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45 ans de la Cedeao: L’intégration économique marque le pas

Economie
Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 03 juin 2020 à 07h18
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a 45 ans. L’organisation célèbre la solidarité au service des peuples tandis que l’intégration économique tant prônée reste encore un voeu pieux du fait des intérêts nationalistes. Créée le 28 mai 1975, la Cedeao fête son quarante-cinquième anniversaire sous le thème « 45 ans de solidarité au service des peuples d’Afrique de l’Ouest ». Deux sous-thèmes sont également retenus pour nourrir les réflexions : « Promouvoir ensemble le développement socioéconomique et humain, par l’intégration régionale » et « Lutter ensemble contre la Covid-19 en Afrique de l’Ouest », précise Jean-Claude Kassi Brou, président de la Commission de la Cedeao. Ces thèmes visent à mettre en lumière les progrès accomplis en près d’un demi-siècle mais aussi les défis à relever pour une intégration effective des Etats membres. La Cedeao « peut aujourd’hui s’enorgueillir d’avoir réalisé un espace de libre circulation qui s’étend à plus de quinze pays, un marché économique intégré et des mécanismes de formulation de politiques harmonisées dans tous les domaines », selon Jean-Claude Kassi Brou. Il en veut pour preuves les appuis de l’Organisation pour la démocratisation et l’observation d’élections dans les Etats membres. Des prouesses sont également notées sur le front économique, fait-il observer. Mais au-delà des mots, le chemin est encore long pour l’atteinte des objectifs, tant les défis sont énormes. Défis de circulation et de sécurité Les efforts déployés par les Etats et l’Organisation se voient compromis par le choc sécuritaire qui frappe la région dans la zone centrale du Sahel et le nord-est du Nigeria en proie aux fréquentes attaques terroristes. La sous-région reste également une zone de trafic et d’exploitation de personnes, lesquelles sont utilisées comme domestiques ou travaillent dans des carrières ou encore font l’objet d’exploitation sexuelle. Cela a amené la Commission à initier, entre autres, une carte d’identité biométrique de la Cedeao, en collaboration avec l’Organisation internationale pour les migrations (Oim). Lancée depuis le 10 juillet 2014 à Accra au Ghana, à la faveur de la 46e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao, elle n’est toujours pas effective. Elle devrait faciliter la libre circulation des personnes dans l’espace et mieux contribuer à la lutte contre la criminalité transfrontalière organisée et le terrorisme. Un Plan d’action régional a été aussi adopté en décembre 2019 par les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté mais sa mise en œuvre reste encore un challenge. Ainsi, la libre circulation des biens, des services, des capitaux ainsi que le droit d’établissement pour les professions libérales : avocats, médecins, pharmaciens, architectes, experts-comptables et comptables agréés dans les Etats membres butent encore sur des écueils à surmonter. Quid de la coopération économique ? A l’origine, le Traité de Lagos qui consacre la naissance de la Cedeao cantonnait les prérogatives de l’organisation à l’économie, avant d’élargir le champ d’application à la politique, notamment avec la révision intervenue en 1993. En matière d’intégration économique, c’est le hic ! La fermeture unilatérale de ses frontières depuis le 15 août 2019 par le Nigeria, tête de pont de la Cedeao, en est la preuve. A l’instar du continent où le commerce intra-africain des produits ne représente que 16%, les pays font les affaires beaucoup plus avec l’Europe, l’Asie et l’Amérique qu’entre eux, les industries étant par ailleurs peu développées dans la zone. De plus, huit différentes devises - pas toujours convertibles entre elles – sont présentes dans la zone. La mise en circulation d’une monnaie unique au sein de la Communauté demeure un rêve depuis quatre décennies, voire une chimère au gré des intrigues politiques et des intérêts nationalistes. C’est ainsi que la devise commune dénommée « Eco » qui devrait voir le jour cette année a du mal à se mettre en place. La mise en œuvre du Programme de coopération monétaire de la Cedeao (Pcmc) connaît un retard par rapport à la convergence ou la complémentarité des économies dans cette zone. Les regards sont tournés vers la Zone de libre-échange continental en Afrique (Zleca) entrée en vigueur le 30 mai puis lancée, dimanche 7 juillet 2019. Pour ce faire, l’harmonisation des législations commerciales, la définition des mécanismes d’arbitrage, la levée des obstacles pour la transaction des marchandises, sont autant de défis à relever. « Tout sera mis en œuvre afin d’assurer l’opérationnalisation de la Zleca, initialement prévue pour le 1er juillet 2020 », assure le président de la commission. « Elle devrait nous offrir la possibilité d’établir et de consolider de nouvelles chaînes de valeur régionales et continentales, dans un contexte de difficultés au plan mondial », explique-t-il.