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Projet Pipeline WAPCO: Bénin sauve la forêt classée de Sakété

Société

Menacée d’être traversée et dépaysée par le projet Pipeline de transport de pétrole brut du Niger jusqu’à la côte de Sèmè-Podji au Bénin, la forêt classée de Sakété a été sauvegardée et contournée par la société WAPCO Bénin qui pilote les travaux. L’entreprise chinoise vient ainsi de confirmer à nouveau tout le bien qu’on pense d’elle en matière de préservation et de promotion de la biodiversité.

Par   Thibaud C. NAGNONHOU, le 15 mai 2023 à 04h50 Durée 3 min.

La forêt classée de Sakété située à Hounmè dans le deuxième arrondissement de cette commune n’est plus menacée par le projet Pipeline. Elle a été sauvée par la société WAPCO Bénin qui a opéré une déviation pour faire passer ses tuyaux de transport de pétrole brut dans la zone. Les parties prenantes engagées dans la réalisation des travaux étaient sur le terrain, ce lundi 8 mai, pour montrer toute l’importance de cette décision de contournement. Laquelle décision vient confirmer une fois encore tout le bien qu’on pense de la société WAPCO Bénin en matière de préservation de la biodiversité et de la protection de l’environnement au Bénin.
Pour le directeur général des Hydrocarbures et autres combustibles fossiles, Achille Adjéniya, point focal du projet Pipeline au ministère en charge des Mines, la préservation de la forêt classée de Sakété fait partie des enjeux environnementaux liés au projet, et a été fortement recommandées par le gouvernement au début des travaux. C’est pourquoi, souligne-t-il, de concert avec la société WAPCO en charge du projet, il a été retenu de la contourner. Mais ce contournement n’a pas été sans répercussion sur la distance du projet dans la zone. Avec le plan initial, le tracé devrait faire 2450 m au niveau de la sous-section de la forêt si celle-ci doit être traversée. Mais avec le contournement, cette distance a été rallongée d’environ 310 m passant de 2450 à 2760 m, précise le DG en charge des Hydrocarbures. Achille Adjéniya rassure que tout comme le plan initial, le nouvel itinéraire des travaux au niveau de la forêt sacrée de Sakété a fait l’objet d’étude technique rigoureuse. « Tout est fait pour minimiser au maximum l’impact de ce contournement sur l’écoulement du pétrole », indique-t-il. Le point focal du projet Pipeline qui est au ministère en charge des Mines rappelle l’importance de ce projet qui permettra de transporter du pétrole produit au Niger pour traverser une partie du territoire nigérien sur 1200 km et du Bénin sur 675 km jusqu’à la côte de Sèmè-Podji où sera construite la station terminale. Ce projet traverse cinq départements du Bénin, précise Achille Adjéniya.

Perte énorme évitée  

François Corneille Kèdowidé, directeur général de l’Agence Béninoise pour l’Environnement (ABE), informe que le projet a fait l’objet d’une étude d’impact environnemental et social approfondie. D’abord, en raison du fait que c’est un projet transfrontalier qui quitte le Niger et traverse presque tout le Bénin jusqu’à Sèmè-Podji. Lors de cette étude, souligne le DG/ABE, il y a eu la participation des populations provenant des différentes communes traversées par l’ouvrage et qui ont donné leur adhésion au projet. Les cartes et les documents ont été laissés dans les mairies pour permettre aux populations de poser toutes les questions possibles sur le plan d’aménagement. Tout ceci a été conforté par le certificat de conformité environnementale qui est accompagné du Plan de gestion environnementale et sociale. Toutes les dispositions ont été prises par le projet pour éviter de toucher les forêts classées ; les forêts sacrées, les cultes et cultures, assure François Corneille Kèdowidé. C’est pourquoi, informe le DG ABE, lorsqu’il s’agissait de traverser la forêt, son agence a très tôt attiré l’attention des uns et des autres sur le fait que ce n’est pas possible. Le DG se réjouit que chemin faisant, la partie gouvernementale ainsi que la société WAPCO Bénin, aient compris l’importance de préserver cette forêt classée. Sinon, l’entreprise chinoise avait deux possibilités pour gérer la situation. Elle devait soit faire passer le pipeline à une profondeur en traversant en dessous la forêt tout en évitant de toucher les racines des espèces végétales, ce qui devrait revenir cher, ou soit en optant pour la solution la plus facile en contournant la forêt. François Corneille Kèdowidé se dit content de constater que les suggestions des ministres en charge des Mines et du Cadre de vie ont été suivies à la lettre par l’entreprise chinoise qui a opté pour la solution la plus simple.

