocher de la hiérarchie douanière pour avoir la valeur sur les produits», explique Christophe Anianou. 

Améliorer les relations

Une chose est certaine, les deux chefs d’Etat se sont engagés à établir un nouveau pont dans la coopération entre leurs pays. « Nous devons reconnaître le fait que nous avons besoin les uns des autres. Nous sommes dans une boucle et personne ne doit nous séparer », a déclaré Bola Ahmed Tinubu lors de ses échanges avec son homologue béninois en marge du Sommet pour un nouveau pacte international à Paris. Il ajoute : « Nous sommes prêts à améliorer nos relations. L’Afrique a été la pièce maîtresse de la politique étrangère du Nigeria ». En réponse, Patrice Talon a aussi affiché une disponibilité à mettre en œuvre des politiques qui protégeront les économies des deux pays aux entrées terrestres et maritimes. « Tout ce qui est interdit au Nigeria sera également interdit au Bénin», assure le président béninois.    
Selon les données de l’Institut national de la Statistique et de la Démographie (Instad), les exportations du Bénin vers les autres pays de la Cedeao s’établissent à 28,0 milliards F Cfa au premier trimestre 2023 dont pour le compte du Nigeria, l'huile de palme et ses fractions pour une valeur de 1,2 milliard F Cfa (2 809,4 tonnes) puis les véhicules automobiles pour le transport de marchandises, et les machines et appareils de terrassement, nivellement, destinés exclusivement à la réexportation, pour des montants respectifs 0,8 milliard F Cfa et 0,7 milliard F Cfa. Les importations en provenance des pays de la communauté se sont établies à 60,1 milliards F Cfa au cours de ce trimestre, et les principaux biens acquis du pays de Tinubu sont les huiles de pétrole ou de minéraux bitumineux d’une valeur de 10,8 milliards F Cfa (56 927,4 tonnes), les autres houilles, même pulvérisées d’un montant de 1,8 milliard F Cfa, les mono alcools acycliques pour 0,5 milliard F Cfa et les véhicules à moteur pour le transport des personnes, pour une valeur 0,3 milliard F Cfa. La question politique réglée entre les deux Etats, l’impact de la chute de la valeur du naira restera une autre problématique à résoudre.