La Nation Bénin...
Les accidents de la voie publique ont d'énormes impacts sur le développement socio-économique. Les usagers et l’Etat sont appelés à oeuvrer pour réduire sensiblement les pertes.
Les statistiques du Centre national de sécurité routière (Cnsr) montrent le réel visage des accidents de la voie publique au Bénin : environ quatre mille cinq cents blessés et en moyenne, plus de sept cents décès par an, soit deux personnes tuées par jour sur les routes.
Plusieurs thèses évoquent la cause du dysfonctionnement du système des transports routiers (route, matériel roulant, usager) pour justifier ces drames. Leur impact se mesure surtout par rapport à la charge sociale qu’ils impliquent. La dernière décennie au Bénin a été assez éprouvante en la matière.
Dans sa communication présentée, vendredi 28 avril dernier à Cotonou, à l’occasion de la 27e édition de la Journée africaine de prévention des risques professionnels, organisée par la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss), Serges Vivien Kougnimon a identifié quatre grandes tendances de l’évolution du nombre des accidents corporels et matériels de 2012 à 2021 au Bénin.
La première variation se situe, selon lui, entre 2012 et 2013, avec respectivement cinq mille sept cent quatre-vingt-neuf et cinq mille quatre cent quatre-vingt et un cas d’accidents de la circulation. Ces chiffres se sont un peu améliorés entre 2016 et 2020, où le Bénin a enregistré l’un de ses plus faibles taux en 2020, soit quatre mille trois cent cinq cas, avant de connaître une remontée de 14,51 % en 2021, soit cinq mille cent quatre-vingt-treize cas.
Les routes en sont pour beaucoup
L’état de la route compte pour beaucoup dans le taux d’accidentalité. Là-dessus, Serges Vivien Kougnimon fera une classification des routes ayant fait des victimes au Bénin de 2012 à 2021 pour souligner l’ampleur du désastre.
Sur la période, les routes nationales inter-Etats (Rnie) ont tué cinq mille cent vingt-neuf personnes, et ont fait au total douze mille trois cent cinquante-trois blessés graves et treize mille neuf cent quatre-vingt-sept blessés légers. Au même moment, les routes nationales (Rn) ont occasionné mille deux cent quatre-vingt et un décès, contre deux mille neuf cent quarante-trois blessés graves et trois mille cent deux blessés légers. Pendant ce temps, la voirie urbaine a enregistré six cent soixante-six morts ; cinq mille cent vingt-quatre blessés graves et huit mille vingt-neuf blessés légers. Sur les pistes répertoriées, notre pays a enregistré cent trente- neuf personnes tuées ; deux cent soixante-dix-sept blessés graves et deux cent trente-deux cas de blessures légères.
Au Bénin, la lourde charge liée à ces accidents est généralement supportée par la société. Employeurs et ménages en ressentent fortement le coup. D’un côté, les ménages avec la perte de la principale source de revenu que représente l’accidenté. De l’autre, les employeurs en termes de perte prématurée ou d’invalidité des citoyens les plus actifs économiquement.
Selon Serges Vivien Kougnimon, « la perte de la principale source de revenu de la famille résultant d’un accident de voiture peut pousser une famille dans la pauvreté et limiter la capacité des victimes à en assumer les conséquences ».
Conséquences économiques
Aux impacts sociaux des accidents de circulation, il faut y ajouter des coûts économiques, non négligeables.
Serges Vivien Kougnimon explique que ces coûts peuvent inclure des coûts immédiats et des coûts à long terme associés au traitement et aux soins médicaux, et la valeur des revenus perdus dans le cas où un membre de la famille doit renoncer à un travail salarié pour s’occuper de la victime de l’accident.
Augmentation des emprunts financiers, endettement et baisse de consommation alimentaire sont quelques impacts financiers directs des accidents de la route sur les ménages.
Pour les employeurs, ces coûts incluent la perte de temps de travail ; les commandes perdues et les pertes de production ; les coûts des services médicaux d’urgence ; les coûts d’entretien et de réparation des véhicules; les dommages à la réputation de l’employeur (en particulier dans le cas où des véhicules portant le nom de l’entreprise sont impliqués).
Les organisations internationales estiment le coût économique des accidents de la circulation et des traumatismes qu’ils engendrent entre 1 % et 1,5 % du produit intérieur brut (Pib) dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire.
Le Pib du Bénin est évalué à environ neuf milliards vingt-sept millions de dollars Us. 1,5 % de cette valeur représente donc plus de quatre-vingt et un milliards de F Cfa.
Ces chiffres sont suffisamment évocateurs des pertes économiques qu’enregistre le Bénin dans le cadre des accidents de la voie publique et cela doit amener chaque usager à avoir des comportements responsables sur la route.