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Perspectives économiques du Bénin: La croissance passe par les corridors

Economie
Alexandre Henry, auteur prin- cipal du rapport « Bénin Pers- pectives économiques », lors de la présentation du rapport à la presse, hier à Cotonou Alexandre Henry, auteur prin- cipal du rapport « Bénin Pers- pectives économiques », lors de la présentation du rapport à la presse, hier à Cotonou

Le Bénin tirerait mieux profit de sa position stratégique en misant sur les corridors économiques, selon un nouveau rapport de la Banque mondiale. La poursuite de la modernisation des infrastructures portuaires, ferroviaires et routières reste un défi majeur pour une croissance durable.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 27 juin 2023 à 07h01 Durée 3 min.
#corridors
Une croissance durable au Bénin, axée sur sa position stratégique, passe par la construction de corridors économiques, à même d’entraîner des synergies positives, selon la Banque mondiale. Le développement de solutions multimodales visant à connecter le port maritime et le transit terrestre s’avère primordial afin de donner au Bénin une place de plateforme régionale incontournable, précise le Rapport Bénin Perspectives économiques publié ce lundi 26 juin à Cotonou, sous-titré «Révéler le Bénin en misant sur les corridors économiques ». 
Selon les auteurs, les transformations pourraient s’articuler autour des ports secs, points d’étape du corridor économique, à même de valoriser la production agricole locale en lui donnant accès à de nouveaux marchés. Cette dynamique intègrerait aussi les services logistiques à plus forte valeur ajoutée, comme le transport réfrigéré, ainsi que la dimension ferroviaire pouvant assurer un complément aux connexions routières en vue d’accompagner les flux commerciaux, suggèrent-ils.
En effet, la position stratégique du Bénin reste un atout économique considérable pour le pays, fait remarquer Alexandre Henry, auteur principal du rapport, hier face à la presse à Cotonou. Le Bénin est un corridor privilégié pour les pays frontaliers enclavés de la sous-région, notamment ceux de l’hinterland : Niger, Burkina Faso, Mali, Tchad, souligne-t-il. Le port de Cotonou est aussi un relais de transbordement plus proche et plus rapide vers le géant voisin de l’est, le Nigeria qui représente 41 % du commerce officiel, sans compter les flux informels très développés entre les deux pays.
A l’en croire, le contrat de gestion d’Anvers a permis d’initier des améliorations sur la plateforme portuaire, avec un plan d’investissement pluriannuel de 350 milliards F Cfa visant à améliorer sa gestion et sa rentabilité. Les travaux de modernisation en cours devraient, à moyen terme, booster les performances du «poumon de l’économie nationale » qui profite des mauvaises performances du port de Lagos dont les installations n’ont pas augmenté depuis 1997. 

Mesures

Il est question de pallier les dysfonctionnements sur la plateforme portuaire, qui entraînent des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement, des retards, des coûts supplémentaires pour les opérateurs économiques. Car, la congestion portuaire, l’aménagement urbain des entrées et sorties ainsi que sa connectivité avec le reste du réseau d’infrastructures nationales restent des défis de taille à relever, estiment les économistes.
Les disparités en matière d’infrastructures et de services de transport accentuent les inégalités spatiales et affectent le capital humain, surtout en milieu rural. Les coûts élevés des transports intérieurs et le manque de services adéquats constituent un défi majeur pour l’intégration économique des régions infranationales et limitent leur potentiel de diversification économique, signale le rapport de la Banque mondiale.
Les taux d’exécution des travaux d’aménagement routier restent à améliorer à travers une meilleure passation des marchés et une hiérarchisation adéquate des priorités, alors que les dépenses d’investissement dans le secteur sont en hausse. Le faible entretien des routes qui engendre des problèmes d’accessibilité, affecte les revenus mais aussi l’accès aux services publics d’éducation et de santé.    
Les économistes ne passent pas sous silence le défi d’adaptation au changement climatique, préconisant des politiques ambitieuses. Il s’agit d’anticiper les conséquences de l’évolution des phénomènes météorologiques par la rénovation des routes existantes et l’adaptation de nouvelles routes pour mieux résister aux facteurs d’exposition tels que les températures extrêmes, les précipitations intenses, les sécheresses, les inondations. Un plan national d’adaptation au changement climatique (Pna) publié en mai 2022 met l’accent sur la remise en état des infrastructures.
Croissance de 6 % à moyen terme, mais pleine d’incertitudes

La croissance réelle du Bénin devrait osciller autour de 6 % 
(3,1 % par habitant) à moyen terme, contre 6,3 % en 2022 et 7,2 % en 2021, d’après le rapport Bénin Perspectives économiques (Banque mondiale, juin 2023). Le secteur secondaire tiré par la transformation de la production agricole, et le secteur tertiaire renforcé par les flux commerciaux, contribueraient de plus en plus à la croissance.

Les projections laissent entrevoir une réduction de la pauvreté au cours des trois prochaines années, dans un contexte de baisse de l’inflation qui atteignait 6,9 % en glissement annuel à la fin du premier trimestre 2023, contre 2,9 % à fin 2022.
Le déficit public reste élevé pour la troisième année consécutive, à 5,5 % en 2022 contre 5,7 % en 2021 et ce, malgré la hausse des recettes fiscales tirées par une bonne performance de la taxe sur la valeur ajoutée (Tva), note la Banque mondiale.

La dette publique a continué à augmenter en atteignant 54,2 % du produit intérieur brut (Pib) à fin 2022, contre 50,3 % en 2021. Toutefois, l’encours de la dette devrait progressivement diminuer à partir de cette année.
L’insécurité au Nord du pays, le resserrement des politiques monétaires dans les économies avancées, l’augmentation des tensions géopolitiques internationales, l’accélération des tensions inflationnistes sont autant de risques qui pèsent sur les perspectives économiques.