La Nation Bénin...

Baisse du rendement du riz au Bénin: Un déficit de production chiffré à 27 176 tonnes en 2023

Economie
Le déficit de production appelle à des actions hardies Le déficit de production appelle à des actions hardies

Si la production céréalière a connu une hausse globale au cours de la campagne agricole 2023-2024, celle du riz est en chute de 6,2 %, en raison de la baisse du rendement et d’autres facteurs. Le déficit de production ressort à plus de 27 000 tonnes et appelle à des actions hardies.

Par   Claude Urbain PLAGBETO, le 26 avr. 2024 à 06h13 Durée 3 min.
#Baisse du rendement du riz au Bénin

Coup de frein à la production du riz au Bénin après l’envolée des dernières années ! Deuxième plus importante spéculation céréalière(18 %) après le maïs (75 % de la production céréalière), la production du riz a été évaluée à 492 626 tonnes au terme de la campagne agricole 2023-2024 après le record de 525 014 tonnes lors de la campagne précédente. Il ressort de ces chiffres de la direction de la Statistique agricole du ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (Dsa/Maep) une baisse de la production de 6,2 % par rapport à l’année dernière. Toutefois, la production est restée au-delà de la moyenne des cinq dernières campagnes (2018-2022) établie à 454 946 tonnes.

Le gouvernement envisageait de passer à une production annuelle de 1 million de tonnes de paddy dès 2023, suite au refus du Nigeria d’accepter du riz importé notamment d’Asie sur son territoire. Depuis 2021, la production nationale du riz avait franchi la barre des 500 000 tonnes, impulsée par des projets dont le Projet d’appui à la production vivrière et de renforcement de la résilience dans les départements de l’Alibori, du Borgou et des Collines (Papvire-Abc). Ce projet venu à terme l’année dernière a, entre autres, amélioré la productivité à travers un accroissement significatif du rendement de 3,4 à 5,2 t/ha pour le riz dans la zone d’intervention.

 Rendement en baisse

 Une hausse constatée des prix de certains facteurs de production, les difficultés d’accès aux engrais par les producteurs ont eu un effet négatif sur les rendements obtenus au cours de la campagne qui s’est achevée, explique la Dsa. A l’instar du maïs, le rendement du riz au cours de cette campagne a été le plus faible depuis 2018. Il se situe autour de 3,73 tonnes/hectare contre une moyenne de 3,85 t/ha sur la période 2018-2022.

Le bilan céréalier révisé 2023-2024 affiche une disponibilité de 295 576 tonnes de riz tandis que les besoins sont évalués à 322 752 tonnes. Il en ressort un déficit de production de riz de 27 176 tonnes. Le solde import/export est chiffré à 959 379 tonnes et les aides alimentaires évaluées à 5 148 tonnes. Au total, il est noté un excédent de 932 203 tonnes de riz et une disponibilité apparente de 97 kg par habitant.

Pour rappel, la part du riz dans les exportations des produits agricoles d’origine végétale reste quasi-nulle : 0,01 %, selon les données de l’Institut national de la statistique et de la démographie (Instad). Pendant ce temps, les importations du riz restent massives et ne cessent de grimper depuis 2020. En effet, le volume des importations du riz au Bénin est passé à 1 405 799 tonnes en 2021 puis à 1 591 508 tonnes en 2022.


 Défis

 La production nationale est encore loin de combler les besoins de consommation. Le taux d’autosuffisance (Tas) du riz est de 24,8 % en 2022 et en moyenne de 23 % de 2017 à 2022, ce qui signifie que plus des trois quarts des besoins de consommation en riz au Bénin dépendent encore de l’extérieur.

Pour inverser la tendance, il importe non seulement d’augmenter la superficie emblavée, mais aussi et surtout de doubler le rendement. La productivité du riz reste un défi au niveau de la direction de la Production végétale du Maep qui vise à atteindre un rendement d’au moins 7 tonnes à l’hectare. Il est même possible d’obtenir 9 tonnes à l’hectare au Bénin si les conditions climatiques sont réunies, selon l’expert chinois Li Ganghua.

L’amélioration de la productivité passe par la promotion des techniques modernes de production et la production de semences améliorées. Outre la disponibilité des intrants et la mécanisation agricole, la restructuration des organisations paysannes, le renforcement de capacités des acteurs, l’aménagement hydro-agricole et la mise en place d’un système approprié d’irrigation sont autant de défis à relever.