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Accès à la technologie en Afrique: Le déficit d’investissement plombe les chaînes de valeur

Economie
Les pays africains se doivent de renforcer les chaînes de valeur en veillant à ce que les matières premières soient converties en produits intermédiaires Les pays africains se doivent de renforcer les chaînes de valeur en veillant à ce que les matières premières soient converties en produits intermédiaires

Le faible investissement dans la technologie et l’innovation limite la capacité de l’Afrique à exploiter son plein potentiel dans les chaînes d’approvisionnement mondiales. La Cnuced indique les leviers à actionner pour inverser la tendance.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 30 août 2023 à 07h29 Durée 4 min.
#technologie en Afrique
En 2022, l’Afrique a contribué pour 2 200 milliards de dollars, soit seulement 1,9 % du volume du financement mondial des chaînes d’approvisionnement, selon le Rapport 2023 sur le développement économique en Afrique intitulé « Le potentiel de l’Afrique à exploiter les chaînes d’approvisionnement mondiales à forte intensité technologique ». Les pays africains ont donc besoin de renforcer les chaînes de valeur en veillant à ce que les matières premières soient converties en produits intermédiaires sur le continent, afin de diversifier les économies et les rendre plus résistantes aux chocs, suggère la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (Cnuced), auteur du document.
Le continent offre de nombreux atouts qui peuvent stimuler ou contribuer à la diversification de l’économie mondiale. Il représente 97 % des exportations mondiales de cobalt et 84 % de manganèse et au moins un cinquième des réserves mondiales en une douzaine de minéraux nécessaires à la transition énergétique à savoir chrome, lithium, graphite naturel, nickel, niobium, argent, tellure, titane. En termes de ressources, précise le rapport, il regorge de 48,1 % des réserves mondiales de cobalt et 47,6 % de manganèse, 80 % de phosphate et 92 % de platine. Il représente environ 19 % de toutes les réserves mondiales de métaux nécessaires à la fabrication d’une voiture électrique qui nécessite environ six fois plus d’apports minéraux qu’une voiture conventionnelle.
Avec cet énorme potentiel, les pays africains devraient s’intégrer en tant que fournisseurs de matières premières utiles dans les industries à forte intensité technologique et à faible émission de carbone.

Déficit d’investissement

Le continent souffre encore d’importants déficits d’investissement, recevant par exemple environ 2 % seulement des investissements mondiaux dans les énergies renouvelables. Pourtant, l’Afrique dispose d’un vaste potentiel d’hydrogène vert économiquement viable, qui constitue un atout capable, d’entraîner une baisse des coûts de production et de distribution, en particulier pour les industries à forte intensité énergétique.
Le secteur privé en général, et les petites et moyennes entreprises en particulier, sont peu intégrés aux réseaux régionaux et mondiaux des chaînes d’approvisionnement. Cela peut s’expliquer par le manque d’accès au financement, à la technologie et aux opportunités de marché, indique la Cnuced. 
Il importe donc d’inciter à des investissements à grande échelle ou à rendement plus élevé dans le processus de chaînes d’approvisionnement à valeur ajoutée, associés à l'accès aux marchés étrangers et à la promotion des exportations. Les secteurs public et privé, ainsi que les institutions financières et institutions régionales, sont appelés à intensifier leurs efforts pour accroître les compétences et les capacités à intégrer les chaînes d'approvisionnement régionales et mondiales dans les industries à forte intensité technologique.
La Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) contribuera à améliorer les chaînes d'approvisionnement régionales et augmenter le commerce intra-africain qui représente actuellement moins de 20 % des échanges du continent.
Des services technologiques viables pourraient surmonter les contraintes auxquelles sont confrontées les chaînes d’approvisionnement en contribuant à leur diversification et en assurant leur résilience et leur durabilité. Ils comprennent la connectivité et la numérisation de la chaîne d'approvisionnement et de la logistique, l’échange de données informatisées, la traçabilité de la chaîne d’approvisionnement.

Politiques

En profitant de la démographie galopante et de la forte concentration de jeunes sur le continent, les pays africains devraient trouver le juste équilibre entre les facteurs de production, la main-d’œuvre et la technologie, estime la Cnuced. L’augmentation des possibilités d’emploi dans l’automobile, l’électronique, les énergies renouvelables, les soins de santé, contribuera à des niveaux de revenus plus élevés et à un meilleur bien-être pour les marchés en Afrique. En cela, les expériences des marchés émergents, notamment des Brics (Brésil, Fédération de Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), peuvent faire école, pour tirer parti du potentiel de la chaîne d’approvisionnement de l’Afrique.
En plus des cadres juridiques solides, une bonne stabilité politique et un faible niveau de corruption, la mise en œuvre de solides droits de propriété intellectuelle, peuvent attirer des investissements dans l’offre à forte intensité de haute technologie et de recherche et développement chaînes, afin de promouvoir l’innovation et fournir des produits adaptés aux besoins d’Afrique.
En outre, il convient de trouver les voies et moyens pour éteindre les foyers de tension créés et nourris sur le continent et qui favorisent le pillage et l’extraction frauduleuse des ressources naturelles.