WAPCO, chantre de la biodiversité

Le directeur général de l’ABE s’engage à maintenir le cap en faisant un suivi régulier et rapproché dans l’optique de mettre en œuvre le plan de gestion environnementale et sociale de ce projet. Ceci, à cause des risques que présente un projet de telle envergure, celui du transport du pétrole, une substance dangereuse. Il rappelle que son agence était récemment à Gogounou où il est mis en place un forage solaire en plus de la plantation de manguiers d’espèce « Gouverneur ». François Corneille Kèdowidé saisit l’occasion pour féliciter WAPCO qui fournit régulièrement à l’ABE un rapport trimestriel sur la mise en œuvre de son plan de gestion environnementale et sociale et avant le 15 décembre de chaque année, un rapport sur l’audit interne environnemental.
Pour Toussaint Lougbégnon, enseigneur chercheur à l’Ecole de foresterie tropicale de l’Université Nationale d’Agriculture (UNA) du Bénin, la forêt classée de Sakété mérite d’être sauvegardée à tout prix. Cela, même si le Pipeline est aussi un bon projet qui va apporter de devises pour le Bénin. Selon lui, cette forêt présente une grande importance et est d’intérêt patrimonial pour le Bénin. Elle est classée depuis 1946 sous la période coloniale. Chemin faisant, cette forêt est entrée sous la coupole de la Société Nationale du Bois (SONAB) ex-Office National du Bois (ONAB). Cette forêt regorge de rares espèces forestières qu’il est nécessaire de préserver, souligne Toussaint Lougbégnon. Des espèces menacées et situées sur la liste rouge de l’Union Internationale de la Conservation (UIC), c’est-à-dire des espèces généralement en voie de disparition et qu’on ne retrouve que dans la forêt sacrée de Sakété évaluée à une superficie de 60 hectares composée à la fois de marécage et de terre ferme. Le Bénin aurait beaucoup perdu si la forêt classée de Sakété n’est pas contournée, défend François Bossou, adjudant-chef, chef secteur de la Forêt classée de Sakété et représentant de la SONAB, ex-ONAB. Au regard, explique-t-il, des spécificités de cette forêt qui regorge de nombreuses espèces animales et végétales qu’on ne retrouve nulle part au Bénin. François Bossou estime que la sauvegarde de cette forêt va permettre de promouvoir l‘écotourisme ; d’assurer la conservation de la biodiversité et la promotion du reboisement.

Ouvrage irréprochable

Le maire de Sakété, Nestor Idohou se réjouit que la doléance de sa mairie par rapport à la préservation de cette forêt classée ait eu des échos favorables de la part des parties prenantes du projet. Il félicite WAPCO Bénin pour avoir procédé dans les règles de l’art surtout en dédommageant déjà les présumés propriétaires dont les parcelles ont été traversées par le nouveau tracé qui n’était pas dans le plan initial. L’autorité communale invite les populations de sa commune à continuer de coopérer pour le bon déroulement du projet dont les retombées et l’impact socio-économique pour Sakété sont palpables.
Lu Baojun, représentant le DG de WAPCO Bénin, rassure que le projet est conduit dans les règles de l’art et en respect de la règlementation béninoise. Il dit avoir d’ailleurs été instruit à cet effet par la société WAPCO au niveau mondial. Même assurance du côté de Du Ming, représentant de l’entreprise chinoise CPEEC en charge de la réalisation technique des travaux sur le terrain notamment de la pose souterraine des tuyaux de conduite du pétrole brut. Pour sa part, il félicite les autorités à divers niveaux au Bénin pour le soutien qu’elles apportent au projet. Du Ming promet que l’ouvrage qui sera réalisé sera de bonne facture dans l’intérêt du Niger et du Bénin.
Rock Gbédjinon, environne-mentaliste de WAPCO-Bénin, rassure que le chantier qui a démarré en février dernier évolue comme cela se doit.