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Ouvrage ''Il n’y a pas de départ sans retour'': L’équilibre cosmique vu par Micheline Adjovi

Culture
Micheline Adjovi dédicaçant son oeuvre à un invité Micheline Adjovi dédicaçant son oeuvre à un invité

La littérature béninoise accueille un nouveau-né. Micheline Adjovi vient de publier son huitième ouvrage. L’œuvre est intitulée ''Il n’y a pas de départ sans retour''. Elle est parue aux éditions Béninlivres. 

Par   Josué F. MEHOUENOU, le 29 déc. 2023 à 08h36 Durée 3 min.
#''Il n’y a pas de départ sans retour''
Une visite anodine à l’occasion d’un séjour à Paris pour voir les œuvres des grandes civilisations, une émotion, des larmes, une prophétie qui s’accomplira cinq ans plus tard et peu après, un ouvrage qui plongera lecteurs, amoureux de la culture, passionnés de choses ancestrales dans l’histoire. Le dernier-né littéraire de Micheline Adjovi porte en lui des germes d’un appel à la source et d’un retour aux fondamentaux des peuples. L’auteure, au bout d’une longue période de recherches, de rencontres, d’investigations et de contacts avec sachants et initiés, vient de publier ''Il n’y a pas de départ sans retour''. Titre évocateur d’un ouvrage de 169 pages qui plonge le lecteur dans les méandres d’une loi universelle : A tout départ succède un retour. « Quand il y a départ, il faut s'attendre absolument au retour. C'est la loi. Cette loi est universelle et vaut également pour le retour en Afrique et au Bénin en particulier des Afrodescendants dont les Aïeux ont été arrachés de leur terre par les Eurochrétiens et déportés en Amérique et dans les Antilles », commente l’auteure entre les lignes. Mais bien plus qu’un commentaire, c’est là toute la philosophie qui fonde cet ouvrage dont le lancement a mobilisé à Ouidah, dignitaires, dépositaires et garants de la culture Xwéda, têtes couronnées, amoureux de belles lettres et de la culture, natifs de Ouidah et autres personnalités, venus s’abreuver à la source de Micheline Adjovi dont la plume, consacrée aux révélations sur la culture en général, venait d’accoucher d’une nouvelle œuvre, la huitième de sa carrière. 
« L'illusion ne peut résister éternellement à la vérité des lois immuables. Par conséquent, de la branche du temps, toutes les disharmonies issues des énergies discordantes finiront par tomber et se résorber au profit des œuvres impérissables et intemporelles », écrit-elle. Quatorze chapitres, les uns aussi évocateurs que les autres. Dans la gibecière de l'aïeul, un tête-à-tête peu ordinaire, le labyrinthique chemin du pèlerin, comme dans un jeu de puzzle, des signes et indices qui confirment la vérité, déconstruire le joug d'asservissement, la symbolique du trio royal: Guézo, Glèlè, Gbêhanzin sont autant de chapitres à découvrir. On peut aussi y lire de Gléxwé à Ouidah », les Xwéda et la traite négrière, Agadja (1711-1741), roi abolitionniste ou esclavagiste? Tégbessou, le roi tombeur de Ouidah, la citadelle fortifiée, la route du retour, Ouidah, terre de diversités culturelles et de ressourcement spirituel et enfin la restauration du royaume.
Réalités africaines 

Même si la voix prophétique de Micheline Adjovi autour des trésors royaux encore sous le joug d’un musée étranger n’a pas fait grand écho, ses larmes devant le trône de Ghézo étaient d’une sincérité et d’une émotion indicibles. « Ces objets n’ont pas leur place ici, ils retourneront à leur terre. Ce trône va rentrer. Non, c’est un patrimoine français. La nature s’en chargera », avait-elle prophétisé. Sa conviction de la fille Xwéda est restée celle-là : « Accaparer les biens d'autrui est une transgression punie par la loi. Quels que soient les raisons de l'infraction et le temps que peut prendre la réaction compensatoire, celle-ci advient toujours». Pour elle, les choses « fonctionnent de cette manière parce que les causes sont toujours suivies d'effets correspondants ». S'il en était autrement, «la loi de la juste compensation qui gouverne l'univers serait fausse et illusoire ». Or, reprend Micheline Adjovi, il n'en est pas ainsi. « C’est même tout le contraire parce que toute action appelle une réaction de même intensité d'énergie pour l'équilibre de la balance, instrument de pesée et symbole de l'impartialité de la justice ».
Le Bénin a à espérer le retour de biens d’autres patrimoines et même de certains de ses fils qui ne sont d’ailleurs définitivement pas partis. Certains sont déjà revenus par des chemins invisibles. D’autres reviennent par la descendance, mais une bonne frange est encore sur le chemin du retour pour répondre à la logique selon laquelle chaque chose déplacé finit toujours par retrouver son emplacement, sa nature et son univers. Cette conviction forte, Micheline Adjovi la partage tout au long de son œuvre et même dans son discours quotidien. « Nous avons compris et partageons ton appel permanent à l’espoir qui nous fait passer des idées du jadis porte du non-retour à la porte du retour d’aujourd’hui », dira le deuxième adjoint au maire de la ville de Ouidah, représentant la commune au lancement de l’ouvrage. Dr Osséni Soubérou qui eut pour tâche la présentation de l’œuvre la situe dans le gotha des publications qui plongent au cœur des réalités de l’Afrique. Sans être dans la comparaison, le présentateur rappelle Birago Diop, Cheikh Anta Diop, ces pères et figures de la résistance africaine qui ont prouvé que l’Afrique est le berceau de l’humanité. Il inscrit la plume et la littérature de Micheline Adjovi dans la même veine. Pour lui, la native de Ouidah ne fait pas que révéler sa ville. Elle se veut un chantre pour la rénovation de la culture ancestrale tout court et y travaille sans relâche pour l’entretien et le maintien de l’équilibre cosmique. L’ouvrage Il n’y a pas de départ sans retour est publié aux éditions Béninlivres de Eskil Agbo.