La Nation Bénin...
La reine Tassi Hangbé, sœur jumelle du roi
Akaba est une grande oubliée de l’histoire de la royauté du Dahomey. Son règne,
peu ou pas connu et son histoire sont au cœur de l’exposition que présente Bernard
Brisé à travers une série de photographies à la galerie Zato by interluxe de
Cotonou, à partir du 27 janvier.
Bernard Brisé a réalisé sa série d’images sur
la reine Tassi Hangbé à l’occasion d’une résidence de création artistique menée
avec la galerie Zato by interluxe de Cotonou en mars et avril derniers.
L’exposition à découvrir à partir du 27 janvier présente des clichés sur
lesquels le photographe joue avec la notion de travestissement. Des hommes
déguisés en reines, des femmes déguisées en rois. Cette option de Bernard Brisé
« fait référence à l’histoire de l’unique régente du Dahomey.… dans un décorum
oscillant entre tradition et modernité ». Cette série aborde de façon
allégorique les questions du genre, de l’égalité des sexes et du rapport au
pouvoir. « Elle témoigne aussi de la situation des femmes dans nos sociétés
contemporaines, longtemps placées sous l’autorité d’un père, d’un mari ou
réduite à une image stéréotypée dans le domaine familial et/ou professionnel »,
renseigne la galerie en marge de l’exposition dont le vernissage est prévu pour
le 27 janvier prochain.
Sujet plus que d’actualité, la prise ou
l’exercice du pouvoir par les femmes reste un mal contemporain à guérir, une
plaie des temps actuels que le photographe tente de guérir à travers son
objectif. Pour la reine Tassi Hangbé, la reine oubliée comme on la surnomme,
c’est une nouvelle vie qui s’annonce, le temps que dure cette exposition. Elle
est appelée à vivre à nouveau, partageant son histoire avec le public. Une
histoire qui, on le sait, a du mal à survivre au temps. Tassi Hangbé fut
l’unique reine du royaume du Dahomey. Suite à la mort brutale de son frère, le
roi Akaba, avant une bataille importante contre le royaume d’Oyo, elle prit sa
place et se travestit en homme afin de ne pas affecter le moral des soldats et
cacher ainsi le décès du roi Akaba. Elle remporta la bataille et révéla
quelques jours après sa véritable identité. Elle régna en tant que reine de
1708 à 1711. Peu de choses sont connues sur elle jusqu’à un passé récent avec
de nombreux efforts de réhabilitation de son histoire et de son règne.
L’exposition de Bernard Brisé, pourrait-on dire, participe également de cette
action. Né le 25 novembre 1966 à Lormont (Gironde), et titulaire d’un diplôme
de l’Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux depuis 1989, il revendique plus d’une
vingtaine d’expositions à travers le monde. « Je m’intéresse depuis de
nombreuses années à deux notions, à mes yeux, essentielles et incontournables
dans l’usage du médium photographique : le rapport à l’identité et à
l’espace/temps », écrit-il au sujet de son œuvre. Partant du constat qu’il
n’existe pas d’objectivité photographique, « je fais de cette relation ambiguë
avec la réalité, l’objet principal de l’ensemble de mes recherches »,
révèle-t-il. L’exposition prend fin le 24 février prochain.