Dans 48 heures, la communauté musulmane du Bénin va célébrer l’Aïd el kébir, l’Aïd el-Adha ou la fête du sacrifice. A Parakou, l’inquiétude des fidèles est grande. Pour se procurer le traditionnel bélier à immoler, ils ne savent pas où donner de la tête. Cette année, ils sont confrontés non seulement à la rareté des bêtes sur le marché mais aussi au prix exorbitant.
Contrairement aux autres années précédentes, bien que la demande existe et se fait sentir, les marchés ouverts pour la circonstance à Guéma, Okédama et Albarika, dans la ville de Parakou, n’ont pas suffisamment de moutons à proposer. Il s’ensuit une spéculation caractérisée par une flambée des prix. Ce qui, pour de nombreux fidèles, augure d’une célébration dans des conditions difficiles. Pour expliquer cette situation, l’insécurité au Burkina Faso et au Mali est pointée du doigt.
Rencontré au marché de moutons à Okédama, le revendeur Madjid Sonko confie qu’en dehors du Niger, ces pays sont des fournisseurs en bêtes du Bénin. « Cette année, nous avons espéré en vain les navettes de leurs camions chargés de bêtes pour la fête », explique-t-il, très dépité. « L’insécurité sur leurs voies et dans certaines localités de ces pays a fait qu’ils n’ont pas voulu prendre des risques», appuie Rouga Ouzérou, un autre revendeur, au marché de Guéma. « Si jusque-là, ils ne se sont pas encore présentés, il ne faut plus les espérer », ajoute-t-il, invitant les éventuels clients à se contenter de ce qui leur est proposé. « Les bêtes que nous trouvons sur le marché béninois, nous reviennent trop cher. Il nous faut rentrer dans nos fonds», se défend-il.
En effet, l’insécurité qui règne dans la région dite des « trois frontières » entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger a mis en péril le commerce de moutons pour la fête. « Il y a une pénurie comme on n’en a jamais connu », se plaint Nazif Aïdara, un autre revendeur. La soixantaine, il a du mal à dissimuler sa fatigue et son exaspération, après avoir écumé Malanville, Kandi et Sègbana, à la recherche de moutons à acheter. Il n’est rentré qu’avant-hier seulement à Parakou, avec une trentaine de bêtes. Lui qui pouvait proposer jusqu’à 300 têtes de moutons.
Espérant s’en sortir avec les
35 000 francs Cfa qu’il a en poche, il y a déjà plus de 3h que Amzat Khalifa tourne en rond dans le marché Okédama. « Tout ce qu’on m’a présenté, c’est entre 50 000 et 60 000 », se lamente-t-il. On lui demande de faire un effort supplémentaire. Ce dont, face déjà à l’augmentation du coût d’autres produits de consommation, il ne se sent pas en mesure. En désespoir de cause, il a fini par rentrer chez lui.
A Parakou, il est difficile de se procurer une bête avec moins de 35 000F Cfa. Un bélier dodu, gras et bien cornu, peut coûter jusqu’à 300 000 F Cfa.
Pour le moment, l’affluence ne fait pas défaut sur les différents sites de vente à Parakou. Le problème, c’est que les clients repartent tels qu’ils sont venus. Estimant que les prix vont baisser, certains se résolvent à attendre le dernier moment, pour se présenter. D’autres, entre amis ou membres d’une même famille, envisagent de voir comment ils vont s’organiser pour prendre ensemble un bœuf■