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« La miséricorde de la jungle » de Joël Karekezi: Une projection qui a fait foule à Le Centre

Culture
Les cinéphiles plongés dans les énigmes du film « La miséricorde de la jungle » de Joël Karekezi Les cinéphiles plongés dans les énigmes du film « La miséricorde de la jungle » de Joël Karekezi

Perdus dans la jungle, livrés à tous les risques, ployant sous le poids de la fatigue, de la faim, voire de leurs propres consciences ; le sergent Xavier et le jeune soldat Faustin sont passés par bien des épreuves. Projeté vendredi 6 octobre dernier à l’espace culturel Le Centre, le film « La miséricorde de la jungle » de Joël Karekezi a plongé les cinéphiles dans les méandres de la deuxième guerre du Congo. Occasion pour l’espace culturel de réaffirmer la vision de Wà Cinéma et d’annoncer d’alléchantes perspectives.

Par   Anselme Pascal AGUEHOUNDE, le 16 oct. 2023 à 01h41 Durée 4 min.
#La miséricorde de la jungle #Joël Karekezi #Une projection

Entre silence, murmures et questionnements, les cinéphiles semblaient bien embarrassés par le film « La miséricorde de la jungle » de Joël Karekezi. C’est une de ces réalisations qui captivent et requièrent une attention particulière si l’on veut en saisir la trame. 91 minutes de concentration !

Nous sommes en 1998, dans la région du Kivu, à la frontière entre le Congo et le Rwanda où la deuxième guerre du Congo bat son plein. Une guerre meurtrière qui fait d’innocentes victimes. Des villages pillés, détruits, laissés en ruine. Des communautés entières massacrées. Au front dans cet environnement belliqueux, le sergent Xavier, héros de guerre rwandais, et le jeune soldat Faustin qui a grandi dans les champs, perdent la trace de leur bataillon. Se fourvoyant dans la plus vaste et hostile jungle du continent, ils doivent survivre à la faim, à la soif, au désespoir et même à la torture de leurs propres consciences agitées par les horreurs du passé et du présent. Les deux aventuriers de fortune se soutiennent mutuellement et bravent ensemble toutes les épreuves, se liant d’amitié. Au bord du gouffre, ils parviennent à échapper à un détachement de rebelles qui les traquent, et finissent par tomber sur des bienfaiteurs qui leur font bon accueil dans leur petit village et les orientent. Le sergent Xavier et le jeune soldat Faustin retrouvent enfin leur bataillon et croient être sortis d’affaire. Ils sont hélas considérés comme des déserteurs, des espions et sont torturés, emprisonnés avant d’être relâchés. Le sergent Xavier est réadmis mais le jeune Faustin voit ses efforts mal récompensés; il est promis à un rapatriement incertain. Au travers d’une attaque intestine, nocturne, la troupe est décimée par un mystérieux soldat. Seul survivant, le sergent Xavier traque l’assaillant mais est surpris de le reconnaître. Ce dernier, profitant de l’hésitation du sergent, lui tire dessus et s’enfuit. L’on verra dans la dernière scène le jeune Faustin au champ, chérissant sa famille. Libre court aux interprétations… Charlemagne Zocli, comptable de profession, en ressort d’ailleurs avec beaucoup d’interrogations.

« y a-t-il un acteur principal ? Qu’est-il advenu du sergent Xavier. A-t-il succombé au coup de feu ? Qui lui a tiré dessus ? Serait-ce le jeune Faustin ? ... ». Seul Joël Karekezi pourra satisfaire à tous ses questionnements.

Tourné au Rwanda et en Ouganda, ce long métrage produit en 2018, a reçu l'Etalon d'or de Yennenga au Fespaco en 2019. Il a été projeté, vendredi 6 octobre dernier, à l’espace culturel et artistique Le Centre dans le cadre du programme Wà Cinéma.

Perspectives

Lancé le 7 mai 2021 par Le Centre sis à Lobozounkpa, Wà Cinéma a été initié pour raviver la culture du cinéma ; valoriser et promouvoir les productions cinématographiques issues ou en lien avec le continent africain. Ce programme, accompagné par l’Institut Français du Bénin, reçoit en moyenne cent cinéphiles chaque premier vendredi du mois.  De plus en plus, les productions béninoises bénéficient d’un intérêt particulier. « Nous travaillons depuis quelques années à élargir ce champ afin de recevoir beaucoup plus de productions made in Benin. Nous avons entrepris le projet de valorisation des productions béninoises depuis l’année dernière. Nous avons déjà diffusé quelques films made in Benin dont ‘’La canne du Roi’’ de Reilinght Tchobo qui est lié au pouvoir de la récade dans l’ancien royaume du Danxomè et qui fait aussi le lien avec le Petit musée de la récade sis dans l’enceinte de l’espace Le Centre », indique Mora Gaba, chargé de communication de l’espace Le Centre. A l’en croire, Le Centre entend rester sur la même dynamique. « Nous sommes en train de négocier des partenariats avec des plateformes de diffusion et des structures de productions cinématographiques au Bénin. Ce qui nous permettra de recevoir plus de productions. Le challenge est donc d’arriver à trouver des films de très bonne qualité aussi bien pour ce qui est de l’audio, du visuel que du scénario », précise Mora Gaba.

Wà Cinéma prépare un programme alléchant pour les cinéphiles dans les jours à venir.

« Nous envisageons de ramener ici la crème de la crème. Il y a des films qui ont été réalisés dernièrement et qui ont suscité beaucoup d’engouement sur les réseaux sociaux, que nous pensons ramener ici. Je sais déjà que cela va réjouir les cinéphiles qui auront le privilège d’avoir accès à ces films gratuitement. Car très généralement dans les autres centres, c’est payant. C’est notre manière de rendre le cinéma accessible à tous; de permettre aux Béninois d’apprécier ce que font nos jeunes réalisateurs », fait savoir Mora Gaba.