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Développement durable en Afrique: L’urgence d’un financement accru pour éliminer la pauvreté

Economie
Les conclusions du rapport soulignent la nécessité pour l’Afrique d’accélérer les progrès dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine Les conclusions du rapport soulignent la nécessité pour l’Afrique d’accélérer les progrès dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine

Des mécanismes de financement innovants et des partenariats renforcés restent un défi pour réduire la pauvreté, la faim et autres inégalités en Afrique, souligne le Rapport sur le développement durable 2024 du Pnud. Les progrès sont modestes, contrebalancés par les multiples crises des dernières années.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 24 juil. 2024 à 07h04 Durée 3 min.
#Développement durable en Afrique

Le Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud) recommande un accès élargi à des financements concessionnels pour le développement durable en Afrique, un renforcement des systèmes d’information et d’alerte précoce ainsi que des réformes économiques urgentes pour inverser la tendance de la pauvreté. C’est à travers le nouveau Rapport sur le développement durable en Afrique (Pnud, 2024) intitulé « Renforcer l’Agenda 2030 et l’Agenda 2063 et éliminer la pauvreté en période de crises multiples : la mise en œuvre efficace de solutions durables, résilientes et innovantes ».

Le rapport souligne l’engagement et les progrès, mais surtout « la nécessité urgente d’accélérer les actions de développement durable et l’impératif pour les pays africains d’intensifier leurs efforts et de donner aux communautés les moyens de parvenir à une croissance plus inclusive », fait remarquer Monique Nsanzabaganwa, vice-présidente de l’Union africaine, dans un communiqué de presse publié par la Banque africaine de développement (Bad).

Le rapport a porté essentiellement sur cinq objectifs de développement durable (Odd) et leurs 32 cibles. Il s’agit des Odd relatifs à la réduction de la pauvreté, l’élimination de la faim, la lutte contre les changements climatiques, la promotion des sociétés pacifiques et le renforcement des partenariats mondiaux. Il en ressort que l’Afrique est en passe d’atteindre au plus 3 des 32 objectifs évalués. Des revers ont été enregistrés pour 8 d’entre eux et des progrès lents ou un statu quo pour les objectifs restants.

Services de base

L’Afrique a fait des progrès en matière de réduction de la pauvreté, en dépit des revers causés par des crises comme la Covid-19. Toutefois, en 2022, l’Afrique représentait plus de la moitié (54,8 %) des personnes vivant dans la pauvreté dans le monde. La part de la population vivant sous le seuil de pauvreté national est passée de 33,3 % en 2013 à 38 % en 2023, encore loin de la valeur cible de 23 % pour 2023 fixée dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine, indique le rapport du Pnud. La proportion de chômeurs pauvres en Afrique (31,09 %) est également plus élevée que la moyenne mondiale (6,38 %).

Les systèmes de protection sociale ne couvrent que 17,4 % de la population du continent, contre une moyenne mondiale de 46,9 %. L’accès à l’eau potable est de 72,9 % en moyenne contre 68,7 % en 2015. Les services d’assainissement de base atteignent désormais 52 % de la population, grâce aux efforts continus pour répondre aux normes mondiales.

De même, les défis restent cruciaux en matière de lutte contre la faim, la sous-alimentation et le retard de croissance en Afrique, malgré les efforts déployés. A preuve, la faim a touché 281,6 millions de personnes en 2022 sur le continent, soit 11 millions de plus qu’en 2021, selon le rapport. Les initiatives en cours nécessitent un soutien urgent pour l’amélioration des investissements agricoles et le renforcement de la sécurité alimentaire.

Défi climatique

En matière de lutte contre le changement climatique, l’Afrique fait preuve de résilience, témoignant de l’engagement des Etats. Néanmoins, le nombre de pays ayant mis en place des stratégies nationales et locales de réduction des risques de catastrophe reste à 29 sur 54 depuis 2015. Seulement 29,5 milliards de dollars ont été mobilisés sur les 2 800 milliards de dollars nécessaires entre 2020 et 2030 pour permettre aux pays africains de mettre en œuvre leurs Contributions déterminées au niveau national (Cdn) dans le cadre de l’Accord de Paris.

« Il faudra entre 118,2 et 145,5 milliards de dollars par an pour mettre en œuvre les engagements du continent en matière d’action climatique et les Cdn », indique Dr Al Hamndou Dorsouma, responsable de la division Changement climatique et croissance verte de la Bad. Outre l’intensification du soutien des partenaires au développement, il est attendu que les pays africains donnent la priorité à la mobilisation des ressources intérieures, prône-t-il. Les recettes fiscales moyennes en pourcentage du produit intérieur brut (Pib) dans les pays africains s’élèvent à 16 %, contre 34 % dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde).

Des mesures s’avèrent nécessaires pour lutter contre la corruption qui entrave le financement de programmes clés et coûte à l’Afrique environ 88,6 milliards de dollars par an. Il est question de réduire les flux financiers illicites élevés qui totalisent environ 1 300 milliards de dollars de sorties et 1 100 milliards de dollars d’entrées en 2020.

Par ailleurs, il importe de combler les lacunes des systèmes statistiques africains confrontés au manque de ressources financières et humaines à la déficience des systèmes de données administratives et à l’insuffisante diffusion des données. En 2022, seuls 26 pays africains disposaient de plans statistiques nationaux entièrement financés.