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Stanislas Hounkanlin, directeur du plaidoyer de l’Ancb: « Toutes les communes sont prédisposées à développer l’écotourisme »

Décentralisation
Minakpon Stanislas Hounkanlin, directeur du plaidoyer de l’Ancb Minakpon Stanislas Hounkanlin, directeur du plaidoyer de l’Ancb

L’écotourisme constitue une mine de ressources propres pour les communes. Dans cet entretien, Minakpon Stanislas Hounkanlin, directeur du plaidoyer de l’Association nationale des communes du Bénin (Ancb), soutient que toutes les communes ont des potentialités écotouristiques qu’elles peuvent valoriser, sauf qu’il est nécessaire d’investir à cette fin. 

Par   Joël C. TOKPONOU, le 07 août 2024 à 02h05 Durée 3 min.
#Ancb #écotourisme

La Nation : Que doit-on comprendre par écotourisme?

Minakpon Stanislas Hounkanlin : La plupart des pays s'investissent dans le développement touristique car le tourisme fait partie des secteurs les plus pourvoyeurs de devises. Mais de plus en plus, un accent particulier est mis sur l'écotourisme, car ce dernier promeut le développement durable. L'écotourisme permet précisément de protéger les patrimoines naturels et culturels d'un territoire donné, tout en les valorisant à travers la mise en place d'infrastructures et d'aménagements adéquats pour leur exploitation durable et rentable. On ne parle en réalité d'écotourisme que lorsque les populations locales et/ou autochtones sont placées au cœur de l'exploitation économique des patrimoines naturels et culturels des territoires où elles vivent.

Alors, en quoi l’écotourisme peut être porteur de ressources propres pour les communes ?

Dans le contexte béninois, les territoires communaux sont le terrain de développement de l'écotourisme. Étant donné que les gouvernements locaux ont entre autres compétences le développement économique local et la préservation du cadre de vie, ils ont par conséquent un rôle important à jouer en matière de promotion de l'écotourisme. Si l'on considère donc que les infrastructures et autres aménagements permettant de développer l'écotourisme constituent après tout des investissements à but économique, les communes sont en droit d'attendre une sorte de retour sur investissement. Ceci se traduit par la collecte de taxes spécifiques sur l'activité écotouristique. Une partie de ces taxes va permettre de supporter les charges de fonctionnement et quelques investissements sociaux et l'autre sera réinvestie dans la chaîne de développement écotouristique pour permettre au secteur de demeurer actif, dynamique, compétitif et rentable.

A quelles communes pensez-vous par exemple, lorsqu’il s’agit d’écotourisme et quels sont les atouts dont elles disposent dans ce sens ?

Toutes les communes sont prédisposées à développer l'écotourisme ; peut-être à des degrés divers en fonction des potentialités qu'elles ont. Mais elles disposent toutes, de ressources matérielles et immatérielles pouvant être valorisées. Il s'agit par exemple des forêts sacrées, des cours d'eau, des sources d'eau, des chutes d'eau, des temples, des danses, des pratiques cultuelles, etc.

Quels sont les blocages actuels que les communes connaissent et qui les empêchent de bénéficier des fruits de l’écotourisme ?

Le principal blocage, c'est la faible capacité des communes à financer les besoins en aménagements et infrastructures. Mais il y a également un problème de vision politique pour développer l'écotourisme. Peut-être que dans les documents de planification, des projections sont faites. Mais il va falloir aller au-delà de leur inscription dans les documents. Il est temps de s’engager davantage et consentir à des investissements à cette fin. Enfin, il y a l'insuffisance d'expertise et de compétences techniques. Il est vrai que les organisations professionnelles de ce secteur font beaucoup d'efforts, mais il reste à professionnaliser davantage les acteurs et à former de nouveaux professionnels de l'écotourisme au Bénin. La volonté du gouvernement d'assainir la filière touristique vient à point nommé.

Mais l’Etat dispose de structures qui gèrent ces patrimoines touristiques. Est-ce que le code de l’administration territoriale permet aux communes de bénéficier effectivement des ressources issues de ces “dons de la nature” ?

Tout ce qui concourt au développement économique local appelle forcément la responsabilité des autorités communales et municipales. Il faut plutôt une complémentarité et des synergies d'actions  entre les différents acteurs, fussent-ils locaux ou nationaux. Il ne devrait pas y avoir d'antagonisme. Dans tous les cas, les communes ont l'obligation de s'insérer dans le cadre législatif, réglementaire et les politiques développées par l'État dans ce domaine. Mais je voudrais rappeler que toutes les communes du Bénin sont riches. Elles abritent des patrimoines matériels et immatériels dont la valorisation à des fins écotouristiques pourrait leur apporter beaucoup de devises pour leur développement. Les cadres techniques doivent travailler aux côtés des élus pour l'opérationnalisation des visions contenues dans les documents stratégiques.