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L’éditorial de Paul AMOUSSOU: Question de dividende

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Quelle richesse, que d’avoir beaucoup d’enfants ! Certitude, croient certains, ils ne vont pas se nourrir de sable ni d’herbes ! Ce narratif ne vient pas de fondamentalistes religieux ni de quelque adepte pro-life, mais reste une approche pro nataliste largement partagée, fortement ancrée dans la société béninoise. Ceci se traduit par l’attitude pro-nataliste des leaders coutumiers et religieux, la perception négative par certains hommes basée sur des stéréotypes, loin de la réalité, qui les rendent réticents à l’utilisation des produits contraceptifs ainsi que les femmes. 

Par   Paul AMOUSSOU, le 08 mai 2023 à 08h48 Durée 2 min.

Ce sont autant de barrières notamment socio-culturelles contre lesquelles bute la promotion de la planification familiale au Bénin, en dépit de l’environnement juridique propice avec surtout la loi relative à la santé sexuelle et reproductive. A telle enseigne que la planification familiale, malgré les multiples campagnes de sensibilisation n’aura pas prospéré, à en juger par le faible taux d’adoption des contraceptifs qui, selon les Enquêtes démographiques et de santé, document de référence en la matière, dénombrent douze pour cent seulement des Béninoises en âge de procréer qui sont utilisatrices de méthodes contraceptives. L’indice synthétique de fécondité, de 5,5 enfants par femme, reste élevé chez les femmes de 15-49 ans avec 6,36 enfants par femme en zone rurale et 4,4 enfants par femme en zone urbaine. Considérant que l’écart entre la fécondité réelle et celle désirée n’en reste pas moins constant à 0,9, indiquant que les femmes ont généralement environ un enfant de plus qu’elles ne le souhaitent. D’où le nombre de grossesses non planifiées demeure encore important ainsi que les avortements à risque.
C’est préoccupant, car le lien entre démographie et développement est étroit. Et pour un pays en quête de développement, une population non maitrisée implique une forte demande sociale à laquelle l’Etat devra être confronté, en termes de besoins en santé, en éducation, en assainissement, en infrastructures, etc. Ramené à la dimension d’un foyer, cela veut dire que plus de bouches à nourrir soumet les revenus à rude épreuves. C’est connu, lorsque le diviseur est grand, le quotient est petit ! C’est bien tirant leçon d’une telle réalité que la Chine a instauré la mesure d’un enfant par couple, difficile certes mais ayant produit ses fruits, car une fois les conditions réunies, à savoir une croissance économique qui donne à l’Etat de solides épaules pour répondre à la demande sociale, cette mesure a été levée. n