Activités de monnaie électronique dans l’Uemoa: Baisse des opérations en raison de Covid-19
Economie
Par
Claude Urbain PLAGBETO, le 18 mars 2021
à
06h26
La pandémie de Covid-19 a occasionné une baisse en volume et en valeur des opérations via les comptes de monnaie électronique dans la zone Uemoa au premier semestre 2020. Les transferts intrarégionaux étaient en baisse tandis que les réceptions de fonds internationaux sur les comptes de monnaie électronique ont connu une hausse.
Le volume des opérations via les comptes de monnaie électronique s’est établi à 1,16 milliard pour une valeur de 11 920,08 milliards de francs Cfa de janvier à fin juin 2020 dans l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Au semestre précédent, il était de 1,25 milliard de transactions pour une valeur de 12 919,09 milliards de francs Cfa, soit une baisse de 7,2 % en volume et de 7,73 % en valeur pour l’ensemble des Etats, selon le Rapport semestriel de surveillance des moyens et services de paiement à fin juin 2020 de la direction générale des Opérations et de l'Inclusion financière de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest.
La crise sanitaire et économique mondiale induite par le nouveau coronavirus en est une des raisons. Elle a entraîné le ralentissement des activités économiques dans les pays de l’Union. La baisse des activités de monnaie électronique a été surtout ressentie au premier trimestre de l’année et elles ne repartent à la hausse qu’entre avril et juin 2020, suite aux mesures visant la promotion de l’usage des services financiers numériques au détriment de la monnaie fiduciaire dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 et la diversification des offres de services à travers l’ouverture de nouveaux corridors de transfert, le partenariat avec les réseaux de téléphonie mobile, la collecte de fonds.
Les banques s’intéressent de plus en plus à l’activité de monnaie électronique qui reste dominée par les établissements de monnaie électronique (Eme), lesquels détiennent plus de 90 % du marché. L’Union comptait dix Eme agréés disposant de 51 009 424 comptes ouverts dont 24 284 589 actifs en 2019, selon la Commission bancaire.
A cela s’ajoutent les mesures prises dans le cadre de la lutte contre la propagation du nouveau coronavirus. La Banque centrale, en relation avec les banques et les émetteurs de monnaie électronique, a décidé de la gratuité des transactions adossées à la monnaie électronique (transferts, paiements marchands et de factures), du relèvement des plafonds de rechargement du porte-monnaie électronique et de l'assouplissement des conditions d'ouverture des comptes de monnaie électronique. De même, les frais appliqués aux retraits et aux paiements par carte bancaire ainsi qu'aux virements via Sica-Uemoa (Système interbancaire de compensation automatisé de l’Uemoa) ont été respectivement réduits et suspendus jusqu’à fin juin 2020.
Transferts transfrontaliers
Le rapport de la Bceao indique que le volume des transferts intrarégionaux ressort à 4,52 millions d'opérations pour une valeur de 228,68 milliards de francs Cfa à fin juin 2020 contre 6,72 millions de transactions évaluées à 313,74 milliards F Cfa à fin décembre 2019. Il en résulte, en glissement semestriel, une baisse des transferts intra-Uemoa de 32,74 % en volume et de 27,11 % en valeur à fin juin 2020, due essentiellement à la fin de la principale campagne agricole du café-cacao en Côte d'Ivoire, selon le document.
Par contre, au cours de la période sous revue, les réceptions de fonds internationaux sur les comptes de monnaie électronique, connaissent une hausse aussi bien en volume qu’en valeur. Elles se sont établies en volume à 47 740 pour une valeur de 3,08 milliards de francs Cfa contre 27 156 opérations estimées à 1,63 milliard FCfa au second semestre 2019, soit une augmentation de 75,80 % en volume et 88,96 % en valeur. Cette tendance haussière sur cette période, explique le rapport, est le fait notamment du lancement de ces services par des établissements de crédit au Bénin, au Burkina Faso et au Mali, après la Côte d'Ivoire et le Sénégal, en partenariat avec les Eme.
A l’instar des précédents semestres, le Burkina Faso demeure le principal récepteur des transferts dans l’Union avec 58,30 % de la valeur totale des opérations et la Côte d'Ivoire reste le principal émetteur des transferts avec 73,08 % de la valeur totale des opérations. Entre autres corridors, la valeur globale des opérations se chiffre à 60,92 % entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso, 12,32 % entre la Côte d'Ivoire et le Mali, 5,53 % entre le Bénin et le Togo, 4,67 % entre le Bénin et la Côte d'Ivoire.
35 276 cas de fraudes pour 738,71 millions F Cfa
Au cours du premier semestre 2020, les émetteurs de monnaie électronique ont enregistré 1 086 141 réclamations dont 1 053 082 traitées, soit un taux de traitement de 96,96 %, selon la Bceao. Annulation de transferts, erreurs sur les numéros de comptes à recharger, inscriptions en ligne, paiements de factures par erreur, sont les principaux motifs de ces réclamations.
Sur la période, il est enregistré 35 276 cas de fraudes déclarés pour une valeur de 738,71 millions F Cfa contre 46 126 cas de fraudes évaluées à 767,10 millions F Cfa le semestre précédent, soit une baisse de 23,52 % en volume et 3,70 % en valeur. Ils sont essentiellement liés au vol des codes dans le cas des transferts hors-réseau, au fractionnement des dépôts et des retraits, à l'anarque sous prétexte de gain à un tirage au sort, à l’obtention d’emploi, etc., au fractionnement des paiements marchands, au vol du téléphone d'un distributeur ou d'un client.
C. U. P.